"Discipline stricte et travail acharné
triomphent de toutes les difficultés",
tel était le slogan de ces deux séries dites de "télé-réalité" basées sur l'immersion d'une classe de cancres de compétition dans le système scolaire des années 1950 puis 1960, les Pensionnats de Chavagnes puis de Sarlat. Si vous avez loupé ces émissions, je vous recommande d'en chercher des extraits vidéo sur le net, ne serait-ce que pour faire connaissance avec le "monsieur propre" des lieux, Mr Bernard Navaron.

Mais en dehors de ces émissions (qui laissent à réfléchir sur la qualité de l'enseignement actuel, où le lire-écrire-compter n'est plus qu'un lointain souvenir) existent réellement des stages de remise à niveau durant les vacances d'été, où des élèves plus ou moins volontaires s'isolent en internat l'espace d'un mois, histoire d'asseoir des connaissances trop fragiles, voire réapprendre à apprendre, dans un environnement plus propice à la concentration.
Retrouvons dans l'un de ces pensionnats, juché à la périphérie d'une petite ville perdue quelque part dans l'une de nos belles campagnes, une jeune étudiante, la narratrice, qui semble fort attachée à ses parents, mais ne pourra communiquer avec eux qu'unidirectionnellement, par des messages audio, comme une sorte de journal intime, enregistrés à leur attention depuis des cabines individuelles prévues à cet effet.
Rem: j'ai choisi de nommer ces cabines "box", au sens des boîtiers modem internet, et non "boxes", petits espaces individuels, imaginant les parents accédant à l'écoute de ces messages via un ordinateur ou un serveur vocal téléphonique..
Journal Audio [Ch.01]
"Micro, 1… 2… {Tap, tap} Je parle dedans, c'est ça ? Marrant, ce concept façon journal intime. Et donc, nos parents peuvent venir les écouter en se connectant sur le site internet du camp, mais nous on est coupées du monde ? Ah flûte, ça enregistre déjà… Heureusement je n'ai pas (encore) dit trop de bêtises ! Bon allez, je me lance… Chère maman, cher papa, nous venons d'arriver au camp d'été. Comme prévu, le bâtiment, un ancien internat, est d'une austérité à vous glacer le sang, mais le peu qu'on ait vu du paysage sur la fin du trajet nous laisse espérer de belles balades ! Nous avons quartier libre, mais dans l'enceinte de la prison… non je plaisante, de l'internat, tandis qu'on nous prépare les attributions des chambres. A ce que j'ai compris, elles sont grandes comme des cellules, et nous serons deux filles par lit double. Papa, maman, je vous embrasse très fort. Bon, j'appuie là ?"
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"Papa, maman, je profite des quelques minutes avant le couvre-feu pour vous envoyer un nouveau message. J'essaie d'imaginer la réponse que vous m'enverriez, si cela était possible, ça adoucit la séparation en me donnant l'impression que vous êtes proches de moi. Ca y est, on nous a attribué nos cellules, et on nous a sommées de faire le lit et ranger notre bazar dans le placard. Une inspection sera faite chaque semaine, mais ils ne nous ont pas dit quel jour. Papa, je t'imagine en plein fou rire, et j'en souris moi-même, du moins pour l'instant ! Ma codétenue a l'air gentille, elle a juste quelques mois de plus que moi, car elle a déjà fêté ses dix-neuf ans. Voilà, je dois vous laisser. A demain, je vous embrasse de nouveau très fort."
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"Papa, maman, je vous fais un petit coucou très …matinal ! En fait, je ne m'attendais pas à ce qu'on nous réveille si tôt, en plus un dimanche… J'espère que la journée ne sera pas trop rude, j'ai peu dormi. C'est qu'Annick, ma codétenue, est un peu trop… comment dire… câline ! Tout en dormant, elle devait rêver de son copain, vu ce qu'elle a marmonné… Quant à moi, j'ai passé une partie de la nuit à la repousser gentiment. Ce soir je vais essayer de le lui en parler, mais je ne sais comment procéder. Bon dimanche à vous."
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"Pff, quelle journée… On l'a passée à courir partout, en guise de bienvenue on a eu droit à différents jeux d'équipes, foot, volley, heureusement qu'Annick, ma codétenue, était dans mon camp ! Comment fait-elle pour ainsi déborder d'énergie ? J'espère que ça l'aura calmée, car de toute façon j'ai l'intention de dormir, cette nuit, pas de la repousser, tant pis pour moi sinon… Je vous embrasse très fort, et vais tenter de devancer le couvre-feu…"
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"De nouveau on a été réveillées presque avant le soleil, car ce matin on a comme ils disent 'inauguré les bancs de cette école de grandes filles', en fait l'espace de quelques heures j'ai eu l'impression d'avoir remonté un siècle d'existence ! Avec sa blouse grise, l'enseignant m'a semblé 'diffusé' en noir et blanc, il ne manquait plus que les rayures sur la pellicule et on y était ! Bon, j'arrête de dire des bêtises, car le cours de maths m'a paru durer tout un siècle… Je sens que je vais rêver d'équations, ça me changera des mains baladeuses d'Annick. Je vais tenter de lui parler tout à l'heure. Bonne nuit, mes yeux ont du mal à rester ouverts…"
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"Cher papa, chère maman, cette journée aura été plus calme que la précédente, avec un peu de français et quelques rappels d'histoire. Et cet après-midi, on a eu quartier libre aux abords de la forêt. Je me suis assise sur un tronc, dans une petite clairière, et j'ai sans doute somnolé un peu. Annick a collecté pour nous deux, différentes feuilles et fleurs, que l'on collera dans notre herbier, une fois séchées. Finalement, sous ses airs bourrus, elle est adorable, Annick… A demain, je vous aime."
