« La jeune sorcière passe le plus clair de son temps à la fenêtre la plus haute du château, d’où l’on peut apercevoir sa noire chevelure. Parfois, elle crie, et de gros nuages menaçants se détachent du château, pour aller déverser leurs pluies d’orages sur le village. Alertée par son compagnon, un énorme corbeau au croassement lugubre, qui a détecté une effervescence anormale au village, la jeune sorcière a délaissé sa fenêtre pour se rendre face au miroir ancestral. Tombant son habit noir, elle se présente nue face au miroir : "Ô miroir ancestral, efface mon image pour me montrer ce qui se trame au village !" Et peu à peu le reflet de la peau laiteuse de la jeune sorcière à la chevelure et à la toison aussi noires que ses yeux, se trouble telle la surface de l’eau, un tourbillon en son centre gagne bientôt tout le miroir, et en s’évacuant vers les bords dévoile une vue de la pièce d’état-major où un général s’entretient avec le roi. L’image se trouble de nouveau, et cette fois c’est un chevalier qui montre l’affiche à une jeune paysanne. Puis le miroir montre le texte de l’affiche, et c’est ainsi que la jeune sorcière se voit informée du grand bal de la dernière chance.
L’image du miroir revient sur elle, et, saisissant ses seins à pleines mains, elle dit : "Pourquoi ne m’invite-t-on pas ? Ne suis-je pas assez belle et désirable pour intéresser moi aussi ce crétin de prince ? Pourquoi laisserais-je une gourgandine me ravir le trône ? Après ce qu’ils ont fait à ma mère, je mérite bien ça ! Puisqu’il en est ainsi, je m’inviterai en pleine cérémonie…"
Mais le miroir l’interrompt en pleine réflexion. Un chevalier débarque par hasard dans une clairière inconnue peuplée d’animaux entourant une jeune fille blonde. "Holà, gente damoiselle, n’ayez crainte ! Le bon roi nous envoie quérir toute jolie âme en âge d’être épousée, afin que le prince puisse choisir l’une d’elles et en faire la nouvelle reine de son royaume à la suite de noces mémorables !" "Mémorables, ça, elles le seront", se dit la jeune sorcière, "je vous le promets ! Mais quelle est donc cette resplendissante nymphette perdue au beau milieu de la forêt, et qui semble contrôler les animaux ?" Le miroir ne put apporter la moindre réponse. "Est-ce une fée ? Une sorcière bénéfique ?" Le chevalier lui laissa l’affiche et reprit son chemin, lui précisant simplement qu’il était de son devoir de se rendre au château et participer au bal. Il disparut de l’image dans le miroir, qui s’attarda sur la jeune fille, sous le regard fasciné de la sorcière qui n’avait toujours pas lâché ses seins.
La belle inconnue continua d’occuper l’esprit de la sorcière, bien après que le miroir ait cessé de l’afficher. Elle avait hâte qu’arrive le soir du grand bal, mais le prince n’était plus vraiment son principal sujet de préoccupation. Cependant, elle eut beau retourner tous les livres de magie que recelait sa terrifiante bâtisse, la superbe blonde de la clairière restait aussi mystérieuse.
Celle-ci aussi songeait au grand bal. D’un côté elle pensait à l’histoire de son livre, la jeune paysanne à laquelle elle s’identifiait, et qui allait peut-être rencontrer son prince, de l’autre elle était effrayée à l’idée de quitter sa rassurante clairière et s’aventurer si loin dans un milieu inhabituel, parmi toutes ces créatures inconnues que sont les humains. "Mais si je n’y vais pas", se confie-t-elle à son amie la biche, "je laisserai passer l’opportunité de me présenter devant le prince, et toute chance qu’il me choisisse pour épouse… Que dois-je décider, dis-moi ?" "En toute circonstance, lorsque tu te sens perdue, écoute ton cœur", répond en parlant cette dernière. "Et mon cœur me dit d’affronter mes peurs car auprès du prince est mon destin. Tu as raison, il me faut m’y rendre."
