« N'empêche, elle semble passer un bon moment, elle. Son petit sourire au coin des lèvres ne ment pas, elle apprécie les "services" que lui procure cet engin. Et moi qui n'ai même pas mon baladeur, resté dans la soute avec mon sac. Du coup, je me console en épluchant très consciencieusement le mode d'emploi. De temps à autre je jette un regard que je pense pourtant discret vers ma voisine, mais à chaque fois elle s'en rend compte, et se met à me regarder aussi. J'esquisse un sourire, gênée, et repars me replonger dans ma lecture. Pourtant je reviens à la charge sans même savoir pourquoi…
Arrive forcément le moment où il ne me reste plus rien à lire. Je referme la notice et la rends à ma voisine. "Je présume que tu y as trouvé quelques idées de voyages sympas, non ?" Des …idées de voyages ?? C'est une image pleine de poésie, je souris.
"Tu l'as depuis longtemps ?", dis-je, en réalisant que ce ne peut être le cas, vu qu'elle n'en maîtrise pas le maniement. "Non", répond-elle, "en fait je viens de l'acheter. Je l'ai trouvé dans une boutique sur le trajet pour me rendre au bus. C'est pour ça que je suis arrivée en retard." Je vais de surprise en surprise, ça m'apprendra à poser ce genre de questions. Elle l'a acheté en venant, ça veut dire qu'elle s'est arrêtée en route, puis qu'elle l'a déballé dans la voiture, a inséré les piles dans l'engin, et l'engin dans sa…
La légèreté avec laquelle elle assume et même affiche sa sexualité me fascine, elle la vit au quotidien sans sembler se soucier de quelque qu'en-dira-t-on. Elle… est probablement bien plus dans le vrai que nous ne le sommes, finalement.
A me perdre ainsi dans mes pensées j'ai dû faire une moue car j'ai inquiété ma voisine: "Tu as l'air toute triste d'un seul coup. Quelque chose ne va pas ?" Ce qui ne va pas, c'est que je n'ai pas ta force, ton courage, ton …naturel. Mais je ne m'imagine pas lui avouer un truc comme ça. Je me contente de lui dire que je réfléchissais. A elle. A cet engin.
"Peut-être devrais-tu t'en acheter un ?", entends-je. Là je suis sûre d'avoir rougi. Chercherait-elle mes limites ? "Sérieusement, tu devrais. Tant qu'on n'a pas essayé on ne peut pas comprendre ce que ça procure. Cette chose que nous possédons toutes entre les jambes est comme une porte secrète qui permet l'accès à un pays magique caché au fond de nous, d'où peuvent fuser des myriades d'étoiles, pour peu qu'on ait appris à se servir de cette magie…" Je suis conquise.
"Emma…", dis-je. Elle referme de nouveau ma bouche de son doigt, mais cette fois enchaîne en traçant le contour de mes lèvres. Je …frissonne ??
"Savais-tu qu'il y a en gros un siècle, l'usage de l'ancêtre de ces engins était prescrit par les médecins pour apaiser chez certaines femmes un état de stress qu'ils appelaient sottement hystérie ?" Elle me scie. Je crois que je suis fan.
Soudain l'entraîneur réclame notre attention. Il est tard, il souhaite que nous arrêtions les baladeurs, téléphones et autres jeux de poche, et que nous nous endormions rapidement afin d'être en forme pour la compétition de demain. Machinalement je sors la télécommande. "Qu'est-ce que tu fais ?", me demande ma voisine. "J'allais l'arrêter…" Elle me fait un regard attendrissant: "Mais pourquoi ?" Je réponds: "OK, je te cherche un programme de nuit…"
Justement, je me remémore une fonction douce, où toutes les quelques secondes le moteur accélère progressivement puis décélère pareil avant de s'arrêter jusqu'au prochain cycle. Cependant, commençant à connaître ma voisine, je règle le sommet du pic assez haut. "C'est un excellent choix", me dit-elle. Je lui tends la télécommande, mais elle me la loge dans la pochette de mon haut de survêt'. Posant sa main dessus, à moins que ce ne soit juste pour peloter mon sein, venant d'Emma ce ne serait improbable, elle précise: "Là, contre ton cœur, elle ne peut trouver meilleur emplacement…"
Elle constate que mon cœur bat vite. Je suis dans un état d'émoi. Est-ce du stress, de l'appréhension, de …l'excitation ? Tss, quelle drôle d'idée !
L'entraîneur distribue des plaids. Vous savez, ces grosses couvertures toutes moches et qui peluchent partout, mais bien chaudes. Il en a de deux dimensions, des petits à usage individuel, et des grands sous lesquels on peut tenir à deux. En arrivant à nous, il ne nous demande pas notre avis, il ne reste plus de petits. Ma voisine en paraît ravie.
Je… je bascule en arrière. Emma a tiré la manette de nos sièges et ils se sont abaissés totalement sur le dernier rang, inoccupé. Puis elle étend le plaid. J'attrape mon côté et m'enroule dedans. Je suis sur le dos, ma voisine s'est tournée vers moi. La joue posée sur l'appuie-tête de son siège, elle me regarde en souriant. Elle me déstabilise.
