Hercule [Ch.01]

<MESSAGE ORIGINEL>

Ce n'est pas parce que mon blog est en sommeil que je le suis aussi. Certes, je n'ai (pour l'instant ?) plus envie de m'astreindre à publier des posts quasi réguliers pour des visiteurs qui ne daignent même pas laisser de mot (je sais, je radote..), mais je n'ai pas perdu mon envie d'écrire.

Aussi, je lance ce soir le premier chapitre de ma toute nouvelle histoire, d'ailleurs pas encore complètement terminée (j'en suis à 11 chapitres sur 12 ou 13 [prévisionnel]). Elle s'intitule "Hercule", et a pour personnage principal une commerciale (imaginaire), en partance vers chez un client..

Une histoire quelque peu différente des précédentes ;)

« Mon GPS s'excite soudain, il me fait une scène. Je lâche mon téléphone et me mets à freiner. Il a raison, le bestiau: focalisée sur ma négociation avec mon fournisseur, j'ai complètement négligé de surveiller ma vitesse. Je repasse brutalement de cent cinquante cinq à cent trente kilomètres heure. Heureusement, aucun pressé ne me collait, car j'admets avoir une conduite assez brutale. Cependant, le GPS vient de sauver mes derniers points, je souris de manière crispée à cette saleté de boîte photographique qui prolifère le long des autoroutes avec une aisance pire que des champignons dopés au concentré de lapin. Mon fournisseur s'inquiète de ne plus m'entendre, je le rassure, non nous n'avons pas été coupés, et je reprends ma conversation alors que ma voiture récupère tranquillement de la vitesse. J'ai l'escarpin lourd. Pour moi, ces déplacements professionnels sont une perte de temps que j'essaie d'occuper au mieux avec mon animal de compagnie, mon cellulaire. Comment faisait-on avant ?

Oui je suis commerciale. Un cliché de commerciale, même. La quarantaine passée, à grand renfort de régimes régulièrement canifés et de séances de torture dans des salles onéreuses, j'ai gardé un physique à filer la gaule à des jeunots. C'est mon atout principal, mon capital séduction. Mon GPS s'énerve à nouveau: j'ai loupé ma sortie. Tant pis, mon fournisseur devra consentir un petit effort supplémentaire pour me consoler. Oui je sais, c'est immoral, mais je suis commerciale et non bonne sœur. D'ailleurs ma tenue n'a rien de celle d'une bonne sœur. Parce que j'aime plaire, et aussi parce qu'elle déconcentre les mâles et me facilite les négociations. Si je dois tomber le soutif' pour emporter un marché, je n'hésite pas. Mais n'allez pas croire que je couche ! Enfin si, mais jamais pour le travail. J'ai horreur de dormir seule à l'hôtel, et il m'arrive régulièrement d'inviter certains de mes interlocuteurs, clients ou fournisseurs, à me tenir une compagnie comment dire... intérieure ? Cependant, quand je baise, je baise. Nous ne parlons pas boulot.

"Vous êtes arrivée à destination." Voilà la phrase que je n'entendrai pas cette fois. Car je viens d'avoir un accident. Une bestiole a traversé l'autoroute, et trop occupée à gratter mon effort supplémentaire de mon fournisseur, je n'ai rien tenté pour l'éviter. Le choc n'a pas été particulièrement violent, mais ma voiture se comporte de façon bizarre. Je raccroche, et serre le volant à deux mains pour l'empêcher de tourner en tous sens. Je ne vais pas pouvoir continuer, je suis forcée de m'arrêter. Je progresse tant bien que mal jusqu'au premier refuge, où je stoppe la voiture. Il est large, c'est une bretelle d'accès de secours. Je coupe le contact, et descends.

J'ai une réaction de recul. Outre les "traditionnels" dégâts, pare-chocs ou plutôt pare-rien du tout arraché, bloc optique détruit, enfin de ces pièces conçues pour casser parfois même seules et enrichir les constructeurs, j'ai droit à quelque chose d'aussi inédit pour moi que spectaculairement effroyable: ma roue avant gauche est intacte mais totalement de biais ! Aurais-je risqué ma vie ? Je respire lentement tout en faisant les cent pas, pour retrouver mes esprits, avant de me décider à utiliser la borne d'urgence. Je fournis le quintal de renseignements à l'individu à l'autre bout, assez machinalement. Je retourne m'asseoir dans la voiture en attendant la dépanneuse. Je ne risque pas de sur-accident, la voiture est suffisamment en retrait. Au pire on la prendrait pour une voiture-piège, avec un radar. J'en souris. Je dispose d'un bon quart d'heure avant d'être secourue, je rappelle donc mon fournisseur, lui extorquer un rabais supplémentaire me détendra. »

-MyLzz59-