Sable [Ch.02]

« Un bateau passe lentement mais ce n'est pas lui qui m'intéresse en cet instant-ci. La blancheur de sa peau trahit son arrivée récente dans ce paradis. Elle semble venue seule, mais ne l'est pas restée longtemps, un trio de garçons l'ayant invitée à se joindre à eux pour une partie de volley. Son haut de bikini fait pourtant du mieux qu'il peut, mais il peine à retenir la paire de seins ronds qui monte, descend, s'agite au rythme de la partie que disputait innocemment la propriétaire, ignorant qu'une autre partie au moins aussi intéressante se jouait au niveau de sa poitrine. Et elle y allait à cœur joie, cette fille, elle courait, sautait, plongeait, son investissement au niveau du jeu était impressionnant. Plus encore était celui de ce haut qui, malgré leurs efforts durant la partie, retint sans faillir ces seins et n'en laissa échapper hélas aucun. La fille s'apprête à frapper, s'élevant d'une importante détente dans les airs. La balle arrive, elle pousse un "han" et percute de l'intérieur du poignet ce pauvre ballon, qui repart en sens inverse s'écraser sur le sable, dans le camp adverse. Fin de la partie, son binôme a gagné. Ils se congratulent, elle bisouille les trois garçons, et prend poliment congé d'eux, à leur étonnement. Ils n'insistent pas. La fille entre dans l'eau, lentement, nage quelque peu, fait la planche quelques instants, quand soudain un ballon de plage me passe fort près, distrayant mon regard. "Pardon m'dame", dit l'enfant en passant récupérer son jouet.

Un jouet. Voilà ce que j'ai oublié d'amener, me dis-je, par transposition d'idée… Je regrette en cet instant de ne pas avoir pensé à emporter plus particulièrement ma boule rose bonbon. C'est une sorte d'œuf, mais sphérique, totalement étanche, contenant un petit moteur, prolongé d'un câble court terminé par un petit boîtier de commande, également rose et étanche, qui se clipse à la ceinture et peut aisément passer pour une commande de portail ou un baladeur MP3. Il a l'avantage par rapport à bien d'autres modèles de pouvoir fonctionner à très petite vitesse, et silencieusement. Un délicieux massage en toute discrétion et toute circonstance, comme par exemple une sieste bronzette sur ma serviette… Quelle idiote je fais de n'y avoir pensé ! D'autant que trouver dans les parages un magasin où je pourrais acheter ne serait-ce qu'une paire de boules des plus ordinaires, à billes, un accessoire d'appoint, m'apparaît hautement improbable. A part le bazar qui propose des articles de plage, on ne trouve guère que des boutiques d'alimentaire. J'irai quand même faire un tour demain matin, sans grande conviction néanmoins, je n'ai pas spécialement envie de me palucher trois heures de voiture aller-retour vers la ville la plus proche "juste" pour ça. Reprenant mes esprits, je pensai à me rafraîchir l'entrejambe dans l'eau, mais au même moment la fille se mit debout.

Elle marche dans l'eau, et plus elle avance plus son corps émerge, se dévoile. Elle est mince, joliment dessinée, un petit visage aux traits fins, une beauté naturelle qui attire le regard sans nécessité de jouer à aguicher. Cette fille a-t-elle vraiment conscience de sa beauté, tant son comportement semble innocent ? Plus que ses cuisses et ses hanches, dignes d'une publicité pour une eau minérale, je suis attirée par cette poitrine qui, sans être excessive, contraste avec la finesse de cette demoiselle, ces deux appendices mammaires tout en rondeur.

La fille continue d'avancer. Ses genoux sont à présent hors de l'eau. Ses pieds délicats s'enfoncent dans le sable sec. Elle progresse bien droit, d'un pas lent mais décidé. Elle …vient vers moi ? On le dirait bien. Je ne puis m'empêcher de la fixer, étonnée. En plus, elle a un joli regard, pensé-je incongrûment. Elle se fige devant moi. Je me redresse, en appui sur mes bras tendus, derrière moi, avec cette idée farfelue que malgré moi je lui tendais mes seins…

"Bonjour !" "Bonjour", réponds-je, alors qu'un frisson me parcourt l'échine. De sa douce voix, elle poursuit: "Est-ce moi qui me fais des idées, ou vous qui n'arrêtez pas de me mater depuis tout à l'heure ?" La logique aurait voulu que je rougisse d'être ainsi prise sur le fait, quoique quelle faute ai-je commise, mais là au contraire je me sens presque soulagée. Je lui souris: "je ne l'aurais pas formulé ainsi, mais c'est un peu ça. Le fait est que vous êtes fort jolie, et tant qu'à faire je profite du spectacle…"

Son regard est devenu interrogatif. Elle n'avait pas spécialement l'intention de me sommer d'arrêter. Elle voulait juste comprendre. "Vous m'intriguez", dit-elle, en s'asseyant à côté de moi. "Pourquoi ça ?", réponds-je, même si je me doute bien de la raison. Elle poursuit: "Depuis qu'à l'adolescence mon corps a changé, j'ai bien vu les regards des garçons se porter sur moi, parfois avec tant d'insistance que je préférais les éviter. Au début, j'étais mal à l'aise, mais à force j'ai fini par me faire une raison." J'enchaîne: "Vous savez, le physique est généralement la première chose que l'on perçoit d'une personne…" "Je sais bien", m'interrompt-elle, mais est-ce que le physique renvoie nécessairement la bonne image d'une personne, je veux dire sa vraie personnalité ? Pourquoi le fait d'être jolie, enfin du moins d'être perçue comme telle, laisserait-il penser que je pourrais être une fille facile ? C'est absurde !" Je réprime une envie prématurée de la serrer contre moi. "Si je vous ai laissée supposer que j'aurais pu croire une telle chose de vous, je vous présente mes excuses les plus sincères…" Elle me sourit: "Non, vous n'avez rien dit. D'ailleurs je ne sais pas ce qui me pousse à m'ouvrir ainsi à vous. Mais intérieurement, j'ai confiance. Je crois que vous êtes une personne bien. Une gentille." Gentille ? Ca, on ne me l'avait encore jamais fait ! Dans le fond, c'est sans doute vrai. »

-MyLzz59-