Mylène écrit (http://mylene-ecrit.blogspot.fr)
 ( MàJ: 02/01/2014 )


Ceci est un Blog par Mylène (MyLzz59)

L'Improbable Vécu... [Ch.02]

« Certes la poussière de charbon s'infiltre partout, mais ce Nord n'en est pas gris-noir pour autant. Le chaud soleil d'été existe bel et bien, contrairement à ce qu'insinuent les présentateurs météo, le ciel bleu juste parsemé de jolis nuages blancs moutonneux d'altitude aussi, les chants d'oiseaux, les papillons virevoltant entre les arbres, dans les jardins, qu'aiment à entretenir les Mineurs pour se détendre le dimanche, ou ...leurs femmes la semaine. La femme qui ne travaille pas, car elle n'en a pas la nécessité, le Mineur, payé au rendement, mettant un point d'honneur à se montrer capable de faire vivre financièrement son foyer, la femme dont le métier est Femme de Mineur, qui tient on-ne-peut-mieux le logement de fonction, si modeste soit-il, qui s'occupe des enfants, de leur quotidien, de leur scolarité, qui fait les courses chez les commerçants chez qui l'information circule plus vite que dans les journaux, et surtout qui prie pour que la Mine lui rende son Homme sain et sauf ! La Femme de Mineur est aussi le lieu où le Mineur, alors que la force que son métier lui forge paraît le rendre aussi insensible qu'invincible, viendra se réfugier, en silence, sans larme, se réconforter. En silence aussi, elle lui fera comprendre bien plus que par tous les discours.

C'est dans ce décor, une maison des Mines toute en briques rouges entre lesquelles quelques rangées de briques blanches viennent apporter leur touche décorative, non pas une maison de Coron*, mais un peu plus cossue, avec une seule mitoyenneté, et dans une charmante petite rue en impasse terminée par un rond d'asphalte, qu'a grandi et vit toujours Mylène. Non, pas moi, elle, l'autre, celle de ce Nord parallèle. Celle qui, tout comme moi, traçait sur l'asphalte de ce rond des marelles, des maisons, et autres jeux auxquels elle jouait avec ses voisines, après l'école, dans cette rue en impasse où rien ne pouvait leur arriver, ni chauffard, ni individu mal intentionné... L'enfance de Mylène, à l'instar de la mienne, fut simple mais heureuse. Elle ne manqua de rien, ni matériellement car ses parents se sacrifiaient pour son bonheur, ni surtout d'amour parental. Mylène alla d'abord à l'école de son village, brave bâtiment sans âge, séparé en deux parties comme se plaisaient à le rappeler les deux gigantesques frontons, "Ecole de Filles" et "Ecole de Garçons", vestiges majestueux, surtout du haut de ses trois pommes pour un enfant, de l'époque d'avant la mixité des classes. L'Ecole avec ses Maîtres en blouse bleue ou grise, les maisons du Directeur et de son adjoint à l'intérieur de l'enceinte.

Mylène travaillait bien à l'école, et faisait la fierté de ses parents, ainsi que la jalousie du "bon" tiers de sa classe qui tentait comme une sorte de compétition implicite de lui ravir sa place de première de la classe. Quand il était "du matin", son Papa rentrait en milieu d'après-midi de la Fosse, et une fois sa sieste réparatrice faite, il était d'attaque pour prendre la relève de son épouse quant aux devoirs scolaires. La joue contre son bras, comme l'a chanté Pierre Bachelet... Première "rupture" dans la jeune vie de Mylène, l'entrée au collège. Oh, il n'était pas au bout du monde, juste à une dizaine de kilomètres, mais pour la première fois, le repas du midi n'était pas à la maison, car l'école était située à moins de deux cents mètres de distance. Première fois sans le repas en tête-à-tête avec Maman, et ses repas "à la carte", sa façon de se mettre en quatre..., premiers trajets en bus aussi, et quel plaisir que d'apercevoir parfois le break familial garé devant le collège ! Collège qui le temps de dire ouf! fit place au lycée. Un lycée dit "poubelle", mais dans leque Mylène, toujours poussée par son salutaire objectif de réussite inculqué par ses parents, évolua sans mal, évitant les coins glauques où avaient lieu, disait-on, de ces choses, roulant sa boule jusqu'à son baccalauréat "maths et technique".

