Mylène écrit (http://mylene-ecrit.blogspot.fr)
 ( MàJ: 02/01/2014 )


Ceci est un Blog par Mylène (MyLzz59)

La Blonde Amoureuse [Ch.05]

« Ce soir-là, nous étions de nouveau pleine lune. Je m’en foutais carrément, je l’avais juste noté car il faisait étonnamment clair, sur le trajet qui me conduisait vers le bar où je m’attendais à passer une partie de ma nuit pour rien.. Une petite voix intérieure me soufflait bien que tout était perdu, que je devais admettre que je l’avais perdue, et que c’était entièrement ma faute, ou que peut-être plus logiquement rien de tout ça n’avait réellement existé, que la fille blonde n’avait pris corps que dans mon imagination galopante de fêlée de compétition, et que je courais après ma propre chimère.. Mais je m’accrochais, je ne pouvais me résoudre à laisser tomber maintenant, après tant de nuits.. Cette petite voix était pourtant, j’en avais conscience, la véritable voix de la sagesse, la voie de la sagesse.

Au moment où je tournai dans la rue du bar, j’entendis un hurlement de loup. Un loup, maintenant, en pleine ville.. Ma fille, ta santé mentale ne sera bientôt plus qu’un lointain souvenir, me dis-je, sans doute même tout haut. Sûre de ne pas l’avoir rêvé, je me convainquis que ce n’était qu’un chien errant qui saluait ainsi la lune.

Un frisson me prit face à la porte du bar. D’habitude de la musique s’échappait à l’extérieur, audible jusqu’à une dizaine de mètres, et là pas un bruit. Ni musique, ni même un son "normal" de ville comme une voiture, une porte, rien. Silence total. Mes yeux scrutèrent frénétiquement en toutes directions. Rien, comme si j’étais la seule âme à la ronde. Pas même un souffle de vent..

Mon attention fut alors attirée au bas de la porte du bar. Une brume commençait à s’en échapper, et avançait vers moi, lentement. Je fus d’abord rassurée, repensant à celle que j’avais notée le premier soir, et qui ne s’était plus manifestée depuis ma sortie de claustration. Pourtant, cette brume-ci était différente. Elle n’avait pas la bonhomie rassurante de l’autre, pas sa luminosité. Celle-ci était grise et froide, éteinte. J’avalai ma salive, et me décidai à entrer. Puisque j’étais venue jusqu’ici, et qu’en plus il se passait quelque chose d’inhabituel par rapport aux nuits précédentes qui furent hélas des plus banales, je voulais croire que c’était bon signe, bien que ledit signe ne me parut point des plus engageants..

A peine la porte poussée, quelle ne fut ma stupeur ! La salle, déserte, n’était que faiblement éclairée que par quatre ou cinq des spots qui fonctionnaient encore, le lieu avait l’aspect d’avoir été laissé à l’abandon depuis des années.. Sous une couche de poussière grisâtre, et envahi de vieilles toiles d’araignées noircies, le mobilier à moitié détérioré, renversé, portait encore çà et là quelques verres et bouteilles dans le même état délabré. Au premier constat, même pas l’ombre d’une bestiole vivante, d’une araignée ou d’une souris.. Mes yeux cherchèrent au loin, vers le fond, le pêle-mêle, et ne le virent pas.

C’était pourtant bien le même bar, dans la bonne rue, la disposition intérieure était sensiblement pareille.. J’étais sûre qu’hier encore il y avait du monde ici, que moi-même j’y ai passé la nuit, au comptoir, à attendre désespérément la fille blonde. Enfin, étais-je encore sûre de quelque chose, moi ? A n’en point douter, seule ma grande logique me sauva cette fois-ci encore de la camisole qui me guettait : si ce lieu, à en juger par son aspect, était abandonné depuis tant d’années, pourquoi y avait-il encore de l’éclairage ? Etait-il resté ainsi depuis tout ce temps ? Etonnant déjà que l’électricité n’ait pas été coupée depuis, tout comme la durée de vie de ces ampoules restantes.. Je me rassurai de constater que j’avais encore quelques neurones qui ne m’avaient pas trahie. Cette réalité-là n’était donc pas la bonne, en tout cas ne me convenait pas. Je fermai violemment les yeux, et secouai la tête de gauche et de droite, comme pour effacer cette vision "apocalyptique" du bar.
»


(publié sur FG le 15/05/2008 à 20h31)

-MyLzz59-

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