Mylène écrit (http://mylene-ecrit.blogspot.fr)
 ( MàJ: 02/01/2014 )


Ceci est un Blog par Mylène (MyLzz59)

Le Basket [Ch.02]

« L'entraîneur le prit au mot, et, tenant sous le bras un ballon, lui proposa, sourire en coin, de lui faire une démonstration de ses capacités. Le petit gars abaissa lentement sa capuche, dévoilant une coiffure à la Tintin, et... Tout ce dont je me souviens, c'est d'avoir vu le ballon traverser dans les airs le terrain, pour retomber dans le panier. Le petit gars remit alors lentement sa capuche sur sa tête, et attendit un commentaire de l'entraîneur, que ce dernier ne put sortir, abasourdi tout comme nous. Il fut convenu que le petit gars participerait au match d'entraînement de la semaine suivante. Il repartit aussi discrètement qu'il était entré, après nous avoir dit de sa voix fluette qu'il n'habitait pas à proximité mais devait déménager prochainement...

Le petit gars arriva juste pour le commencement de l'entraînement, la capuche de son sweat toujours vissée sur la tête. L'entraîneur lui tendit un maillot, qu'il enfila par-dessus le sweat, daignant juste baisser sa capuche... J'aurais juré qu'il m'avait adressé un regard, avant de rejoindre sa place sur le terrain.

Au coup de sifflet, il fallut moins d'une minute au petit gars pour s'emparer du ballon, passer tous les joueurs, et mettre le panier. Puis, pendant que le jeu repartait dans l'autre sens, il retourna se poster vers le centre du terrain, avec une nonchalance digne d'un Droopy. Le ballon repassa près de lui, il s'en empara, et s'élança, récidivant d'un second panier. Un peu plus tard, l'un des plus grands joueurs se précipita pour tenter de le bloquer, croyez-le si vous voulez, le petit gars le passa en effectuant une roulade entre ses jambes, avant de repartir et marquer ! L'entraîneur, néanmoins, siffla, et refusa de comptabiliser ce panier singulier.

J'étais fascinée, déconcertée autant que les joueurs, par ce petit gars. Je ne pouvais le quitter des yeux. Il dut s'en apercevoir, car en regagnant tranquillement le centre du terrain, il décocha dans ma direction un magnifique sourire, surmonté d'un clin d’œil. Ou peut-être ai-je rêvé ?

L'entraîneur siffla la fin du match. Le petit gars avait à lui seul quasiment écrasé l'autre camp... Cependant, loin de fanfaronner, il salua tous les autres joueurs, avant de venir s'asseoir à côté de moi. "Puis-je vous emprunter une de vos serviettes, mademoiselle ? Je n'ai pas amené mes affaires, je vous la rendrai nettoyée la prochaine fois... " Moi, un peu surprise : "Euh... Oui, bien sûr !" Et je lui tendis une serviette, qu'il saisit avec grâce et délicatesse, du moins selon moi, tout en me gratifiant d'un sourire qui m'hypnotisa. "Merci", me fit-il.

J'eus l'impression que cet instant avait duré une éternité, pendant laquelle je ne pus détacher mon regard de son visage. Il avait les traits si fins, il était sans doute fort jeune.. Je cherchai à engager la conversation, et après avoir échangé quelques phrases sans intérêt, pomme que je suis, je voulus me présenter, mais il me fila entre les doigts, élégamment je dois dire. "Au fait, moi c'est..", dis-je, mais il m'interrompit: "Je sais. Vous êtes la bonne fée qui veille sur cette équipe. Ne me dites pas votre prénom, savoir cela me suffit pour l'instant. Ultérieurement, si vous le voulez toujours. Pardonnez-moi je dois filer, j'ai promis de ne pas rentrer trop tard. A bientôt, jolie fée..", et il s'éclipsa, tenant la serviette. Grr, une impression d'acte manqué me prit, cependant je fus incapable de lui en vouloir.. Alors je reportai ma frustration sur moi. Sur mon incapacité à avoir pu communiquer avec lui.

Je dus ronger mon frein jusqu'au prochain entraînement. Toute une semaine pendant laquelle je me surpris à le voir squatter régulièrement mes pensées. En entrant dans le complexe, je me sentis anormalement fébrile, je scrutai discrètement de tous côtés, discrètement je le croyais.. "Si tu cherches le nouveau, ben il n'est pas encore arrivé", me fit l'un des joueurs. "La discut' dans les vestiaires, c'est pas son truc." Et au moment où il me le dit, je venais de me faire la même réflexion, "il est différent".

