« Mon téléphone sonne. Il me ramène à la réalité. C'est ma secrétaire qui me confirme qu'elle a pu faire toutes les démarches, et qu'elle a même repoussé mon rendez-vous à demain en fin d'après-midi. Une perle, elle. Pas comme ce Dumoudugland. Tiens, et si je les croisais ? Est-ce que ça le rendrait moins con ? Mouais, tu parles… Il serait capable de me la traumatiser, la p'tite. Et j'ai pas envie de me récupérer le Dumoudugland à la place de ma secrétaire, même avec la même mini-jupe ! J'acte ma décision en terminant mon verre cul sec. Me souvenir à jamais de ne pas récidiver. Ca a dû me trouer la panse, car le feu est descendu à mon entrejambe. Je me sens capable de m'empaler sur Hercule là sur la table. Viens-je de trouver un nouveau marché à ce breuvage ? Le tenancier s'enquiert de mon état. "Ouais, cool, ça c'est du raffiné ! Vous en vendez en jerric… pardon: en bouteilles ?", dis-je tout fort. Tout le monde rit, je ris avec eux. Je suis adoptée dans leur "communauté". Le patron vient me parler en privé, il me propose de passer demain pour lui acheter quelques bouteilles de son désherbant dentaire, à un tarif que même moi j'aurais honte de négocier. Marché conclu. Je ressors avec mon journal, que je fourre dans mon sac papier, avec ma nappe… pardon: mon foulard.
J'ai toute ma lucidité, enfin il me semble, mais le feu que son dissolvant m'a allumé est toujours présent. Hercule, prends garde à toi, même si pour cela je dois ensuite aller me faire recoudre d'urgence ! Je décide qu'il est préférable que je prenne un peu l'air. Tant pis pour les autres boutiques. De toute manière, excepté la boulangerie et la boucherie… Je ne vais pas m'acheter un saucisson sec, même pour l'échauffement ! Je ris tout bas, sans doute un effet secondaire de plus.
J'appelle ma secrétaire. J'ai encore une heure à tuer, je lui demande de réussir à localiser ce trou dans lequel j'ai atterri, et encore plus fort de me dénicher un truc éventuellement visitable. Bonne chance, Jim ! Figurez-vous qu'elle réussit à trouver quelque chose. Un vieil horloger, deux rues plus loin. Dans le fond de sa boutique, existe une sorte de petit musée que l'on peut visiter librement. Oh, pas très important, mais à voir. Le brave homme, toujours pas à la retraite qu'il sacrifie à sa passion, ne rechigne pas à vous narrer ses souvenirs de jeunesse devant les vitrines d'outils exposés, et sait vous communiquer ses bonheurs passés. Je repars avec un magnifique gousset en pendentif. Finalement, je commence à aimer ce village… Et sincèrement, les gens, passé leur rudesse de prime abord, ont l'accueil facile. Ca me change de la froideur de la ville.
Je retourne au garage. Je suis à peine arrivée dans le bureau, qu'Hercule me rejoint. Il remarque de suite la montre à mon cou. "Elle est magnifique", me dit-il, en la saisissant avec une délicatesse qui me sidère. Je lui raconte mes aventures, la nappe, le décapant à acheter demain, et ce bijou. Oui, finalement j'ai apprécié ce trou. Il sourit, puis m'abandonne pour aller fermer le garage. A son retour, il me porte mes affaires, et nous grimpons dans sa fourgonnette. Je ne regarde même pas la route, je ne peux m'empêcher de fixer son profil. Se sentant regardé, il tourne la tête à plusieurs reprises vers moi, et sans que ce soit une manœuvre de séduction intentionnelle je détourne alors le regard en souriant. Il est impossible qu'il n'ait pas capté le message sous-jacent, que j'ai envie de lui. Or, il n'entreprend rien pour m'en dissuader…
La fourgonnette s'engage sur un chemin de terre recouvert de cailloux, au sortir du village. J'aperçois une habitation. Nous sommes arrivés. Hercule descend en premier et m'ouvre la portière. J'imagine mal celle-ci défectueuse, c'est de la galanterie. Je lui souris en le remerciant, il répond à mon sourire. Le temps de reclaquer la portière, il a attrapé mes affaires à l'arrière. J'aurais bien aimé qu'il me tienne sous son bras, comme il tient ma valise, mais il est autrement civilisé. Il ouvre la porte de l'habitation d'un grand coup d'épaule, et m'invite à entrer. Ils ne ferment même pas à clé ?? C'est tout bonnement inconcevable pour moi, la citadine ! Nous sommes directement dans une grande pièce qui fait fonction de séjour, aucun couloir d'entrée. Il ne se déchausse pas, moi non plus. Je frotte avec application mes pieds sur le paillasson, bizarrement à l'intérieur. L'oncle n'est pas là, il nous rejoindra pour le souper. Hercule met un coup d'épaule à la porte qui se referme, et grimpe un escalier en bois, je le suis. A l'étage, c'est plus coquet. Moins spartiate. Plus de froid carrelage, mais de la moquette et du parquet. Davantage de mobilier aussi, alors qu'en bas je n'ai vu qu'une grande table, un buffet et une comtoise, tous en bois massif patiné. Hercule se déchausse sur le palier, au profit d'une paire de charentaises à carreaux. »
Hercule [Ch.05]


Mylène (MyLzz59)
8 commentaires:
Si elle continue, elle va nous le bouffer tout cru,"notre Hercule"!!! ;) Heureusement qu elle n est pas parti avec une fiole de liqueur alpestre ( si si ! j y tiens Delph' :D ! ....)...parce qu ils n auraient jamais atteint le palier....:p
....mais qu est ce qu elle va lui faire au chapitre suivant???