Le conducteur du bus a éteint les lumières, à l'exception de quelques veilleuses. Le regard d'Emma n'en est que plus brillant. Je lui souris, et ferme les yeux. Même paupières fermées je sens qu'Emma m'observe, et ça me fait bizarre. Sans doute la trop grande différence de fonctionnement entre elle et moi…
Quelque chose touche ma main. Quelque chose de doux et chaud l'enveloppe. C'est sa main. Je me raidis, mais bien vite son sourire m'apaise. Elle bouge, caresse l'extérieur de ma main. J'avoue aimer ça. Ses doigts s'intercalent entre les miens, elle me serre. Je serre aussi. Je la recouvre de mon autre main. Elle sourit toujours, yeux mi-clos. J'ai chaud. Je soupçonne et redoute autre chose que l'effet du plaid. Je ne comprends pas tout. Je sais que je suis bien, et ça me fait peur.
Ce que je ressens en ce moment, ce que je ressens pour Emma, est …particulier. Spécial. Flou. Ma raison aimerait que rien ne se soit passé, elle se serait installée ailleurs, j'aurais tout ignoré de son engin télécommandé, et mon existence serait restée en l'état. Mes mains n'ont aucune envie de lâcher la sienne, plus aucune envie qu'elle s'éloigne. C'est une forme d'amitié étrange, une amitié tactile. Ou peut-être pas une amitié, d'ailleurs, ça n'y ressemble pas trop. En fait, je ne sais plus. Juste envie de la garder là, tout près de moi. Envie de garder sa main dans les miennes. Envie de garder son regard sur moi. Mal à l'aise aussi de par son regard qui semble capable de plonger loin au fond de moi. Même si je passe la nuit à lui tenir la main, je me mets à redouter le moment où demain je devrai la lâcher. Emma, comprends-tu ce qui m'arrive ?
Je commence à sommeiller, mon étreinte se relâche. Ma main droite glisse le long de mon corps. Sa main en profite pour se décaler. Je la rattrape au niveau de ma cuisse. Sa paume est chaude, ses doigts effleurent l'intérieur de ma cuisse et je m'effare de me voir ne rien tenter pour l'en empêcher. Que m'arrive-t-il, qu'a-t-elle "initié" en moi pour que je ne me reconnaisse plus, moi d'ordinaire si …prude ? Je me surprends même à lui sourire doucement. Je me rassure comme je peux encore, remerciant intérieurement la pénombre et le plaid de cacher aux yeux du monde ma lente déchéance volontaire.
Une pétillante chaleur amorce une montée en moi, depuis les doigts d'Emma, à travers mon entrejambe, mon estomac, mes poumons, ma gorge, mes joues, mes oreilles, je me sens tendue, une forme de stress mais bénéfique, positive. Le regard d'Emma reste fixe, pénétrant, imperturbable, son sourire apaisant me sert de phare dans ma tourmente intérieure…
Ma respiration devient plus difficile, je me concentre dessus au détriment du reste que j'abandonne à ma voisine. C'est le moment qu'elle choisit pour porter l'estocade à mes dernières pudeurs non tombées. J'assiste en spectatrice complice à sa victoire sur moi.
Sa main délaisse ma cuisse et remonte sous mon sweat. J'entrouvre la bouche mais aucun son ne sort. Ses doigts courent sur le tissu, je devine qu'elle dénoue le cordon de mon pantalon. Je ressens …l'envie de l'y aider ?? Je ne maîtrise plus rien de moi, je parais lui appartenir.
Elle a franchi mon pantalon, sa main se pose sur mon… Mes jambes s'écartent malgré moi, elle me tient toute entière dans sa paume. J'ai de plus en plus chaud. Sont-ce les portes de l'enfer vers lesquelles elle me transporte ?
Son pouce tente d'écarter l'élastique du dernier rempart de coton. Ma main essaiera une ultime défense. Vainement. Car à mon grand dam mon corps a décidé de se rallier à l'assaillante. Mes fesses se sont relevées du siège, donnant à Emma l'opportunité de baisser loin ce dernier rempart. Je suis désormais offerte. Je lui adresse un regard suppliant, elle me répond d'un sourire malicieux. Je la sens frôler ma toison, j'attends juste qu'elle me détruise, m'annexe. Je m'en remets à son regard fixe et brillant, qui m'explore. Je ne souris plus, l'instant est dramatique. »

Le Bus [Ch.02]

2 commentaires:
Houla!!!!! vu la progression de cette histoire , je ne suis pas sûr d avoir l'age pour entamer la 3 eme partie! :D ( faudra ptêt ben réécrire une version soft pour Taz! ;-))
On reste dans le bus jusqu'à la fin? ;-)
Bisous...
mais si, j'attends la suite!:-)
Avé Taz :)
Pourquoi tu voudrais descendre du bus ? Tu es arrivé à ton arrêt ? :P
Reste donc, et accessoirement prends-toi de quoi noter :D
Bisous Taz :*
-MyLzz59-
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