Mirana [Ch.01]

<MESSAGE ORIGINEL>

Nouvelle année, nouvelle histoire..

Après "Le Basket", récit en 11 chapitres dans lequel une jeune supportrice qui a ce sport dans la peau mais pas les compétences pour le pratiquer va "flasher" sur un garçon mystérieux qui joue "comme un dieu"..

Après "Sable", histoire en 17 chapitres commencée au Pyla sur Mer, qui narre les aventures d'une lesbienne en vacances à la plage, et démarre un début d'après-midi, pour se terminer le lendemain dans l'après-midi également..

Après "Hercule", en 11 chapitres + un double épilogue, les péripéties d'une commerciale immorale et délurée qui va tomber en panne de voiture au beau milieu de nulle part, et faire la rencontre chez le garagiste d'un véritable colosse..

..voici donc la nouvelle histoire, intitulée "Mirana", une histoire plus courte (4 chapitres et un épilogue), écrite pendant ma semaine de congés de Noël (sauf l'épilogue), et qui a d'ailleurs pour thème, que d'originalité, ..Noël :P Elle débute en grande surface, où la narratrice, une jeune femme, est venue se perdre dans la foule des furieux tentant frénétiquement de boucler leurs derniers achats d'avant réveillon.. Une histoire différente des précédentes, mais ça vous le découvrirez au fil des épisodes ;) L'épilogue n'était initialement pas prévu, il me restait juste une ou deux idées en suspens, c'est ainsi que ce dernier a vu le jour.

« Pff… Quelle idée j'ai eue là… Armée d'un caddie vide je suis venue me jeter dans la gueule du loup. Nous sommes le 24 décembre, il est un peu plus de 19 heures, dans moins d'une heure tout va s'arrêter, aussi un monde incroyable d'agités courent frénétiquement dans toutes les allées, à la recherche de la chose qu'ils ont inévitablement oubliée et sans laquelle leur réveillon sera forcément gâché. Pour eux, chaque autre ne représente qu'un obstacle, un gêneur, un ennemi de leur Noël. Et moi je suis venue errer dans cet hypermarché maintenant, alors que je n'ai strictement besoin de rien. De rien, sauf peut-être de compagnie, et ça ne s'achète pas, même dans le plus achalandé des grands magasins. Je suis venue me leurrer, faire semblant d'être entourée, pour oublier l'espace d'un instant que je m'apprête à passer cette nuit de Noël seule. Ce n'est pas que je sois une louve solitaire, détestant la compagnie et n'ayant aucun ami, loin de là… Mais à cause de mon travail je n'ai pu obtenir les quelques jours de congés nécessaires pour effectuer sereinement la transhumance jusque chez mon cocon familial, dans un charmant petit village de campagne qui, à l'heure actuelle, doit avoir allumé ses chaleureux âtres fumants sous une épaisse et immaculée couche de neige. Une larme me monte, je respire profondément pour reprendre le contrôle de moi-même. A défaut, je passerai cette soirée avec ma télé, ma seule amie qui ne m'ait fait faux bond, préférant à juste titre la compagnie de ses parents. Enfin une amie… Un engin qui me vide de mes neurones et me pervertit de besoins artificiels distillés en boucle même au beau milieu de niaiseries faussement intellectuelles, culture de masse, plaisir d'acheter, joie de dépenser… Mon caddie est toujours vide, j'ai résisté à la tentation jusqu'ici. Même si je n'ai besoin de rien, il n'est pas improbable que je cède à la tentation, entraînée par cette frénésie acheteuse hautement contagieuse…

Aïeuh !! Je viens de me prendre un coup de caddie sur la cheville. Un gars d'environ la cinquantaine vient de me percuter, sans la moindre excuse. "Vous pourriez dire pardon, au moins !", lui balancé-je. "…asse", ai-je compris de ce qu'il m'a vaguement répondu sans même se retourner. Enfoiré… Je lui ai crié machinalement: "Impuissant !". Il s'est retourné et m'a lancé un regard noir. Ce qui m'incite à me piquer au jeu, je lui chante comme une enfant: "Impuissant, impuissant…" A un moment j'ai cru qu'il allait me mettre son poing dans la figure, mais devant l'attroupement il s'est ravisé et m'a juste re-proféré un "…asse", avant de s'en aller avec son caddie… Je suis contente de moi, je souris, et avance vers un autre rayon.

Mes pas me conduisent au rayon des chocolats de Noël, dans une allée encombrée de palettes de boîtes brillantes. J'y aperçois, à l'autre bout, un attroupement d'enfants au milieu desquels je distingue une personne adulte penchée, portant un serre-tête imitant des bois de renne. Je suis attirée, comme aimantée, par cette adulte, mon regard ne la lâche plus. Quand la volée d'enfants se calme, m'apparaît-elle dans toute sa splendeur. Perchée sur une paire d'escarpins fins, je suis sidérée par sa beauté. Des jambes fines et interminables, magnifiquement galbées dans des bas de fine résille. Mon regard remonte sur son corset vert sapin, sa taille de guêpe entourée d'un large ceinturon à boucle carrée, et son ahurissant décolleté pigeonnant. Non qu'elle ait une poitrine fort opulente, mais ainsi mise en valeur il est impossible de ne pas s'y intéresser. Cette jeune femme déguisée en renne de Noël, avec ses faux bois dépassant de son épaisse chevelure, son corps si finement dessiné dans cette tenue qui friserait l'indécence si elle n'était portée avec une telle grâce, et dont le travail consiste à offrir ses bonbons à titre publicitaire, m'attire de manière déconcertante, moi qui ne suis, du moins à ma connaissance, pas gouine. »

-MyLzz59-