Certes, il y a peu je vous narrais le côté fort prenant de ma nouvelle occupation professionnelle, lequel ne s'est guère atténué.. Néanmoins,
Elle se présente sous la forme d'une lettre (ça faisait longtemps que je n'avais employé ce format, en fait depuis la Lettre à Samantha =P) qu'une brave employée de bureau toute déstabilisée par la rumeur qui est venue frapper une collègue dont elle est (amicalement) fort proche, se décide à lui adresser..

« Collègue.
Oui je sais, j'aurais pu commencer par ton prénom, car depuis le temps que nous travaillons dans le même service, nous avons sympathisé bien au-delà de la simple relation de collègues. Nous nous connaissons bien mieux que de simples collègues de travail, du moins c'est ce que je croyais à ton égard jusque peu. Nous parlions de beaucoup de choses, petit à petit je t'ai révélé, avoué parfois, des détails de ma vie largement extra-professionnels. Certes tu as fait de même, du moins tu as parlé de toi, peut-être y ai-je voulu entendre, y ai-je imaginé, ce que tu n'as pas dit, laissé sous-entendre, par des demi-mots, des propos trop vagues.
Je pense que tu me vois venir, je veux te parler de la rumeur. Cette rumeur devenue plus persistante de jour en jour, cette rumeur à ton sujet, que tu n'as pas démentie, juste repoussée d'un fort peu convaincant haussement d'épaules, que tu as laissée faire son chemin jusqu'à semer le doute même dans mon esprit. Au départ je n'ai pas voulu y prêter attention, ça me semblait si grossier, si irréaliste. Même ton apparence dissone face à cette rumeur. Et puis tu es quelqu'un que j'ai toujours appréciée. Non, pour moi il n'existait aucune raison d'accorder le moindre crédit à cette rumeur.
Cependant, je n'ai pu m'empêcher de laisser cette rumeur s'installer sournoisement même en moi, faire son travail de doute. Dès lors, inconsciemment au début, j'ai commencé à t'observer, à chercher le moindre signe, le moindre comportement, le moindre détail vestimentaire, le moindre agissement, qui auraient pu accréditer cette rumeur. Le pire reste que je pense en avoir trouvé. Mais je ne suis pas familière de la chose, aussi j'espère vraiment m'être trompée à ton sujet, que malgré mes doutes tu n'es effectivement pas ce que cette rumeur prétend.
Comprends-moi, écrire ces lignes est déjà un déchirement pour moi, mais t'en parler de vive voix me serait tout bonnement impossible. J'ai peur. Peur de ce que je crois avoir compris, que je crois savoir, peur de ta réaction plus que satisfaite d'être soulagée si ce n'était pas vrai, encore plus peur de ta réaction si cela s'avérait vrai, peur de ne pas savoir gérer mon propre comportement face à toi. Comme c'était simple avant cette rumeur, aujourd'hui je te vois comme une étrangère, plus comme cette collègue que j'invitais à la maison, même.
Je nous revois, le midi quand nous allions à la piscine, avant de nous partager un indécent sandwich, tu m'avais proposé de me savonner le dos, sous la douche, de me brosser les cheveux, des gestes somme toute anodins, mais qui me font frissonner, depuis la rumeur. Je ne puis désormais m'imaginer rester seule avec toi, juste y penser évoque en moi comme une sorte de panique que je ne saurais expliquer, et pourtant j'aimais ces gestes anodins, j'aurais aimé pouvoir les continuer avec toi, c'est sans doute davantage cela qui me fait peur. Ah, s'il n'y avait eu cette rumeur…
Je suis peut-être stupide d'écouter cette rumeur, peut-être même je te fais du mal en l'accréditant, mais j'en suis à un stade où j'ai besoin de savoir, et en même temps je ne suis pas prête à entendre certaines choses. Pas de toi. J'ai l'impression de tourner autour du pot, de chercher à retarder l'échéance, l'annonce, intérieurement j'enrage de me voir comme ça. Quelle espèce d'amie je fais !