L'enfance de Mylène ressemble énormément à la mienne, très peu de choses diffèrent. Essentiellement les Mines. Alors que celle de mon village fermait quasiment à ma naissance, celle de cette Mylène continua, ainsi que toutes les autres, son exploitation. De la fenêtre de sa chambre, elle pouvait admirer le couple de Chevalements*, fiers édifices de métal surplombant "le Trou*", avec leurs Molettes* jamais bien longtemps immobiles. Les Molettes*, ces immenses roues, presque dix mètres de diamètre, les poulies au sommet de la machinerie d'ascenseurs appelés Cages*, utilisés tant pour les Hommes que le matériel et le charbon, et faisant le lien entre le Jour*, la surface, le sol, l'air libre, et le Fond*, différents niveaux d'exploitation, plusieurs centaines de mètres plus bas. Son Papa en parlait peu, mais parfois il se mettait à raconter des histoires, des anecdotes. Fascinée par ce monde qu'elle ne connaissait pas, Mylène écoutait, tentant de s'inventer les images pour illustrer ces récits...

A plusieurs reprises, lors de trous dans l'organisation scolaire, Mylène eut la chance d'être autorisée à accompagner son Papa au travail. Oh, pas au Fond*, évidemment ! Son Papa, avait lui aussi fait son bonhomme de chemin, et d'ouvrier Mineur valeureux, il était passé par Porion*, Chef-Porion*, etc..., sévère mais juste, craint mais aimé et respecté, comme elle avait pu en avoir la confirmation encore bien plus tard, de la bouche même d'un petit vieux qui avait travaillé sous ses ordres, et de sa femme... Fière de ses parents, Mylène l'a toujours été, et le restera toujours. Son Papa avait quitté le Fond*, et occupait un poste à responsabilité, sur les installations de surface, du Jour*. Il ne restait jamais bien longtemps d'affilée à son Bureau, partait régulièrement en vadrouille dans tel ou tel atelier, armé de son stylo... Mylène aima de suite cette ambiance étrange, ces bureaux aux hauteurs de plafond vertigineuses, où l'écho était roi. L'ancestrale photocopieuse à ammoniaque qui lui déboucha les narines lorsqu'elle tenta de l'utiliser, la première fois, les registres au papier jaune, le mobilier d'époque... L'activité depuis la fenêtre, tous ces bruits de machines, partout.
»

La Suite dans le Chapitre 3..
-MyLzz59-

6 commentaires:

Stéphane a dit…

:-)
réel plaisir de te voir te confier ainsi.
de ce que je peux lire entre les lignes ,j ai le sentiment que la part de fiction est ténue....
j attends le troisieme episode avec impatience....;-)

zeste de fille a dit…

Pareil que stephane: plaisir de te voir bla bla bla, sentiment que la part de bla bla bla, j'attends avec impatience bla bla bla...
C'est un peu vache dans la vie de l'autre Mylène de faire continuer les mineurs... même si l'on voit l'admiration que tu leur portes, ils n'avaient pas un travail facile... s'il te plaît, ne les fais pas continuer à souffrir trop longtemps!!

margouillat a dit…

Hello,

Woaaaou !
Il est clair que tu as un certain don pour l'écriture...
Très prometteur ce "roman-feuilleton"
Vivement le troisième chapitre :-)

Bisous,
Margouillat

Leïla a dit…

Tu devrais nous écrire un roman !!!
Je VEUX la suite ... quand es-tu en vacs, toi ? Ou tu écris le soir après le taf maybe ??

Bizzzz

PS: quelque lesbienne dans le coin ? (Ok ne râlez pas trop fort, je risque de vous entendre !)

MyLzz59 a dit…

MERCI, MERCI, MERCI !!!

A Stéphane: hé hé hé ..

A Zeste: admiration n'est pas le mot. Profond respect serait plus exact. Un vrai métier, qui aide à relativiser sur les nôtres..

A Margouillat: ;-)

A Leïla: sauf imprévu, ça pourrait en prendre la tournure.. Cette histoire n'en est qu'à son début, je vous ai concocté ça avant-hier soir, jusqu'à ..2h du mat' (tss..), le reste n'est encore qu'une ligne directrice avec laquelle s'amuse mon araignée au plafond, dans ma p'tite tête. Des vacances ? Chuis pas instit, moâ..

Vu l'accueil réservé à ce texte, je vais vous faire un aveu: j'ai un certain nombre d'histoires de différentes tailles en stock, certaines jusqu'à vingt ans d'âge ! J'en distillerai dans cette rubrique, entre deux.. Vi, Leïla, avec des.. ;-D

Bisous !!
-MyLzz59-

Niko a dit…

En lisant ton texte, j'ai eu une soudaine envie de boire un grand verre de limonade..."moco orange, moco citron"... "luana"..." regalus(je crois que celle-ci était fabriquée à Harnes)... la suite, la suite, la suite!!!