Le Bus [Ch.01]

<MESSAGE ORIGINEL>

*** MESSAGE AUX ENFANTS ***

Non, ce blog n'est PAS un blog pour adultes. Néanmoins, je refuse de me priver de la possibilité de parler d'actes amoureux qui illustrent physiquement ce que des personnes ressentent pour d'autres personnes. "Faire" l'amour, dans le plus beau sens du terme, c'est matérialiser par des gestes et des actes le plus beau des sentiments éprouvé à l'encontre de l'être partenaire.

Pour évoquer ces actes, l'on peut éviter de citer les termes précis, les remplacer par des tournures détournées que les "trop" jeunes ne comprendront (a priori) pas, il n'en reste pas moins que cette histoire ne vous est PAS (encore) destinée. Les enfants, je vous suggère plutôt d'aller voir cet article..

« 21h03. L'entraîneur s'énerve sur son sifflet. Nous aurions déjà dû avoir rempli les trois bus et être parties depuis plus d'un quart d'heure. Je fais partie des retardataires. Une soute est encore ouverte, je cours vers ce bus et y enfourne mon sac. Zut, je n'ai pas pris mon baladeur et n'ai plus le temps de le rattraper. La soirée va être longue…

Pressée par l'entraîneur je grimpe dans le bus et cherche une place. Les rangées défilent, remplies de filles déjà affairées. Les équipes ont beau être mélangées, je ne vois personne de la mienne… J'arrive vers le fond. Les deux dernières banquettes sont libres. Je prends la première à gauche, et me colle contre la vitre. Au pire je regarderai le paysage, ça m'occupera avant de m'endormir.

L'entraîneur nous compte, et recoupe son résultat avec ceux des autres bus. Il bougonne, apparemment il manquerait du monde. Plusieurs fois la porte se rouvrira et se refermera. Il descendra, remontera, pestera, sifflera, rien n'y fera.

Coups de klaxon, une voiture effectue un dérapage et s'immobilise près de nous. Une fille s'en éjecte, côté passager. Elle aussi est en tenue de sport, et a un gros sac. Je la reconnais, c'est la star du club. Elle joue comme une déesse, c'est l'atout, le joker de la meilleure de nos équipes. Elle a permis de remporter nombre de matches, parfois contre toute attente. C'est sans doute pour ça que l'entraîneur la laisse tranquille, même s'il fulmine de façon flagrante.

La fille grimpe dans notre bus, avec son sac. Je me trouve cruche de ne pas en avoir fait de même. Elle avance sereinement vers le fond du bus, sous les regards de toutes. Moi aussi je la regarde nonchalamment. Je suis rassurée, il reste assez de places au fond pour qu'elle n'ait pas à se coller contre moi. C'est qu'elle a une réputation bizarre, la fille ! Il paraît même qu'elle joue chaque match avec une paire de boules dans sa chatte, et que c'est ça qui l'inciterait à se donner à fond, elle jouirait à chaque fois qu'elle marque !

Elle jette son sac sur la banquette dans le prolongement de la mienne. Machinalement mes yeux se portent sur son entrejambe, comme si je cherchais à savoir si là aussi elle porte quelque chose du genre, si cela est vrai ou non. Elle se retourne, oups je détourne bien vite le regard. Pourvu qu'elle ne m'ait pas aperçue la détailler ainsi !

Re-zut, voilà qu'elle s'installe juste à-côté de moi. Je me sens piégée. Pourquoi me suis-je collée contre la vitre ? J'aurais occupé au moins au début toute ma banquette, elle aurait été forcée de se mettre ailleurs… Mais je pars dans quels délires, là ? Je me méfie comme si cette fille était un monstre ! Je sursaute: "Moi, c'est Emma", me dit-elle. "Je sais, qui ne te connaît pas ? ", réponds-je, avant de lui donner mon prénom, qu'elle trouve "joli". Ben quoi ? Elle est humaine, j'en suis rassurée…

Une partie des lumières s'éteint, nos bus se mettent en marche, nous quittons la place où nous étions stationnés et nous dirigeons hors de la ville, en convoi. Nous ne parlons pas. Comme certainement pas mal d'autres je regarde la route. Des maisons, puis des magasins, puis enfin plus que de la route. Du béton puis des arbres. Bientôt plus beaucoup d'arbres, la nuit tombe. Nous prenons de la hauteur, par la fenêtre les lumières de la ville s'offrent à nous. Je suis fascinée par ce spectacle. Je me dis que s'il y avait un promontoire avec un banc, je pourrais y rester des heures, à regarder ces milliers de points brillants…

La ville nous abandonne, et ne restent plus pour nous accompagner que les phares de quelques voitures qui nous doublent ou nous croisent. Je reviens me caler dans mon siège. Une sensation bizarre d'être observée, épiée…

Je tourne la tête. Elle me fixe en souriant. "Quoi ?", dis-je. "Rien, je te regarde." Je suis surprise, quel aplomb ! "Tu semblais en admiration devant ces lumières, tu avais un regard d'enfant…" "Ben oui, j'ai toujours adoré ça", réponds-je. "Tu m'amuses", dit-elle, en me quittant du regard. Une curieuse impression m'envahit. Plusieurs kilomètres s'écoulent dans une totale indifférence…

Elle gigote dans son siège, je me retourne vers elle. Elle vient d'attraper un sac à main de son sac de sport, et passe la lanière derrière sa tête. Elle farfouille et en sort un petit appareil, comme un téléphone ou un baladeur vidéo, ainsi qu'une notice de taille semblable. Elle semble lire avec intérêt le petit bouquin, tout en tournant en tous sens l'engin. Elle a l'air d'identifier chaque bouton. Je suppose qu'elle vient de l'acheter.