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"Mes chers parents, je vous fais un petit coucou ce matin, car le programme d'aujourd'hui c'est balade en forêt. Nous rentrerons a priori tard, aussi nous ne pourrons probablement pas utiliser les box d'enregistrement ce soir. Au lit directement après la douche… Nous démarrerons dès que le pique-nique aura été chargé dans la charrette à âne, non non je ne plaisante même pas ! Nous venons de tirer au sort les équipes, Annick a été désignée, et m'a choisie comme binôme. Remarquez, si ça avait été moi, je l'aurais sûrement choisie aussi… Oups, on nous appelle, je file. Bisous !!!"
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"Mes chers parents, deux jours bien différents se sont écoulés depuis mon dernier message ! Je passe rapidement sur aujourd'hui, vous l'aurez compris, la matinée se sera jouée au millénaire dernier, hantée de tracés géométriques et de symboles s'ajoutant ou se soustrayant, qui auront fait passer le cours d'histoire de cet après-midi pour de la science-fiction… Mais mon aversion pour les maths est forcément pour beaucoup dans mon jugement. Bon, passons, et revenons à hier, la journée en forêt. Si le matin a été consacré à une marche censée être instructive, les essences d'arbres et autres mousses préhistoriques, nos geôliers nous ont concocté une sorte de jeu de piste où il fallait résoudre des énigmes dissimulées sur une large zone, pour tantôt connaître l'emplacement des autres énigmes, tantôt glaner des mots. Annick et moi avons essayé de jouer le jeu, mais très vite nous avons décroché, et nous sommes isolées pour profiter de cette magnifique journée. Annick a trouvé, en escaladant un arbre penché, une orée couverte d'herbe tendre et de fleurs, un peu à l'écart de la zone de jeu. J'ai d'abord été réticente, mais comme elle me tenait par la main je lui ai fait confiance. Elle a ôté ses hauts pour 'honorer le soleil', selon son expression, moi je n'ai pas osé. On est restées allongées là, dans les parfums des fleurs, jusqu'à ce que les sifflets des enseignants sonnent la fin du jeu. Je me demande si je ne vois pas en Annick la grande sœur que je n'ai pas… Mes chers parents, j'ai beaucoup parlé ce soir, mais j'avais pour ma défense deux jours à vous conter ! Je vous embrasse et me dépêche de rejoindre Annick avant le couvre-feu…"
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"Chère maman, cher papa. Plus qu'une nuit et une demi-journée avant le week-end, mais demain matin il nous faudra subir deux contrôles surveillés, dont un de maths. Je vais donc passer une soirée studieuse, à tenter de mémoriser ces satanées formules, à défaut de les comprendre. L'instituteur, enfin je l'appelle ainsi car il semble appartenir à une époque révolue, avec sa blouse grise, ses craies plein ses poches, et son matériel de traçage en bois peint en jaune, nous a soufflé quelques 'pistes' dont je me méfie, elles m'embrouillent plus qu'elles ne m'aident… Tiens, papa, tu aurais adoré le cours de géographie, en fait de géopolitique à en juger son contenu ! Autre chose, j'ai questionné Annick quant à son copain, et ses manies câlines, mais je n'ai réussi qu'à la faire rire. Remarquez, j'apprécie de passer la nuit lovée dans ses bras, ça me donne l'impression d'avoir, quelque part, moi aussi un copain, mais sans les 'inconvénients' dont vous me serineriez forcément, n'est-ce pas ? Bon je file, j'ai une bataille à mener contre de méchants théorèmes. Bisous !"
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"Mes chers parents, c'est bientôt l'heure de la cantine, mais je n'ai pas faim. Je crois que ce sont les questions du contrôle de maths qui m'ont coupé l'appétit, ou qui m'ont gavée. Comme prévu, ça n'avait aucun rapport avec les 'pistes' de ce fourbe d'un autre temps… Annick n'a guère d'illusion non plus quant à la note qu'elle peut espérer, mais elle le prend avec davantage de détachement que moi. J'ignore ce qui l'a poussée dans ce camp, loin de son copain dont elle ne parle pas vraiment, sauf en dormant, ce ne sont apparemment pas ses parents, et encore moins l'amour de l'école ! Mais elle semble heureuse, et elle me le communique peut-être même malgré elle. Rencontrer Annick aura été la révélation de ce camp d'été, j'espère de tout mon cœur que je garderai cette grande sœur une fois le camp terminé. Ah, ça sonne, j'ai trois minutes pour rejoindre les rangs. Je vous embrasse !"
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"Une agréable surprise nous a été réservée cet après-midi, mes chers parents ! Nous sommes 'descendues' au village voisin où était organisée une kermesse à l'ancienne. Je suis beaucoup moins douée à la pêche aux canards flottants qu'Annick à la carabine à plombs. Elle a fait exploser tous les bâtons de craie, et a collecté une grosse quantité de 'bons points', qui lui ont valu de faire tourner deux fois la roue aux cadeaux, sur le stand voisin. Elle a gagné une magnifique mandoline vernie dont elle ne sait hélas pas jouer, et un divin ourson en peluche, une reproduction d'époque, qu'elle m'a offert. J'ai eu plus de chance aux tickets de loterie à dérouler, j'ai remporté deux bons pour des photos, et on s'est empressées d'aller poser, Annick et moi, derrière des panneaux peints dans lesquels il fallait passer la tête. On les a pris au hasard. Le premier représente un couple en tenue de plage d'époque, le monsieur avec sa combinaison à rayures pour Annick et une énorme bobonne pour moi. L'autre photo ce sont des mariés sortant de l'église. Encore une fois Annick s'est retrouvée en monsieur. Forcément, elle a pris le trou le plus haut. Quand on a récupéré les photos en noir et blanc, quelques minutes plus tard, on a été prises d'un violent fou rire ! Annick semble préférer la photo avec les mariés, je crois que j'hériterai de l'autre. C'est l'heure… A demain, je vous aime."
