« « Là tu vas être amenée à prendre une décision. Une décision importante pour toi. Tu as deux alternatives, ton choix déterminera la suite de ta vie. La première, la plus raisonnable, serait de nous dire adieu. Tu récupères ta main, tes affaires, tu pars, et tu m’oublies. Définitivement. Ne t’en fais pas, de toute façon je paierai la pizza. Tu reprends le cours normal de ta vie, moi j’en sors à tout jamais. Je retrouverais bien un club pour continuer le basket, je ne me verrais pas rester dans la tienne, tu te doutes.. »
« L’autre alternative, serait que tu écoutes ton cœur, et s’il te dit que tu es vraiment tombée amoureuse de moi, sache que je suis prête à m’engager auprès de toi. Je ne peux rien te promettre de ce qu’un garçon pourrait, ni que tu ne seras regardée de travers, ni que tu ne seras interpellée, ou insultée, juste de par la nature du couple que nous formerions. Tout ce que je peux te promettre, c’est ce que tu tiens dans ta main, c’est juste moi. Mais si tu choisissais cette seconde alternative, que ce ne soit pas simplement par sacrifice, pour me faire rester dans ton équipe. Que ce soit parce que tu auras envie de tenter de faire un bout de chemin avec moi, un bout de chemin avec la fille que je suis, un bout de chemin ensemble, que nous essaierions de prolonger le plus longtemps possible. Un chemin qui ne sera pas facile, semé d’embûches, même, comme tout ce qui sort de la prétendue normalité. Tu peux maintenant retirer ta main, si tel est ton choix.. »
Je plongeai mon regard dans ses yeux, « il » se tint immobile. Le temps fut comme suspendu plusieurs minutes. Soudainement une envie irrépressible choisit pour moi, choisit en moi : je repris ma pelle où je l’avais laissée. Je venais de laisser mon amour prendre le contrôle de moi. Un amour bizarre, hors norme, un amour que tout prédisait difficile, mais que je savais du plus profond de moi pur et réciproque.
Nous finîmes par regagner notre table. Heureusement que nous y avions laissé nos affaires, l’on aurait pu croire que nous nous étions éclipsés.. pardon : éclipsées en douce ! Le serveur avait débarrassé la pizza. J’appuyai les coudes sur la table, et mon menton sur mes mains fermées l’une sur l’autre, pour mieux admirer celui.. pardon : celle avec qui je venais de choisir de vivre, quand.. un parfum inhabituel m’arrêta. « Il » comprit de suite, et me sourit : « C’est sûrement mon odeur, là sur tes doigts. » Je lui souris aussi, et rapprochai mes doigts de mon nez. Je voulais m’imprégner de cette odeur, m’y habituer au plus vite.
Nous ne prîmes pas de dessert, « il » régla, et nous sortîmes, main dans la main. « Où allons-nous, jolie fée ? » « Chez moi ! », répondis-je sans la moindre hésitation. Dans la rue, je remarquai discrètement certains regards insistants voire réprobateurs. Apparemment, il devait se deviner que le garçon que je tenais par la main était en fait une fille.. J’eus là un premier aperçu de ce qu’allait être le quotidien que j’avais choisi. J’allais devoir trouver en moi la force nécessaire à cela, mais je savais que la propriétaire de la main que je tenais serait toujours là pour m’y aider, pour m’épauler. Je ressentis une certaine forme de fierté à la tenir ainsi, à oser la tenir ainsi, malgré les regards. Il s’agissait là de ma première petite victoire sur moi-même, sur celle que j’étais encore il y avait moins d’une heure !
Nous arrivâmes devant la porte d’entrée de mon chez-moi. J’ouvris la porte quand elle m’arrêta dans mon mouvement : « Attends ! » Je me retournai : « Oui ? » « Un truc complètement idiot, mais j’aimerais vraiment que tu me le permettes.. » Intriguée, j’acquiesçai, et soudain elle m’attrapa, passant un bras dans mon dos, l’autre sous mes genoux, et me souleva dans ses bras. « Comme une mariée ». Je ne pus m’empêcher : « Et c’est toi qui parlais de cliché ! » Je ne lui laissai pas le temps d’en rire, me lançant dans un nouveau baiser. Elle ne fut pas pressée d’entrer, je me demandais même comment elle ne me trouvait pas lourde..
« Mmm-mm-m-mm-mmmh ! », fit-elle. « Mmh ? », lui répondis-je complice, alors qu’elle visitait des yeux mon séjour, nous faisant tourner sur elle-même, toujours unies dans notre baiser. Nous continuâmes à nous échanger quelques répliques inaudibles, bouches collées, jusqu’à ce que le fou-rire nous reprît. Elle me posa délicatement sur le fauteuil. « Tu essayais de dire ? », fis-je. « Ton intérieur est joli. Enfin, celui de ton séjour, s’entend. » Je virai au rouge pivoine. Elle me sourit simplement, heureuse que j’aie compris l’allusion.
« Tu peux enlever ton sweat, c’est chauffé tu sais. » Elle me taquina : « Combien d’épaisseurs veux-tu que j’enlève ? » Moi : « Pourquoi pas toutes ? » Je pensais innocemment aux couches surnuméraires qu’elle portait au basket, afin que l’on ne devine ses formes de fille, elle par contre comprit effectivement toutes. Quand elle en fut à la dernière, elle me tourna le dos, et commença à se balancer tout en jouant avec le bas du tissu. « Eh, me ferais-tu un strip, là ? » C’était une simple question, encore une fois elle la déforma en demande de ma part. Après tout, pourquoi pas ? J’étais peut-être partie pour la vie avec elle, je n’allais pas me limiter à des bisous, aussi enflammés fussent-ils ! »
Le Basket [Ch.08]


Mylène (MyLzz59)
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