Elle range la notice dans son petit sac, et en sort une pile encore emballée dans son plastique. Elle ôte l'emballage, qu'elle enfourne dans son sac, et tente d'ouvrir la trappe au dos de l'appareil. Mais celle-ci ne se laisse pas faire. Elle s'acharne patiemment, essaie avec une petite pièce de monnaie, avec la languette de sa fermeture, rien n'y fait. "C'est trop couillon, ça", dit-elle doucement d'un ton triste. Je lui propose alors mes services, vu que j'ai des ongles. Elle accepte et me tend l'engin. Effectivement ce n'est pas facile mais la trappe s'ouvre. Elle me passe la pile, je la mets, et referme la trappe.

L'engin émet quelques bips discrets, et l'écran s'allume. Enfin non, mais des symboles s'affichent. "Woaw, tu es douée", me dit-elle. "C'est quoi ? Une radio ?", dis-je en le lui tendant, intriguée par ce truc qui ne m'évoque rien de connu. "Oui, en quelque sorte. Enfin non, pas exactement", répond-elle en souriant, "tu veux l'essayer ?"

Je le ramène entre nous deux, et le regarde de plus près. Elle m'explique tel qu'elle l'a lu: "là c'est pour choisir le programme, ça doit s'afficher là, ça c'est pour la vitesse, et ça pour la force. Dès que c'est bon tu appuies là pour envoyer ou pour arrêter, ou tu maintiens là pour tester…" Je ne me sens pas plus renseignée. Juste un écran et des boutons, ni haut-parleur ni prise casque. Qu'est-ce donc ? J'essaie les boutons. Des chiffres et des petits dessins apparaissent sur l'écran. Plus je pianote plus ça change sur l'affichage, mais rien de plus.

Elle suit attentivement ce que je fais. Un symbole en forme d'oreille s'affiche. Je retourne l'engin, et remarque sur le dessus quelques petits trous. Je devine un micro. Je tapote l'emplacement avec mon ongle, une petite barre se dessine et s'efface à chaque fois. Elle a sursauté quand j'ai commencé, et me précise que ça marche. Qu'est-ce qui marche ? Ca enregistre ? D'ordinaire même avec des trucs compliqués comme un téléphone je m'en sors pas mal, mais là aucune idée…

J'éteins l'oreille, affiche différents chiffres, lorsque j'appuie sur Test seule la petite barre apparaît et danse. Ma voisine me sourit, je me sens …dépassée. Elle, s'amuse, apparemment.

Je me décide à pousser les réglages au maximum, et je presse le bouton Test. Elle pousse un petit cri, et s'empresse de retirer mon doigt du bouton: "Doucement, c'est puissant comme engin !"

Je …crains d'avoir deviné ce à quoi sert ce curieux appareil… Je la regarde, interloquée. De son index elle referme délicatement ma bouche: "Tu ne devrais pas laisser ça grand ouvert, ça pourrait tenter du monde". J'ai bien entendu ce que je viens d'entendre, en plus ?? Elle me sidère !

Mais ce qui m'étonne encore davantage, c'est qu'au lieu de lui rendre bien vite sa télécommande je m'entends lui demander de me montrer la notice. Serais-je encore plus curieuse que dégoûtée ? Mais me sens-je dégoûtée, déjà ? A vrai dire, je sens poindre plutôt de l'admiration pour le degré de liberté que s'octroie cette fille.

Elle me tend le livret, et je découvre le croquis du récepteur. Et à en juger par le dessin des piles, c'est pas tout petit, dîtes-donc ! Elle me précise: "c'est le vendeur qui me l'a conseillé, car c'est des piles rondes normales, ça dure plus longtemps que si c'est des piles de montre…" Je me surprends à rajouter: "et ça te reviendra moins cher à l'usage, surtout si tu en fais une grande consommation". Elle rit: "C'est sûr, j'ai bien l'intention de le rentabiliser !"

Plus du tout gênée je me suis lancée dans la lecture, c'est un vrai modèle de compétition, il y a plus de programmes là-dessus que sur une machine à laver ! Ce parallèle me déclenche un fou-rire. A sa demande je parviens avec peine à lui en faire part, et lui communique mon fou-rire. Nous pouffons et pleurons de concert plusieurs minutes. En cet instant je me sens tellement proche d'elle, le monstre de mes premières pensées s'est envolé à jamais.

Mon sérieux retrouvé, je retourne à ma lecture. Je pianote diverses combinaisons, qu'elle commente: "c'est pas mal", ou "j'aime moins", voire un "ohh !!", et même un "mmh…" Je n'aurais jamais parié là-dessus, mais je m'amuse vraiment.

Elle me demande soudain: "Et toi, tu as déjà essayé ce genre de trucs ?" Je crois que j'ai rougi. Je me perds dans mes pensées. Je me sens idiote à côté d'elle, moi qui n'ai comme seules pratiques que des actes hygiéniques. Je dois faire une drôle de moue, car elle caresse ma joue de son index: "Bah, oublie, je ne voulais pas te mettre mal à l'aise. Pis tu sais, c'est pas perdu, ça peut s'arranger…"

Je me dis qu'elle devrait en vendre. Moi qui encore tout à l'heure étais effrayée par la rumeur de ses boules, je m'en veux de me sentir ainsi coincée, et ne suis sans doute plus qu'à quelques dernières résistances qui me retiennent encore… Si elle m'en dégainait un là, peut-être l'essaierais-je même de suite. Ma fille, tu deviens folle… »

-MyLzz59-