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"{Bâillement} Pardon, mes chers parents, mais je ne tiens plus debout. Ce n'était pas, dimanche dernier, une guise de bienvenue. Le dimanche est manifestement consacré aux sports d'équipe. Aujourd'hui j'ai voulu participer de mon mieux, malgré mon incompétence avérée, pour le plus grand ravissement d'Annick, qui elle aussi s'est démenée. On a gagné toutes les parties, ou les matches je ne sais plus, essentiellement grâce à elle. {Bâillement} Pardon encore, mes chers parents, là je n'aspire plus qu'à une seule chose, me blottir dans les bras d'Annick pour une bonne nuit réparatrice. Je vous embrasse très fort, à demain…"
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"Cher papa, chère maman. Voici donc entamée la seconde semaine de captivité au camp d'été, avec ce matin la restitution de nos 'œuvres' de samedi dernier en maths. Sept et demi sur vingt, comme attendu rien d'extraordinaire, mais il s'agit là, maigre consolation, de la seconde meilleure, enfin je devrais dire 'moins pire' note de notre classe ! Nous devons donc nous préparer à subir un nouveau contrôle samedi prochain, d'où ces intonations de grande joie fort intériorisée dans ma voix. Ca ne le méritait pas, mais Annick m'a félicitée en me gratifiant d'un moelleux bisou sur la joue, ce midi. Elle non plus, ne s'est pas trop mal débrouillée, avec son cinq elle est a dépassé la moyenne de classe… A propos d'Annick, justement, je me suis étonnée auprès d'elle de ne jamais la voir utiliser ces box d'enregistrement, ne serait-ce que pour laisser des petits messages à son copain, ce qu'à sa place j'aurais fait, et encore une fois je n'ai eu pour seule réponse que son rire amusé. Selon elle je serais 'trop sentimentale', mais je suis convaincue qu'elle l'est aussi, comme en témoigne son côté protecteur vis-à-vis de moi… Ce soir, comme l'a conseillé le prof' de maths, je vais m'appliquer à retravailler le devoir de samedi dernier, à partir de la correction que j'ai soigneusement notée. Voilà, mes chers parents, vous savez tout. Bisous, et à demain !"
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"Mes chers parents, je n'ai pas pu déposer de message hier, à la suite d'un problème de connexion qui a rendu les box inutilisables quasiment jusque maintenant. De toute manière je n'aurais rien eu de très passionnant à vous raconter quant à la journée d'hier, entre l'eau pure qui bout à cent degrés au niveau de la mer, et les interminables conflits entre différentes provinces, prompts à ne divertir que des garçons alors que notre camp n'accueille que des filles, le seul bon côté était qu'il n'y avait pas de maths au programme… Cet après-midi nous a rassérénées, nous sommes retournées en forêt pour une autre partie d'énigmes à laquelle nous n'avons pas participé, Annick et moi, qui avons préféré l'orée fleurie découverte la semaine dernière. Comme je venais de me laver la tête la veille au soir, je ne tenais pas à m'allonger à même le sol, aussi Annick m'a-t-elle suggéré une solution plutôt …incongrue, mais fort confortable, poser ma nuque entre ses jambes repliées, pour ainsi protéger mes cheveux… Je me dis que si elle est aussi attentionnée avec son copain, alors c'est un chanceux. Tout comme moi je suis chanceuse qu'elle m'ait ainsi prise sous son aile ! Nous avons regardé passer de hauts nuages blancs, et avons joué à leur trouver des ressemblances avec divers animaux ou objets, jusqu'à ce que je finisse par m'endormir, tant je me sentais bien… Mes chers parents, je dois libérer la place, avec la panne d'autres filles l'attendent. Je vous embrasse."
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"Mes chers parents, je vous laisse ce message fort tardif, car l'inspection promise à notre arrivée a eu lieu cet après-midi, pendant que nous étions en cours. Enfin, je dis 'inspection', je devrais davantage parler de 'tornade destructrice', car toutes les chambres ont fini sens dessus dessous, et après un sermon collectif dans la cour du pénitencier, nous avons été sommées de tout remettre en ordre, des 'contre-visites' au hasard, mais qui n'ont pas concerné notre cellule, ayant été promises. Non Papa, ce n'est pas drôle ! Accessoirement, j'ai poussé Annick à changer les draps, aussi ce soir nous dormirons dans une couche toute neuve et qui sent bon le …sachet de lavande que j'avais glissé dans le placard, merci Maman ! Bon, c'est quasiment l'heure du couvre-feu, je file. Bisous !"
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"Cher papa, chère maman. J'espère que vous avez eu meilleur temps que nous, car ici il a, pour la première fois depuis notre arrivée, fait mauvais temps. A la veille du week-end, c'en est déprimant. A l'approche du nouveau contrôle de maths aussi, faut-il y voir quelque mauvais présage ? Je plaisante, bien sûr… J'ai découvert une autre facette d'Annick, qui m'a dit aimer les chaudes pluies d'été, il paraît même que chez elle, à l'abri des regards, elle aime se promener dehors, en tenue plus que légère, sous la pluie battante. Vu qu'elle aime se dénuder au soleil, comme encore avant-hier quand nous étions dans notre orée fleurie, pourquoi pas sous la pluie aussi ? En plus, cela ajoute à son côté mystérieux qui me fascine chez elle… Mes chers parents, je vous embrasse très fort. A demain, en souhaitant qu'il fasse meilleur qu'aujourd'hui !"