Allez, je me lance. Depuis lundi de la semaine dernière, des collègues racontent partout qu'ils t'ont vue, c'était le vendredi soir. Tu serais sortie d'un bar dont on prétend qu'il serait un lieu dans lequel certaines femmes, comment dire ça… se "rencontrent intimement". Ils t'auraient vue quitter le bar accompagnée d’une autre femme dont tu aurais tenu la main, vous vous seriez éloignées quelque peu, vers une ruelle discrète où vous vous seriez enlacées et même embrassées d’une manière qui ne permettait aucun doute. J’ignore s’ils ont prétendu ça juste pour te nuire, ou quel serait leur dessein, toujours est-il que le résultat est là, je vois autour de moi tellement de personnes qui s’interrogent, tu sembles devenue le sujet de discussion du moment, du moins en ton absence, n’as-tu pas remarqué ?
Et je passe sur les railleries plus ou moins salaces que j’ai pu entendre à ton égard, c’est quand même dingue que des gens avec qui tu travailles soient capables de telles bassesses juste parce qu’ils croient que tu serais ce que d’autres prétendent que tu serais…
Mais pourquoi ne démens-tu pas, enfin ? Est-ce une solution, que d’ignorer la situation, que de faire comme si de rien n’était, en espérant que cette rumeur s’éteigne ? Au contraire elle paraît s’amplifier de jour en jour, et je crains qu’à terme tu finisses par ne plus pouvoir t’en dépêtrer. A moins que, mais je ne veux l’envisager, ce ne soit pas qu’une rumeur, qu’effectivement ce soit bien toi qu’ils auraient vue en train de faire ces choses que l’on dit contre nature. Je m’en veux déjà d’avoir écrit ça, ça veut dire que moi aussi je me mets à douter, à accréditer cette foutue rumeur. Je comprendrais que tu m’en veuilles, mais c’est malgré moi.
Car enfin, que pourrais-tu bien faire avec une bonne femme, même aguerrie à ces choses-là, alors que tu es loin d’être vilaine, qu’avec ton physique tu n’aurais aucune difficulté à te trouver un homme. Attention, ne te méprends pas, si jamais la rumeur était vraie, ne va pas interpréter mes propos comme de la drague, je ne mange pas de ça, moi. Je dis juste que si tu avais officiellement un homme dans ta vie, ça ferait forcément taire la rumeur, et tout le monde pourrait reprendre sereinement son activité. Tandis que là, ça jase à tout va, et plus nombreux même sont les types qui s’imaginent déjà faire partie de choses à trois, elle, toi, et eux, "comme dans les films" disent-ils, ils n’imaginent pas qu’une femme même intéressée par les femmes ne le soit pas également par un homme, "après ou même pendant" ajoutent-ils, ils te font passer pour une telle dévergondée, c’est horrible à entendre !
Aussi, si tu ne le fais pas pour toi, fais-le au moins pour moi, démens cette stupide rumeur avant qu’elle n’aille vraiment trop loin, que plus rien ni personne ne puisse la contenir, y mettre fin ! Ou alors au pire confirme, si c’est ce que tu es vraiment, que l’on sache à quoi s’en tenir, comment agir vis-à-vis de toi…
Car la situation actuelle devient de moins en moins tenable. Moi-même j’ai dû faire face à cette rumeur, parce que l’on savait que nous allions régulièrement ensemble à l’extérieur, à la piscine par exemple, quelqu’un m’a ouvertement demandé si j’en étais aussi, et j’ai eu grand peine à le convaincre que mon dieu non je ne donne pas là-dedans, que j’ai des goûts normaux, et que jusqu’ici je n’étais même pas au courant de cette rumeur, mais désormais je ne pourrais plus le faire car je me doute que malgré mes efforts j’aurai encore à y faire face !