Plus tard, une autre interrogation hanta la belle, quel genre de tenue elle devait arborer devant un prince, et toutes les princesses qui inévitablement allaient rivaliser d’apparats pour détourner vers elles le regard du prince. Elle courut à l’intérieur de sa modeste demeure sous les yeux intrigués des animaux alignés dans les branches, et ressortit aussitôt, tenant son livre. Hélas, comme le fit remarquer la biche, l’illustration ne montrait que très sommairement la robe, tant le dessin était simpliste, voire enfantin. Au-dessus d’elle descendit une araignée le long de son fil. Elle se plaça face à l’illustration, bientôt rejointe par quelques autres de ses congénères. Chacune exécuta de grands mouvements de ses pattes, puis elles remontèrent toutes ensemble, et disparurent dans les branches, suivies des yeux par la belle et la biche.
Une volée de papillons se posa sur une grande toile, au centre de laquelle une araignée sembla tenir un discours. Ils s’envolèrent sauf un, que l’araignée délivra en s’excusant d’avoir laissé traîner un peu de colle. Rassurée, la belle trouva rapidement le sommeil cette nuit-là, ce qui ne fut pas le cas de la jeune sorcière. Le prince, quant à lui, paraissait totalement étranger à cette agitation, comme s’il n’était pas concerné par ce bal…
Le lendemain matin, alors que la belle s’étire délicatement, les araignées sont déjà à l’œuvre. Avec l’aide des écureuils, elles ont créé une structure en branchages coupés reprenant fort précisément les mensurations de la jeune fille. Et par-dessus cette structure elles commencent à tirer des fils de trame. "Je suis impressionnée, et tellement heureuse de vous avoir pour amies." "Tu seras la plus belle de ce bal", répondit l’une d’elles, "tu l’es déjà, j’en suis sûre", confirma une autre. La jeune fille alla s’accroupir au bord du ruisseau, se rafraîchit le visage, et entonna un merveilleux chant, auquel se joignirent les animaux de la clairière.
Une semaine suffit aux fières tisseuses pour achever le gros œuvre de la robe, et la belle put procéder au premier essayage. Quasiment aucune retouche ne fut nécessaire, même lorsque la jeune fille se mit à valser sur la mousse, au centre de la clairière, tout en fredonnant des bribes remontant du fin fond de ses souvenirs. Elle salua sous les applaudissements des animaux, et ôta la robe que les oiseaux réinstallèrent sur le mannequin. Puis elle s’allongea, offrant son corps nu à la caresse du soleil.
De son côté, la jeune sorcière venait elle aussi de se dévêtir face au miroir ancestral, qu’elle invoqua, afin de prendre des nouvelles des préparatifs du grand bal, dont la date devenait fort proche. Elle vit et passa très vite les images du château, des musiciens qui répétaient, de la grande salle que l’on agençait, ainsi que nombre de visages de prétendantes avérées qu’elle jugea sans intérêt. Elle observa ensuite le prince, juché sur son fier destrier, et affublé de ce débile de valet qui passait son temps à remettre debout le mannequin que le prince abattait de sa lance garnie d’un embout mou. Ce serait plus divertissant si le prince piquait les fesses du valet par inadvertance, se dit-elle, mais elle n’intervint pas en ce sens, laissant ces deux enfants à leur jeu. En fait, elle attendait que le miroir finisse par en arriver à la jeune fille de la clairière.
Elle découvrit celle-ci allongée, nue, baignée de doux rayons de soleil. Ses yeux s’attardèrent sur la plastique si parfaite de sa rivale de loin la plus crédible, sur sa ronde poitrine, sa tendre toison dorée, son visage si fin, si délicat… Elle ne prêta guère attention aux araignées qui fignolaient l’accessoirisation de la robe, préférant détailler la jeune fille qui ignorait être ainsi observée. »

Once Upon a Time... [Ch.02]

3 commentaires:
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Ahhh?! un leger virage?
j ai le sentiment qu on est plus tout à fait dans le conte? si? ('nfin, pour enfants, j 'entends! ;-))
me trompe-je?
Bisoussss Miss!
Mais pourquoi as-tu supprimé la première version de ton com', Taz ? Tu avais écrit: "Histoire de te faire chercher, :D il y a une faute, je crooaaaa... :D" et tu avais parfaitement raison, il y avait une "fôte" de frappe au début du second paragraphe, il manquait le "s" dans "ses seins à pleines mains".
Quand je frappe "au kilomètre", forcément je laisse des fautes de frappe, que je corrige en me relisant, mais malgré cela il peut en subsister, ce qui ne m'excuse cependant en rien.
Merci donc de m'avoir reprise, Taz :*
-MyLzz59-
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