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"Mes chers parents, depuis hier il ne fait que pleuvoir. A tel point que les activités prévues cet après-midi ont été annulées, à la place nous aurons quartier libre en intérieur, accès à la salle de jeux de société, la bibliothèque, ou permission de rester dans les chambres à condition toutefois de respecter l'heure du repas, ce soir. Annick a serré ma main au moment de cette dernière proposition, aussi je lui tiendrai compagnie dans notre chambre. Ce sera je pense l'occasion pour moi de mieux la connaître, si elle daigne s'ouvrir à moi… Ah oui, quant au devoir de maths, sans vouloir m'avancer au point de susciter de fausses joies, j'ai bon espoir que le travail que j'ai fait à partir de la correction du précédent ait porté ses fruits. Sans doute à ce soir, mes chers parents, je vous aime."
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"Toutes mes excuses pour ne pas vous avoir laissé de message hier soir, c'est que nous nous sommes retrouvées sans électricité à cause du bel orage qui a éclaté en début de soirée. Le courant n'a été rétabli que ce soir, ce qui a obligé le personnel de la cantine à nous préparer des paniers pique-nique à la place des repas. J'en viens à remercier la météo, car ces casse-croûte improvisés étaient vraiment bons, eux… Cet orage a eu un autre effet bénéfique, celui de nous avoir rapprochées encore davantage, Annick et moi. Nous avons un peu discuté, mais ce n'était pas ce que nous avons fait le plus. Annick est une fille qui vit le présent sans s'embarrasser de ces choses qui pourrissent le quotidien, et plus j'apprends à ses côtés, plus je l'admire pour cela. Par exemple, quand je l'ai de nouveau interrogée sur son copain, après son habituel rire, elle s'est levée, s'est approchée de moi, m'a attrapée par la nuque, et m'a délicatement collé sa langue dans la bouche. Je sais que je ne devrais pas vous raconter cet épisode pour le moins …spécial, mais j'ai besoin que vous compreniez combien l'étrange personnalité d'Annick m'est bénéfique, vous qui m'avez tant 'reproché' à mots couverts mon propre manque de personnalité ! Eh oui papa, je suis peut-être timorée, mais pas aveugle… J'ai même surpris Annick, non seulement en répondant de mon mieux à ses assauts labiaux, mais aussi en l'entourant de mes bras pour que ce moment magique se prolonge encore et encore ! Elle m'a fait ressentir des choses dont je ne soupçonnais pas l'existence, cette boule froide et chaude dans le ventre, cette impression simultanée de manquer d'air et d'avoir paradoxalement trop d'oxygène, ce fourmillement dans les jambes sans craindre de tomber, mais surtout cette certitude d'avoir fait un grand pas vers le monde adulte… Tout comme elle m'a aussi appris à ne plus avoir peur de l'orage, elle qui pourrait rester des heures à regarder les éclairs déchirer le ciel nocturne. Elle m'a amenée devant la fenêtre, a fait glisser au sol ma chemise de nuit, et dans le même appareil s'est collée derrière moi, couvrant mon cou de baisers, et baladant ses mains un peu partout sur moi. Ainsi elle m'a montré comment remplacer mon appréhension de la colère céleste par le souvenir de sensations bien plus douces, bien plus agréables ! Pardon, mes chers parents, j'en frissonne encore à vous le narrer. Je vous embrasse très fort, et file retrouver ma nouvelle grande sœur."
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"{Pleurs} Désolée de vous infliger cela, mes chers parents, mais je ne suis plus que larmes, tant je suis effondrée par ce qu'il vient de se passer cet après-midi. Le directeur est entré dans la salle de cours, sans même nous saluer, et a ordonné à Annick de le suivre, sans plus d'explication. Je suis remontée dans la chambre dès que j'ai pu, pour constater que toutes ses affaires avaient été déménagées. En fouillant, j'ai trouvé son mot, sur un papier chiffonné: 'Dénonciation, Punition, Reviendrai, Courage, Love, Annick.' {Pleurs} Si je tenais celle qui est à l'origine de cette séparation, je pense que je serais capable du pire. Je vais me trouver un coin tranquille pour essayer de me reprendre, ce qui est sûr c'est que je n'irai pas à la cantine, tant ça m'a coupé l'appétit, et de plus je ne souhaite croiser personne. {Pleurs} Peut-être à tout à l'heure, je ne sais pas…"
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"Me revoilà, mes chers parents. Ma petite enquête a progressé bien malgré moi, car comme je ne me suis pas présentée à la cantine, le personnel enseignant est allé à ma recherche jusque dans le recoin où je m'étais réfugiée. De là, je me suis retrouvée emmenée chez le directeur, qui a essayé de me faire 'avouer' qu'Annick aurait eu à mon encontre des 'comportements inadmissibles'. J'ai demandé en quoi la façon dont Annick prenait soin de moi aurait été 'inadmissible'. Et là je l'ai entendu me citer des paroles que je vous avais enregistrées hier !!! Je suis alors entrée dans une colère dont je ne me serais jamais crue capable, menaçant d'aller trouver la police, et je-ne-sais-plus quelles autres choses, tant le flot de mes paroles dépassait ma pensée… Mes hurlements ont alerté quelques enseignants, qui ont parlementé afin de me calmer. Moi je voulais savoir pourquoi mon message qui n'était destiné qu'à vous, avait ainsi été espionné pour nuire à Annick. J'ai une entière confiance en vous, mes parents, je ne me permettrais pas de supposer que vous seriez intervenus pour me séparer d'Annick. Il me reste donc à trouver si nous avons été victimes d'une de ces petites connes outrée ou jalouse, qui m'aurait