Mylène écrit (http://mylene-ecrit.blogspot.fr)
 ( MàJ: 02/01/2014 )


Ceci est un Blog par Mylène (MyLzz59)

Sable [Ch.03]

« Je découvre en cet instant que mon attirance physique initiale pour cette fille s'est changée en un désir plus maternel. A moins qu'elle cache admirablement son jeu, ce qui me surprendrait, cette fille a tout de l'oie blanche. "Votre maman ne vous a jamais dit de vous méfier des personnes que vous ne connaissez pas ?", dis-je, poussée par je-ne-sais-quoi. J'ai réussi juste à la faire rire. "C'est bien pour ça que j'ai pris congé de ces garçons. Ca m'a fait du bien de jouer cette partie avec eux, mais si je me montre trop sympa j'ai peur qu'ils s'imaginent des choses. Une fille seule…" Ballon pour moi: "Votre copain n'a pas pu vous accompagner ?" Intérieurement je m'effarais tant à sa place je me serais vue venir. "Quel copain ? Non, je n'ai pas de copain. Je n'ai jamais gardé mes flirts bien longtemps, très rapidement ils tombaient le masque. C'est à croire qu'ils ne pensent tous qu'à ça. Ou alors c'est à cause de moi. De mon physique. Aussi je n'ai pas vraiment l'intention de donner dans les amourettes de vacances !"

J'hallucine, là. Flirts, amourettes de vacances. Mais ça existe, ça, comme fille ?? "Vous voulez dire que vous n'avez jamais vécu une vraie histoire ? Je veux dire avec un garçon…" Oups ! "…qui soit tendre, intentionné…" Ouf, rattrapée ! "Désolée, ne me répondez pas si vous me trouvez indiscrète…" J'allais me rendre compte que je me faisais des frayeurs inutiles. Après un moment de réflexion, durant lequel elle devait se repasser, je suppose, quelques instantanés de ses "flirts", elle revient à moi. "Si, ça m'est arrivé une fois. Il parlait bien, il était gentil, serviable, il me sortait dans plein d'endroits agréables, j'avais fini par penser que j'étais chanceuse, que c'était le bon. Ca m'a fait d'autant plus mal quand j'ai découvert qu'il était comme les autres, en fait. Il a bien essayé de me récupérer quand j'ai mis fin à notre relation, mais pour moi le retour n'était plus envisageable, la magie ne pouvait plus opérer."

Elle se tait soudain. Je n'ose rien dire. Je ne sais plus trop quoi penser. Nous restons quelques minutes là, assises côte à côte, à regarder l'eau. Je finis par ressentir l'impression d'un regard sur moi. Je me tourne vers la fille. Effectivement elle me fixait depuis quelques instants. "Oui ?" Elle sourit: "Vous êtes bizarre…" "Ben voyons", songé-je, "parle pour toi !" Tout en continuant de son regard troublant, elle m'annonce: "Je ne sais si c'est réciproque, mais j'aime votre compagnie." J'ai probablement rougi en cet instant. Avalant ma salive tant j'essayais de la protéger de celle qui sommeille en moi, elle dont je ne saurais dire si elle a deviné mon orientation, je réussis à répondre: "C'est réciproque. Vous êtes d'un naturel si rafraîchissant…" Elle me gratifie d'un craquant sourire et m'invite à l'accompagner dans l'eau. Nous avançons. J'ai presque peur qu'elle me tende la main, ou même qu'elle se serre contre moi. Peur de ma réaction, peur de précipiter, peur de l'effrayer. Peur de casser cet instant de délicate porcelaine.

Cette fille a involontairement réveillé en moi la préadolescente qui découvrait tremblante son premier émoi non pas à la vue du beau garçon de la classe supérieure, comme toutes ses camarades, comme elle aurait dû, mais à la vue des corps changeants, des féminités naissantes et interdites, de ses copines d'école. La préadolescente qui cachait dans les rabats de ses cahiers des photos de telle chanteuse, de telle actrice, qui seule dans sa chambre, assise sur le lit, a pleuré à chaudes larmes en serrant fort un magazine masculin de charme acheté en cachette…