Ce soupçon à mon égard m’aura au moins amenée à faire un travail de réflexion, j’ai de fait repensé à ces moments où je te laissais t’occuper de moi à la piscine, au vu de cette hypothèse nouvelle, et je t’avoue que ça m’a mise particulièrement mal à l’aise. Et le pire c’est que ce n’est pas pour la raison que tu pourrais supposer, j’aurais préféré. J’aurais juste argué que ç’aurait été plus sage que nous en restions là, que nous nous en tenions désormais aux stricts échanges professionnels et que nous ne fassions plus rien en dehors, au moins le temps que cette rumeur se calme…
Mais voilà, plus j’ai songé à ce que tu me faisais à la piscine, tes mains en train de me savonner presque partout, de me shampooiner les cheveux, de me frictionner avec la serviette pour que je n’aie pas froid en sortant de la douche, cette si grande proximité qui m’apparaissait pourtant naturelle et ma foi bien anodine, toi et moi dans la même cabine, moi nue devant toi… Plus j’ai repensé à tout cela, moins cela m’est apparu pervers et contre nature, j’en suis la première étonnée. Au contraire j’ai trouvé ces gestes doux, délicats, d’une tendresse et d’une attention… Mon dieu, mais que suis-je en train d’écrire là ?? Serais-je sournoisement en train de virer de bord, d’en devenir moi aussi une ? Oh non, pitié, pas ça, pas moi !
Pourquoi a-t-il fallu que cette foutue rumeur m’amène à penser à des trucs pareils ? M’aurais-tu "contaminée" ? Ou alors est-ce toi la normale et moi la perverse finalement ? Je ne sais même plus où j’en suis maintenant. J’ai peur du regard des autres, mais surtout peur de mon propre regard, peur de voir ce qui est peut-être en train de devenir une réalité pour moi, et qui irait à l’encontre de mes convictions, de mes principes, de mon éducation, de la morale. J’ai peur aussi de toi, de ce que tu représentes peut-être si finalement la rumeur est vraie, ou de ce qu’inévitablement tu penseras de moi maintenant que je t’ai avoué tout ça, si elle est fausse.
La seule chose dont j’aurais envie maintenant, ce serait de faire l’autruche, d’aller m’enterrer dans un trou et ne plus en ressortir, pour ne pas avoir à affronter certaines choses. Mais en même temps je sais que ce n’est pas possible, que ce n’est pas la bonne solution, pas une solution tout court. Car trop d’interrogations se bousculent désormais en moi, et la pire chose serait de les garder sans réponse. Je ne sais comment tu arrives à paraître aussi tranquille face à tout ça, bouillonnes-tu intérieurement toi aussi ? Moi, plus je cogite, moins cette situation me convient. J’ai besoin de parler. D’en parler. Mais à qui ? Sûrement pas à cette bande de crétins qui prendraient ça pour un aveu, ce serait foutu, je serais foutue. Le plus simple, si j’ose dire, serait que j’en parle avec toi, que je prenne sur moi et que je fasse la démarche d’aller vers toi, que tu en sois ou pas. Mais il faudrait que je puisse le faire à l’abri des regards, car si on continuait à s’afficher ensemble ils jaseraient de plus belle, et je ne serais pas capable de le gérer !
Je sais bien que c’est osé de ma part que de te demander cela, surtout après tout ce que je viens de t’écrire, mais je pense que ça se voit, je suis complètement paumée. Si c’est plus clair pour toi, je t’en supplie, aide-moi. Pitié !
Ta collègue. »
2 commentaires:
La narratrice me semble tiraillée...
Non? :p
Curieux ce texte sous ta plume!!!! ;-)
J attends la réponse de la "collègue" !
Bisous Miss ... bon dimanche!
Re, Taz :*
Ben qu'est-ce qu'il a de curieux, ce texte ? :D
J'ai juste cherché à retracer un cheminement d'une hétérotte face à une rumeur, voire plus, qui toucherait une collègue et amie dont elle ne soupçonnait rien.. Ca navigue évidemment entre les clichés les plus courants !
Tiraillée, tu dis ? ;) Ah, tiens, maintenant que tu en parles.. :P
Bisous encore, Taz :*
-MyLzz59-
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