entendue durant l'enregistrement, et serait allée 'fièrement' annoncer sa trouvaille, ou si ce sont ces préhistoriques en blouse grise qui en écoutant des messages d'ordre privé ont honteusement outrepassé leurs attributions. Qui que ce soit, je m'en occuperai. Et si ce message est lui aussi espionné, ce que j'espère, qu'il ou elle sache qu'il lui vaudra mieux dès lors ne pas me croiser. Oui c'est une menace. Aux pleurs a succédé l'envie de vengeance. J'accepte volontiers de sacrifier la moitié de mes vacances pour me remettre à niveau avant la rentrée scolaire, mais sûrement pas dans ces conditions, sûrement pas pour subir de telles mesquineries et me retrouver à souffrir de la sorte ! Et même si plus j'y songe moins je comprends la nature du lien qui s'est établi entre Annick et moi, je sais qu'il est trop fort pour pouvoir être détruit. Du moins sans avoir à me détruire pour y parvenir ! Mes chers parents, mes paroles me font peur à moi aussi, mais je suis convaincue de l'obligation de ma démarche. C'est également pour cela que je vous précise de ne pas vous étonner si dès demain le directeur vous appelle pour vous prévenir de mon refus de suivre les cours jusqu'à ce qu'Annick me soit rendue. A demain peut-être, mes chers parents. Sachez que je vous aime très fort."
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"Mon cœur est empli de joie, mes chers parents, j'ai fait hier ma première grève, en refusant d'assister aux cours comme je vous l'avais annoncé. Immanquablement, en fin de matinée, l'on est venu me chercher dans ma chambre, et j'ai atterri de nouveau chez le directeur. J'ai eu droit à un magnifique numéro d'intimidation, avec diverses menaces qui ne méritent guère d'être reportées ici, ainsi que des cris. Je suis restée sagement sur mon siège, attendant patiemment qu'il cesse son monologue et me donne la parole. Intérieurement je n'en menais pas large, mais je n'en voulais rien laisser paraître. Et j'ai dit: 'Puis-je me permettre de vous rappeler que ceci n'est pas une école mais un camp de vacances, auquel j'ai choisi de participer de mon plein gré, pensant y trouver un environnement propice grâce auquel je pourrais me remettre sereinement à niveau en vue de la rentrée scolaire à venir, réelle, elle'. Comme il a rouvert la bouche mais ne trouvait pas ses mots, j'ai enchaîné en expliquant que le climat actuel de délation et de sanction injustifiée ne correspondait plus à mes attentes, et que s'il devait se prolonger ma place en ces lieux perdrait tout sens. Évidemment je me suis faite traiter d' 'effrontée', et Annick de 'dépravée', nos exemples seraient 'néfastes à l'ordre moral que cet établissement se doit de respecter et faire respecter'. Je me suis insurgée, ne comprenant pas la gravité des faits reprochés, apparemment le comportement trop câlin à mon égard de celle que je considère comme ma grande sœur. Manifestement le directeur craindrait un 'effet de contagion' chez les autres participantes, j'avoue que cela m'échappe totalement. Je veux bien admettre le côté inhabituel de son attitude, cependant j'ai tenu à souligner les bénéfices que finalement j'en retirais, la sensation d'être apaisée, rassurée, la prise de confiance en moi, qui ont bien plus de valeur à mes yeux que d'éventuels qu'en-dira-t-on dont je pourrais être la cible. Annick m'apprend à grandir, à mûrir, il me serait insupportable d'avoir à renoncer à elle. Puis le dialogue a cédé la place à un fort long moment de silence, durant lequel nous nous sommes regardés tels deux chiens de faïence, chacun de notre siège, jusqu'au moment où il a fini par craquer et me demander ce que je souhaitais. J'ai répondu que je voulais simplement que les choses reprennent leurs cours, qu'Annick réintègre notre chambre, et que nous puissions, elle comme moi, revenir à l'objet de ce camp, les révisions. Il a pris note de cette réponse, et le silence s'est réinstallé. J'ai continué de le fixer tandis qu'il…"
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"Hé bien, quelle bavarde je fais, mes chers parents, l'enregistrement précédent s'est interrompu brutalement, sans doute ai-je atteint dans mon empressement de vous narrer mes dernières aventures la limite de durée de celui-ci ! Où m'étais-je vue arrêtée, déjà ? Ah oui, je remets… Le directeur a dû se laisser le temps de la réflexion tout en continuant son activité, puis il est revenu à moi, insistant sur le fait qu'il acceptait de 'lever la sanction' à la condition sine qua non de 'garder nos effusions dans le domaine du privé', ce que j'ai accepté. Il m'a ensuite conduite dans une autre aile du bâtiment du dortoir, totalement inoccupée, excepté la chambre dans laquelle j'ai retrouvé Annick. Il nous a laissées ensemble, nous demandant de nous mettre d'accord quant aux 'effusions', et ainsi permettre à Annick de réintégrer notre chambre. Nos retrouvailles furent …labiales, et de si près j'ai bien pu voir que la contenance d'Annick n'était que façade, le rouge à ses yeux trahissant qu'elle aussi a pleuré. Mais l'essentiel demeure que nous soyons de nouveau ensemble, j'en avais tant besoin ! Cette nuit passée à me lover contre elle, serrant ses bras autour de moi, peau contre peau, m'a rendu la force de reprendre l'aventure de ce camp, et heureusement car nos avons accepté de sacrifier la sortie de ce jour pour rattraper les cours manqués, avec le directeur comme précepteur. …Oups, il faut que je file me préparer, je m'en voudrais d'arriver en retard à ce rattrapage, mais je tenais absolument à partager avec vous le bonheur qui me porte. Je vous aime."
