Mylène écrit (http://mylene-ecrit.blogspot.fr)
 ( MàJ: 02/01/2014 )


Ceci est un Blog par Mylène (MyLzz59)

Once Upon a Time... [Ch.04]


« Les débris tournèrent de plus en plus vite, jusqu’à former une masse compacte prenant progressivement allure humaine, et l’on reconnut la sorcière, la mère de l’autre, celle que l’on croyait vaincue à tout jamais, qui en fait était enfermée dans le vitrail, dont la destruction entraîna involontairement la libération.

Flottant dans l’air, la sorcière pointa son index en direction de sa fille : "Décidément, cette jeune sotte demeurera pour l’éternité la honte de la famille, incapable de faire preuve de méchanceté malgré toutes mes leçons !" Un épais nuage noir se rassembla au plafond de la salle, à mesure que la sorcière y envoyait des éclairs depuis ses mains tendues. Plus personne n’osait bouger. "Vous voulez toutes deux cet imbécile de prince ? Eh bien je vais exaucer votre souhait !", vociféra-t-elle. "Voyez ce nuage. Il va descendre et envelopper tous ceux qui se trouvent sur la piste. Dans ce nuage, vous ne verrez et n’entendrez rien. Il ne disparaîtra que lorsque tous ceux qui ne sont pas encore engagés auront trouvé leur partenaire et se seront embrassés. Mais attention, les couples ainsi formés devront se marier ici-même dans ce château avant la prochaine pleine lune, ou au douzième coup de minuit cette nuit-là ils mourront ! Ainsi la plus dégourdie de ces deux prétendantes épousera son crétin de prince, et l'autre sera à jamais évincée de par vos supposés sacrés liens du mariage…" Et la sorcière enchaîna par un rire atroce qui glaça d'effroi l'assistance. Quelques personnes quittèrent discrètement la piste et se réfugièrent contre les murs de la salle. Le cerf et le balai se regardèrent du coin de l'œil…

"J'ai dit !!", hurla-t-elle en levant de nouveau les bras, et le nuage entama sa descente, englobant entre autres le prince, et les deux beautés toujours figées yeux dans les yeux. Saisissant sa chance, le valet se précipita dans le nuage : "Moi aussi veux une princesse !" Puis la sorcière lança un sort aux musiciens qui, comme pris d'une soudaine frénésie, jouèrent une horrible cacophonie. Le cerf ferma les yeux et se concentra afin d'émettre une pensée que la belle reçut : "En toute circonstance, lorsque tu te sens perdue, écoute ton cœur…"

L'attente qui parut interminable aux spectateurs de cette scène prit brusquement fin, lorsque les musiciens cessèrent le massacre musical auquel ils étaient soumis, et lentement, très lentement, le nuage se dispersa. Alors que rien n'était encore visible à travers l'épais nuage, la sorcière poussa un effroyable cri, qui se perdit en se propageant dans l'ensemble du château, tandis qu'elle commençait à se désagréger en éclats de verre qui rebondirent sur le sol dans un nouveau fracas.

Le nuage dissipé, le cerf crut en perdre ses bois et le balai ses branchages. Un brouhaha d'étonnement courut dans l'assistance. Au centre des couples la jeune sorcière et la belle étaient très affairées à …s'embrasser goulûment, tout en se caressant les cheveux et le dos. Près d'elles, le prince ouvrait de grands yeux ronds en découvrant …son valet accroché à son cou. Seul le vieux roi semblait trouver cette situation fort cocasse relativement amusante. Il bondit de son trône, ses forces étaient revenues.

S'adressant à l'assistance, il déclara : "Je n'ai aucun pouvoir pour m'opposer à l'envoûtement de cette vile sorcière. Alors, et puisque vous vous êtes ainsi choisis de votre propre volonté, je ne puis que décréter qu'une cérémonie de mariage globale se déroulera ici-même, et pas plus tard que dans trois jours ! Nous célèbrerons entre autres l'union de mon fils et de son valet…" Il saisit la main du prince afin de la lever, mais ce dernier recula : "Mais, père ! Pas mon valet ! Je…" Le roi sourit, content de sa revanche : "Tu préfères mourir à la prochaine pleine lune, grand couillon ?" L'assistance rit lorsque celui-ci se cacha la tête dans ses mains.

"Et nous célèbrerons également l'union tout aussi inhabituelle de ces deux charmantes damoiselles qui, manifestement, paraissent y consentir bien davantage ! …Si elles acceptent de se disjoindre quelques instant, bien sûr." Elles furent saluées, joues empourprées, par les bravos de l'assistance.

Le roi voulut s'intercaler entre leurs mains jointes, mais lorsqu'il frôla celle de la belle, il se produisit à l'endroit du contact comme une explosion, qui les fit tomber tous deux à la renverse. Le cerf se redressa, prêt à bondir au secours de sa princesse, mais un attroupement se forma autour des intéressés. Le roi se releva rapidement, la belle paraissait comme sonnée. Il hésitait à la toucher de nouveau, pourtant il s'y risqua sans la moindre nouvelle explosion. Et quand il caressa sa joue, elle lui murmura : "Père ? Est-ce vous ?"

"Oui, ma fille. J'ai l'impression de me réveiller à l'instant d'un horrible cauchemar, comme si cette affreuse sorcière t'avait effacée de ma mémoire par quelque sort pendable." Puis elle porta son regard vers la jeune sorcière : "Père, je souhaite toujours l'épouser. Est-ce que vous nous le permettez encore ?" "Plus que jamais, ma fille. Et à la lumière de ce fait nouveau, je proclame que vous vous marierez en dernier, car à la suite de la cérémonie je te transmettrai ma couronne. Ainsi, je pourrai enfin aspirer à une retraite paisible, loin de tous les soucis du château."

De nouveaux applaudissements retentirent, alors que le prince, désespéré, essayait de plaider sa cause : "Mais, père, c'est moi qui…" Le roi haussa le ton : "Ta chance, tu l'as eue, grand couillon ! Pendant des années je me suis désespéré de te voir prendre femme, et ainsi pouvoir te couronner ! Mais toi, toutes ces années, qu'as-tu fait ? Tu les as passées à des gamineries, accompagné de ton valet. Alors comme vous vous entendez si bien, je m'en voudrais de m'interposer…"

"Père, soyez indulgent avec mon frère. Je suis sûre qu'il a de grandes qualités, qu'il saura mettre à profit pour s'occuper du château." Le cerf tendit l'oreille, en prévision de quelque nouveau rebondissement. "Ma fille, es-tu en train de refuser la couronne ?" "Non père, j'accepte avec joie de vous succéder. Mais je ne saurais vivre longtemps loin de ma clairière, et de mes amis les animaux. Aussi, je souhaiterais que ce soit lui qui se voie confier la régence de ce royaume…" Et la jeune sorcière ajouta : "Au peu que j'en ai vu, cette clairière est un véritable paradis."

Puis la fête reprit son cours. L'on fit ramasser les éclats de verre du vitrail, qui furent répartis dans plusieurs coffrets, que des chevaliers seront chargés d'emmener fort loin du royaume, dans toutes directions. La princesse et sa future reine ne se lâchèrent pas de la soirée, et s'avérèrent moins piètres danseuses qu'annoncé. Seul le prince s'éclipsa sans que son absence ne fût notée…
»

-MyLzz59-

1 commentaire:

Stéphane a dit…

Marrant, les damoiselles m ont l air plus heureuses de leur sort que le prince!

Sinon, je n avais pas vu "arriver" la filiation!
..
Pour moi, l histoire aurait pu se terminer là....que nous réserve donc la dernière partie?
Bisous Mylène.