:* à vous deux...(les deux se reconnaitront facilement)
note à Delph': pour le ratafia, envoie nous en, juste pour voir l effet procuré...;) (c'est sûr qu'en Bourgogne ils savent élaborer des trucs buvables)
Bisous également, Taz :*
Rhôô, mais il ne s'est (encore) rien passé, là, juste un jeu de regards dans la fourgonnette :P
..Même si le liquide incriminé semble avoir quelque effet calorifique très localisé sur notre commerciale ;)
Pis puisqu'on en a parlé, voici donc la fameuse séquence :D
Prochains chapitres, probablement mercredi soir pour le Ch.6 et vendredi soir pour le Ch.7
..et histoire de ménager le suspense (tss..) le Ch.8 attendra mon retour de congés, le dimanche ou le lundi après Noël :)
:* encore,
-MyLzz59-
Merci pour le clip!!! :D
je n ai pu m empecher de le regarder ...2 fois... :p (ils vont bien les montagnards! :D)
bisous ..
on sera sage en t'attendant...
(Delph' aurait elle des vacs egalement?)
Coucou !,
On découvre un peu la part d'humanité de la commerciale. J'aime bien comme elle parle des gens du coin au final.
Une scène d'antologie que celle-ci :)
Pour le ratafia, dans le coin, je ne connais pas de producteur mais je peux toujours vous envoyer un peu de Génépi ;)
Oui j'ai aussi des vacances, du 23/12 au 4/01 et j'ai hâte qu'elles arrivent !!!
Bizz
Avé vous deux :)
Taz, c'est pas bô de se moquer, tss.. ;) Galopin, va :D
Bien sûr qu'elle est humaine, cette commerciale, m'enfin.. C'est juste qu'elle est ..commerciale, et citadine, manifestement d'une grande ville ! Mais elle a bon fond, si si croyez-moi ;)
C'est bien en cambrousse profonde (euh, pas trop quand même :P) que les gens ont su rester vrais, je suis bien placée pour le savoir :-/
Les grandes villes, et la RP en constitue un réel cas d'école, donnent lieu à de déviants comportements hélas généralisés, que sont le paraître, la fausseté, et la négation de l'autre. Des troupeaux de "tout-seuls" pratiquant le "ôte-toi de là que je m'y mette".. alors que la RP concentre 1/6 de la population totale de la métropole française x-(
Mais bon.. Bisous vous deux :*
-MyLzz59-
=> Delph': Ok, vas pour le Génépi!...(sans le crapaud, je crains l arrière-Gout!) :D
Mais dis moi, c est pratiquement les vacs scolaires ça! (Taz en mode jaloux) ;) t as bien de la chance :) profites en ... :)
=> Mylène: ..si elle a bon fond, on va te croire! ;)
sinon, je ne connaissais pas l'animal "le tout-seul" ..une brave bête vu la description!
bisous les filles.
:*
Je ne sais pas si ce sont les vacances scolaires Taz mais de toute façon, je n'ai pas le choix, elles sont imposées par ma boite.
Va pour le Génépi (sans le crapaud : heureusemenet car je ne sais pas où je l'aurait trouvé lol)
Tu m'enverra ton adresse .
Avé vous deux :)
=> Taz: Coâ ? Pas de crapaud ? ;)
Vi, le "tout-seul", le nuisible des villes.. :-/
=> Taz et Delph': Prêts pour le repas de la commerciale ?
(gros tss.. moi :D) -> par là..
Bisous :*
-MyLzz59-
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