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"Cher papa, chère maman, revoici votre bavarde de fille. Rassurez-vous, je vais tâcher d'être brève, pour une fois. Papa, je t'entends d'ici te dire que ce ne sera pas le cas, l'on verra bien… Cette journée aura été profitable. Ardue, mais profitable. La disponibilité du directeur m'aura ouvert les yeux sur les notions qu'il nous a enseignées, et sans doute les siens sur le lien entre Annick et moi. Enfin, sur la non-dangerosité de ce lien au sein du reste des participantes, car moi-même je suis bien incapable de décrire la nature de ce lien. Je ne puis nier qu'il n'est pas simplement sororal, nos désormais fameuses 'effusions' dont je ne puis plus me passer n'appartenant pas à un tel registre. Mais peu m'importe, de plus je m'étais engagée à 'faire court', aussi j'abrège. Nous avons terminé cette journée de rattrapage tôt, malgré le devoir que nous avons accepté de passer, et avons toutes deux l'impression de succès. L'avenir nous le dira. Aussi avons-nous quartier libre, jusqu'au retour de sortie des autres participantes, donc je vais m'empresser de rejoindre Annick. Je vous embrasse très fort."
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"Une journée normale, mes chers parents, nous avons récupéré les copies de deux devoirs de maths ainsi que d'un de sciences. Trois magnifiques notes, surtout celle de celui d'hier, qui me réconcilient avec ces matières d'ordinaire obscures. Annick aussi a réussi ce dernier devoir, finalement cet 'incident' nous aura permis d'avancer. De fait, nous sommes motivées pour nous remettre aux révisions dès ce soir, en vue du contrôle d'après-demain. Bisous, mes chers parents, à demain."
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"Le soleil semble se décider à faire sa loi dans le ciel, à l'approche du week-end c'est plutôt plaisant ! Ouvrir sa fenêtre à peine sorties du lit sur de déjà chauds rayons comme autant de caresses sur le corps, tout en écoutant les louanges qu'adressent les oiseaux à ce brillant astre, est quand même bien plus agréable que les pluies précédentes ! J'ignore encore le programme de ce week-end, mais je serais heureuse de retourner en forêt, une envie d'orée avec Annick, sans doute… Elle a complimenté ma chevelure, ainsi mise en valeur par le soleil, et a regretté de n'avoir d'appareil afin de me photographier. Aussi ai-je joué à prendre diverses poses, et Annick me tirait le portrait avec ses doigts en équerre imitant un appareil. Puis nous avons dû consentir à nous vêtir afin de sortir de la chambre, pour découvrir que la cantine était en retard ce matin, d'où ce petit message. A ce soir, mes chers parents."
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"Pff… J'ai bien cru que ce cours d'histoire ne finirait jamais. Il est vrai que j'étais bien plus motivée par ce couple d'oiseaux qui chantait dans l'arbre, devant la fenêtre ouverte, que par ces affreux querelleurs qui passaient leur temps à s'entretuer pour des bouts de territoires ! Décidément, l'âme humaine sait se montrer parfois bien noire… Comme ces murmures lors de la pause, simplement parce qu'Annick et moi nous tenions la main. A tel point qu'elle a fini par demander à l'une des protagonistes quelle était sa question. Curieuse interrogation, qui est restée sans réponse, mais a fait taire les murmures. En quoi nous tenir la main serait-il sujet à réprobation ? Ou n'est-ce que de la jalousie… Ce soir encore, nous allons réviser un peu, puis rapidement nous coucher, en vue du week-end qui s'annonce. Je vous embrasse très fort."
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"Chère maman, cher papa, ce matin nous avons eu de l'inédit, un contrôle pluridisciplinaire. L'énoncé était à l'origine un problème de sciences, dans lequel un grand nombre d'éléments n'avaient aucun rapport direct avec la question posée. Nous devions tout d'abord trier ceux-ci afin de résoudre l'exercice, ensuite démontrer la notion mathématique utilisée pour répondre à celui-ci, et enfin inventer et rédiger une histoire à partir de tous les éléments figurant dans l'énoncé. Des balises de durées nous étaient fournies à titre indicatif, elles m'ont guidée, et j'ai bon espoir quant à mes résultats. Cet après-midi est prévu un nouveau jeu en forêt, que certains enseignants sont allés préparer pendant que nous planchions. Aurais-je la chance de pouvoir m'isoler avec Annick ? Au pire nous ferons le nécessaire pour rester ensemble… Ah, on nous appelle pour la cantine, je dois rejoindre les rangs. Bisous !"
