« L'heure avançant inexorablement même en vacances, nous décidons une dernière trempette avant de repartir. Elle récupère ma main le temps du trajet, et nous entrons dans l'eau, un peu moins chaude mais toujours agréable. Nous nous éclaboussons en riant, comme des gamines. Je prends un malin plaisir à viser ses jolis seins restés nus. Son rire, sa joie, sa présence, sa vue, éclairent mon existence.
Nous sortons de l'eau, secouons nos serviettes pour les débarrasser du sable, et nous nous essuyons. Elle se penche, spectacle intéressant, pour attraper son haut. Puis elle enfile une robe de plage en éponge. Je quitte mon string et me vêts d'une robe tablier en toile, dont je ferme quelques pressions. Nous remballons nos affaires, elle me fait part de son étonnement quant à mon absence de sous-vêtement. Je souris et lui explique que je me sens bien plus à l'aise sans carcan, et qu'il est interdit de traverser le village en maillot. Je crois qu'elle rougit en arguant qu'elle n'oserait jamais sortir ainsi, et que déjà si elle avait tombé le haut c'était parce qu'elle sentait que cela me faisait plaisir, que d'ordinaire elle n'aurait jamais osé… Je pense: il y a un début à tout. "Vous logez où ?", demandé-je. "En chambre d'étudiante." Elle m'apprend que l'été certaines résidences proches des lieux de vacances accueillent ainsi à la semaine des vacanciers. Evidemment les chambres sont minuscules et vétustes, mais le prix rend le choix attractif. Moi qui croyais avoir fait une affaire en hôtel premier prix…
Après quelques rues de trajet commun est arrivé le point où nos routes divergent. Je ne peux me résoudre à l'abandonner ainsi. J'engage: "Etes-vous occupée ce soir ?" "Rien qui ne puisse être décalé", répond-elle. Je lui propose, ô banalité, un dîner au restaurant. Elle accepte et me demande ce qui me ferait plaisir. Tout me conviendrait, si c'est avec elle. Nous ne connaissons pas le centre bourg, et décidons que nous en profiterons pour nous y balader, nous entrerons dans le restaurant qui nous séduira. Elle me colle ses lèvres sur les joues, puis s'éloigne. Je regarde sa silhouette qui avance. Elle me manque déjà.
Je réalise que nous n'avons convenu de point de rencontre. Une angoisse me saisit. Si nous ne nous retrouvions pas ? Si même elle ne venait pas ? Je ne connais rien d'elle, à part ses seins. Je n'ai ni son adresse, ni son numéro de téléphone, ni son nom. Décidément, j'ai été en dessous de tout, j'ignore jusqu'à son prénom, quoique seul il ne me servirait à rien. Je n'ai plus qu'à espérer. Je viendrai en avance, ce soir, et l'attendrai ici, à l'endroit où nos routes se sont séparées. Tu parles d'un rendez-vous. J'éparpille des fragments de ma tristesse d'ici jusqu'à ma chambre d'hôtel.
Je reclaque ma porte, j'ôte ma robe, et me précipite sous la douche. L'eau qui coule et m'enveloppe apaise mon âme, à moins que ce ne soient les larmes qui se mêlent à elle, et qu'elle nettoie. Je reste longtemps, je sais ce n'est pas écologique, mais j'ai besoin de me laver l'esprit, et ça requiert du temps. J'ai besoin de faire un peu de vide dans ma tête, de laisser mes pensées comme de la vase retomber au fond. Je recouvre mes épaules d'une serviette sèche, et fais les cent pas. J'ouvre la porte-fenêtre qui donne sur le balcon. Enfin, un balcon… Juste de quoi se tenir debout et respirer. Ou fumer, mais je ne fume pas. La vue n'a rien d'attractif. Je retourne à l'intérieur, et raccroche la serviette. Je passe en revue les tenues que j'ai amenées. Laquelle serait la plus appropriée pour ce dîner ? Plus j'essaie de me convaincre qu'il n'y a aucune chance que ce soit le cas, plus je m'apparais atteinte de la frénésie d'un premier rencard amoureux.
Le fait est que j'ai tous les symptômes de la fille amoureuse, et pourtant je ne dois pas. Je suis certaine que si je m'ouvre à cette fille, je la fais envoler et je la perds définitivement. Je tourne en rond, à tous les sens du terme. Mes pas me conduisent à proximité du mini frigo. J'en sors machinalement une canette de soda. Je fais quelques tours sans l'ouvrir. Ma main est froide. Cela m'inspire. Je vais à l'évier et nettoie la canette. Après un rapide coup d'œil circulaire, réflexe d'enfant qui se prépare à franchir un interdit, j'écarte de mes doigts mes lèvres, et plaque l'objet contre mon intimité. Curieusement, au lieu de me calmer, ce froid localisé m'échauffe. Serrant les cuisses, je continue à marcher mais mes mains se portent sur mes seins. Je crois que je n'ai plus le choix. Je m'abandonne à mon acte solitaire.
Après plusieurs minutes de soubresauts, détendue, je récupère la canette et l'ouvre. Je la porte à la bouche, et bois une gorgée. Mon nez identifie une odeur des plus agréables sans rapport avec celle du soda. Une odeur intime de femme, mes sécrétions. Je lèche la canette et reprends une gorgée de soda. Je me dis amusée qu'il y a matière à creuser, la commercialisation d'un nouveau parfum de soda bien agréable ! Je change ma canette de main, mes doigts ainsi libérés retournent puiser à ma source. J'alterne les gorgées de soda et les léchages de doigts. Ben quoi ? Si comme je l'espère ma fée me revient, mon intimité sera la seule à ma disposition… Même si je trouve la canette trop vite finie, ce sympathique mélange m'a fait du bien. Je me sens sereine, disposée à affronter le monde. Certes, auparavant un brin de toilette s'impose. Ce que je retourne faire. »
Sable [Ch.06]


Mylène (MyLzz59)
4 commentaires:
c'est chaud-bouillant cette histoire de canette glacée...
"parce qu'elle sentait que cela me faisait plaisir"...ahhh? aurait elle une petite idée, notre oie blanche? et se piquerait elle d un intérêt plus qu amical?
;-)
:* Miss.
:* Taz,
Ce chapitre doit sans doute t'en apprendre un peu plus sur la psychologie de l'un des deux personnages, nan ? ;)
Tu penses que la fée joue dans la cour de l'amour-amitié ? :P
L'avenir (sous forme de chapitres prochains :D) le dira..
-MyLzz59-
Je pense que la fée a un comportement "amical" curieux...;)
(ou alors, la définition du mot "amitié" n a pas le même sens sur sa planète( satellite , ;)) !
j attends "l avenir"...
:* Mylène
( c est vrai, c est plus sympa la publication morcelée) :)
"Sur son satellite" :D
Certes, la lune en est un :P
Ben l'avenir, c'est à raison d'un chapitre
tous les 2-3 jours environ ;)
Bisous :* Taz
-MyLzz59-
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