Je sursautai en apercevant une serviette tendue devant moi. Toute à mes pensées, pendant que les joueurs commençaient doucement à se mettre en place pour l'échauffement, il était arrivé derrière moi, par l'escalier des gradins. Avait-il donc le pied si léger, pour que je ne l'aie point entendu s'approcher ? Tenait-il d'une certaine grâce toute féline ? "Elle est toute propre, c'est le moins que je pouvais faire.." "Merci", fis-je en la prenant. Je m'apprêtais à prolonger ma phrase, mais encore une fois il ne m'en laissa pas le temps. "Pardonnez-moi, je ne voudrais pas faire attendre les autres. A tout à l'heure, bonne fée..", et il fila de nouveau, cette fois sur le terrain. Comme à son habitude, il enfila son maillot par-dessus ses habits, et se mit à l’œuvre..

L'entraînement fini, il revint vers moi, dégoulinant de sueur. Pourquoi s'obstinait-il à garder tant de couches de vêtements ? "J'ai pensé à amener ma serviette, vous avez vu ?", me dit-il, et s'enfouit dessous.. Quelques longues secondes passèrent ainsi, sans que lui ni moi ne décochâmes la moindre parole. Puis soudain, il se leva, et m'adressa en me fixant, un "A la semaine prochaine, jolie fée", avant de ..disparaître purement et simplement, me plantant encore une fois.. Mais quelle cruche, moi ! Je saluai les joueurs en récupérant leur serviette, mais mes pensées étaient ailleurs, vous vous doutez..

L'entraînement de la semaine suivante était un match de préparation avant la compétition qui arrivait. Evidemment, "il" se pointa à la dernière minute, me salua fort poliment, mais ne me laissa que désarmée, hagarde, face à son sourire, en rejoignant les autres sur le terrain. Mais c'est pas possible, ma fille !! Ressaisis-toi, m'enfin ??

Il domina encore une fois tout le match, enchaînant les paniers sans qu'aucun joueur ne pût l'arrêter. Il ne courait même pas après le ballon, non, il se positionnait au centre du terrain, attendait que le ballon soit à bonne distance, et fonçait le subtiliser pour marquer de nouveau, etc.. Curieuse technique, déconcertante, et terriblement efficace ! Pourquoi avais-je cette impression qu'à chaque fois il prenait même le temps de m'envoyer un sourire, tout à son effort ?

Après le match, alors que les autres joueurs regagnaient les vestiaires, il vint s'asseoir près de moi, où il avait laissé son sac, et en sortit sa serviette, avec laquelle il s'essuya d'abord la tête, puis par-dessous ses vêtements, que je ne l'avais jamais vu enlever. "Vous jouez divinement bien", dis-je, histoire d'initier une conversation avec lui. "Merci, c'est trop d'honneur", répondit-il tout en continuant, "Je fais de mon mieux, pour vous offrir du jeu à regarder.." Il s'interrompit net: "Pardon, ne le prenez pas mal." ??? Mais il plaisante, là, ou quoi ? Ce gars joue comme nul autre, et en plus il a le culot de venir s'excuser auprès de moi ? Si c'est de la timidité, ç'en est maladif !!

De nouveau il s'éclipsa, non sans m'avoir saluée.. Pourtant, je me sentais davantage sereine, je lui avais parlé. Oh, juste une petite phrase, j'admets, mais ce n'était déjà plus strictement aucune. Un p'tit début, quoi.. Hélas, la suite devait me démontrer que je me trompais. Autant il me multipliait ses sourires, autant il ne me décochait que des phrases courtes, et encore uniquement lorsque je lui adressais la parole en premier !

Aussi, un après-midi, je décidai de prendre sur moi de ne pas parler avant lui, histoire de voir s'il allait se décider seul. J'eus droit à ses sourires, ses clins d'oeil, il vint comme toujours s'asseoir à côté de moi au lieu de passer par les vestiaires, mais ne parla pas, me salua juste. Et quand enfin il se leva, se tournant vers moi afin de me dire au revoir, je n'en pus plus, et lui hurlai, m'étonnant moi-même : "Vous allez continuer de me fuir comme ça encore longtemps ???" tellement fort, que des vestiaires tous durent m'entendre.
»

-MyLzz59-

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