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"{Bâillement} Bonsoir mes chers parents. Pardon de n'avoir pu vous laisser de message hier soir, mais nous avions de nouveau une panne rendant les box inutilisables. Ce week-end n'aura pas été de tout repos, le jeu en forêt d'hier après-midi consistait en diverses épreuves sportives, de courses ou d'endurance, ainsi que des gages physiques si l'on répondait incorrectement aux questions posées par les enseignants. A la fin je n'en pouvais plus, mon pied s'est dérobé et je suis tombée. Mais le soir, la pommade et surtout les mains expertes d'Annick ont fait des merveilles, si bien que j'ai pu participer aujourd'hui. {Bâillement} Nous sommes descendues à pied jusqu'à la rivière, là nous attendaient des embarcations, pour une course d'aviron qui nous a menées aux abords d'une base de loisirs, où l'un des bassins nous était réservé. Annick ne m'y a pas quittée des yeux. Je suis parmi les meilleures nageuses de notre groupe, mais je soupçonne une autre raison, loin de m'offusquer. Elle avait ce même regard qu'avant-hier matin, quand elle faisait semblant de me photographier, et j'en retire une certaine fierté. Je ramène une jolie médaille, qu'Annick trouve très seyante sur moi, elle a fait une cocarde avec le ruban afin qu'elle s'ajuste comme un collier. La séance d'aviron au retour, puis la marche jusqu'à notre centre de détention, je plaisante, papa, m'a épuisée. {Bâillement} Je n'aspire plus qu'à une seule chose, me laisser choir dans le lit, et abandonner mon corps aux talents d'Annick. Heureusement que je suis à jour dans mes révisions. Je vous embrasse très fort."
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"Cher papa, chère maman. Si je reste fort fatiguée de ce week-end, je ne peux que saluer le savoir-faire d'Annick, car je ne suis aucunement courbaturée, c'est impressionnant. Je pense m'être rapidement endormie tant je me sentais bien, abandonnée à elle. Je suppose qu'elle a dû me suivre de peu, car ce matin je me suis réveillée allongée sur le ventre, membres en croix, avec Annick sur moi, dans la même position. La journée de cours fut calme, celui sur les cristaux divers très intéressant. Néanmoins je ne suis pas mécontente qu'elle soit enfin terminée. Je n'ai qu'une hâte, m'endormir dans les bras d'Annick. A demain, je vous aime."
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"Mes chers parents, Annick et moi sommes les deux meilleures moyennes sur le contrôle de samedi dernier, ce qui nous a valu un brouhaha de jalousie au moment de cette annonce. Le travail de révision en commun auquel nous nous adonnons, ainsi que la journée passée avec le directeur, auront donc porté de magnifiques fruits. Ce soir nous allons nous astreindre à réviser de nouveau, car nous avons deux soirs à rattraper, et comme ambition de nous maintenir à ce niveau de notes, mais nous sommes conscientes que cela implique beaucoup de travail. Ce qui a changé, c'est que notre façon de travailler ensemble fonctionne, et nous encourage à persévérer ! Ah, demain après-midi, nous partirons visiter un musée, ce sera une sortie mais aussi un cours d'histoire sans aucun doute plus passionnant que des populations forcées de s'entretuer… A demain, mes chers parents, je vous embrasse."
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"Oh mes chers parents, quelle amusante sortie que celle d'hier ! A l'aller un ancien car nous a conduites. Le chauffeur ainsi que le poinçonneur qui a percé les tickets qu'on nous a remis pour le folklore étaient en tenue d'époque, et si le voyage fut moyennement confortable, entre les soubresauts de l'engin et l'absence de climatisation, le dépaysement ainsi que les superbes paysages de campagne que nous avons traversée auront été de magnifiques sensations. La main baladeuse d'Annick aussi, mais je devrais peut-être éviter de le dire… {Rire pouffé} Les statues nues auront probablement émoustillé Annick, qui n'aura eu de cesse de tenter de me faire rougir, peut-être même avec succès à en ressentir mes joues, avec des remarques du style 'les tiennes sont plus jolies', le nez quasiment dans les fesses de quelque callipyge ! Non papa, moi je le prends comme un compliment, je l'aurais sans doute moins bien pris de la part d'autres personnes, effectivement. Pour le retour, il y a manifestement eu un quiproquo, nous avons attendu assez longtemps et en vain le car, avant que nos accompagnateurs ne se décident à téléphoner. Le directeur n'a pu obtenir un moyen de transport que fort tard, de fait à la place de la cantine nous avons été conviées à manger près du musée, et avons quelque peu orienté le choix du restaurant au profit d'un 'fast-food', au grand dam de nos accompagnateurs, hostiles aux qualités gustatives de menus hamburgers-frites-soda, et à l'usage des doigts en guise de couverts. Annick a eu l'idée de jouer avec le cliché qui circule à notre égard, en plantant deux pailles articulées par l'opercule de chacun de nos gobelets, afin que nous sirotions nos sodas ensemble, les yeux dans les yeux. Je me suis amusée à observer les regards en coin que nous avons suscités, et l'on ne peut nous reprocher là quelque 'effusion'… Quant à ce jour, il aura été peuplé d'équations diverses, ainsi que de fleuves et de rivières qui affluent et confluent, autour desquels se seront confrontées des velléités marchandes. Autre chose, j'ai commencé à prendre conscience que ce séjour touche à sa fin, dans moins d'une semaine je me retrouverai déchirée entre la joie de vous revoir, et toute l'horreur de la séparation d'avec Annick… {Sanglots soudains} Papa, maman, je ne supporterai pas de la perdre, j'ai trop besoin d'elle ! {Reniflements} Pardonnez-moi, je vais couper, il n'y a aucun intérêt à vous enregistrer mes pleurs…"
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"Mes chers parents, je dois être trop sensible, car depuis hier soir je me suis à plusieurs reprises effondrée dans les bras d'Annick, qui pour me consoler ne cesse de me répéter qu'elle ne m'abandonnera pas, que nous trouverons une solution nous permettant de rester ensemble au-delà de ce camp. Je la sais sincère, et j'aimerais y croire, mais pour l'instant je n'ai vu se profiler aucune solution à cet horrible problème. Je m'efforce de profiter pleinement de chaque instant en compagnie d'Annick, avant l'échéance fatidique, et tente de leurrer le temps qui défile en m'investissant davantage encore dans les révisions, ou peut-être est-ce simplement moi que je tente ainsi de leurrer ? {Soupir} J'envie la force de caractère d'Annick, sa capacité à me masquer qu'elle aussi appréhende cette séparation, afin de me préserver. Pour parler d'autre chose, demain n'est planifié aucun contrôle, nous aurons une matinée de cours. En revanche, la journée de lundi sera consacrée à des épreuves orales diverses, chacune de nous passera plusieurs fois, et tirera au sort le numéro de son énoncé dans une urne remplie de papiers pliés. Les sujets porteront sur l'ensemble du programme étudié dans ce camp, toutes matières confondues. J'avoue beaucoup moins redouter cela que le moment de la séparation. Je vous embrasse très fort, mes chers parents."