Une éclaboussure d'eau salée me ramène à aujourd'hui. Elle rit de son sympathique méfait. "Vous étiez où ?", dit-elle. "Là où tu m'as ramenée", pensé-je, "à mon innocence." Je réponds d'un sourire enfantin, et me mets à l'éclabousser aussi. Naturellement elle réplique et nous guerroyons ainsi, avançant et reculant au gré des vagues, jusqu'à ce que l'une d'elles, plus grosse, la pousse dans mes bras. Je suis soudain pétrifiée. Comment réagir ? Elle est collée contre moi, sa peau contre la mienne, ses seins, ses yeux sont plongés dans les miens, sa bouche n'est qu'à quelques centimètres… Mon sang cogne dans mes tempes. Vite, ma fille, trouve !

De justesse, par un mouvement de la tête, je lui colle un baiser appuyé, mais sur la joue. D'abord surprise, elle me sourit de nouveau. Je n'ai plus envie de jouer, je n'ai plus envie de patauger, j'ai surtout grand besoin de m'asseoir. Impression dérangeante d'avoir le cerveau en désordre. Et je ne sais même pas si cette fille à le moindre début de doute quant à l'état dans lequel elle m'a mise, quant au trouble qu'elle a semé dans ma tête.

Elle me suit. Je me laisse tomber sur ma serviette, et pose mon menton sur mes genoux. Elle prend place à côté de moi. Je sens qu'elle me regarde. Je me dois de réagir, à ne pas me comprendre je risque de l'inquiéter, de tout gâcher, ce qui s'est créé là est si beau, si pur, si fragile. "Qu'y a-t-il ? Pourquoi je crois deviner en vous une telle souffrance ?" Elle devait s'apprêter à me remettre en place une mèche de cheveux, car en relevant le visage vers elle, ses doigts ont frôlé ma joue. "Y a-t-il quelque chose que je puis faire pour tenter de vous ôter cette tristesse ?" Elle m'attrape la main que j'ai avancée pour justement repositionner ladite mèche: "Les vacances ce n'est pas fait pour être triste, sinon elles ne vous aideront pas à tenir jusqu'aux prochaines."

Moi je ressentais surtout la douce chaleur de ses doigts tenant les miens, et toutes les contradictions qui s'agitaient en moi. "Certes on ne se connaît pour ainsi dire pas, mais j'ai vraiment envie de devenir votre amie. J'aimerais vraiment que vous acceptiez que nous passions ces vacances ensemble, plutôt que chacune seule de son côté. Je vous en prie, dîtes oui…" Amie, ensemble, seule. Je m'en voulais d'avoir l'esprit si mal tourné face à tant d'ingénuité de la part de cette fille. "Je ne puis vous le refuser, mais il faut que j'arrive à vous avouer quelque chose…" Elle m'interrompt: "Rien ne presse. Vous me le direz lorsque vous sentirez que le moment sera venu. Vous n'avez assassiné personne, au moins ?" Elle s'en amusait.
»

-MyLzz59-

3 commentaires:

Stéphane a dit…

;)
j aime beaucoup ta façon de retranscrire les pensées de "je"...
en instantané entre des ""....
c est très dynamique!

j attends ..la suite... ;)
(question subsidiaire : quel age peut on donner à ces 2 "donzelles"?)

bisou.

MyLzz59 a dit…

Pis c'est surtout plus compact que la forme classique avec retour à la ligne, et tirets à chaque nouvelle réplique, ce qui cadre davantage avec l'idée d'un blog :)

"Je" est la narratrice, elle pense forcément, et pas nécessairement exactement ce qu'elle dit ;) Mais elle est sincère, "Je".

J'ai voulu m'essayer à une narration au présent, et non au passé. C'est un peu plus délicat, mais peut contribuer à donner un certain dynamisme, en embarquant le public dans le moment :)

J'aurais tendance à supposer qu'elles doivent approcher de la trentaine, cela dit peu importe, tu peux librement penser autrement, rien n'y est stipulé ;)

Rhôô, mais elle arrive, la suite.. Que d'impatience :P

Bisou mon lecteur :*
-MyLzz59-

Rem: et toi, tu le vois comment ?

Stéphane a dit…

et moi je le vois comment?

pour l age; j aurais visé plus jeune: 20-25.
sinon, tu voulais mon avis de quel manière?
:)