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"Juste un petit message en passant, mes chers parents, avant d'aller à la cantine. J'ai ressenti un pincement lorsque l'enseignant nous a annoncé 'ceci conclut le dernier cours de cette session'. Lundi auront donc lieu ces fameux oraux, et en fin d'après-midi plus qu'en soirée nous descendrons aux abords du village où, paraît-il, existe une discothèque. Et enfin mardi matin, nos enseignants nous proposeront une synthèse des résultats de ces oraux, avant le mot d'adieu du directeur, puis l'après-midi sera consacré aux bagages, au nettoyage des chambres, aux premiers départs et quartier libre dans l'enceinte pour les autres, en attendant la funeste dernière nuit. {Voix brouillée} Je dois vous laisser, l'on nous appelle pour la cantine…"
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"Chère maman, cher papa, cet après-midi nous sommes retournées une dernière fois en forêt, pour un ultime jeu auquel nous n'avons toujours pas participé, toutes deux bien plus attirées par notre orée fleurie. Annick nous a cueilli de magnifiques fleurs aux longues tiges, que j'ai tressées afin de réaliser deux couronnes, que nous nous sommes échangées symboliquement comme preuve du lien qui nous unit. Elles ne sont pas passées inaperçues à notre retour, et j'ai perçu toute la fierté d'Annick à annoncer à qui voulait l'entendre que j'en étais l'auteure. De fait, personne n'a trouvé à redire que nous nous tenions par la main, il suffit de peu… De plus le parfum de ces fleurettes est un régal ! Une fois de plus, Annick a ôté ses hauts, et elle évoluait ainsi avec un tel naturel que j'ai trouvé évident de tenter d'en faire de même, mais je n'ai pu me résoudre à tomber totalement le chemisier. Cependant j'avoue avoir été séduite par la caresse de la brise ! {Rire gamin} A mon tour j'ai regretté de n'avoir d'appareil photo afin d'immortaliser la beauté de ces paysages campagnards éclatants de couleurs sous ce chaud soleil, et me constituer une collection de clichés d'Annick à demi dévêtue dans de si somptueux décors ! {Nouveau rire gamin} Enfin, plus que sur des photos, c'est Annick en vrai que je souhaiterais garder, j'appréhende de plus en plus le moment de la séparation à mesure qu'il approche inexorablement… {Voix troublée} J'ai peur, mes chers parents, peur que les aléas de la vie ne sortent Annick de la mienne, aurais-je même la force de continuer, si j'étais privée d'elle ? {Larmes} Je ne parviens toujours pas à mettre de mots sur la nature de notre lien, mais je sais que ce lien est un privilège, auquel je ne pourrais me résoudre à renoncer. {Reniflement} Voilà, je pleure de nouveau, quel spectacle je vous offre là ! Je vous embrasse très fort, mes chers parents, pardonnez-moi…"
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"{Murmuré} Vas-y, c'est bon, ça enregistre… {Autre voix} Ahem… Bonsoir madame, bonsoir monsieur. Veuillez me pardonner de m'immiscer ainsi, mais c'est votre adorable fille qui a insisté pour que je me présente à vous. Je m'appelle Annick, sans doute avez-vous déjà longuement entendu parler de moi… Au début de ce stage le hasard a voulu que nous partagions la même chambre, mais rapidement nous sommes devenues bien plus que des copines de chambrée, votre fille et moi. Dans quelques jours à peine, ce stage s'achèvera, et avec lui prendra fin le confinement qui nous confère le privilège d'être en permanence ensemble. Récemment je me suis mise à prier intérieurement pour que vous ne vous soyez pas bâti d'a priori négatifs à mon sujet, ni quant au lien qui m'unit à votre fille. Je n'ai à son égard que les meilleures intentions, et ne demande qu'à vous le prouver. Merci de m'avoir écoutée…"
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"C'est moi, mes chers parents, j'ai repris la place. Annick est ressortie. Elle appréhendait cet enregistrement, tant elle tenait à vous faire bonne impression. J'aimerais tellement que vous acceptiez de la rencontrer, que vous ne lui fermiez pas la porte, que vous compreniez que l'avoir rencontrée est la plus belle chose qui me soit arrivée, qu'elle ne m'est que bénéfique à tous les égards. Papa, maman, j'ai besoin d'Annick pour continuer d'avancer, ne vous y opposez pas, je vous en supplie ! {Voix troublée} Oh non, dire que je m'étais promis de ne pas pleurer à nouveau ce soir… Pardon mes chers parents, je vais me réfugier dans les bras d'Annick, qui saura me consoler. Gros Bisous et à demain…"
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"Je vous laisse un petit message en cette fin de matinée, avant l'appel pour la cantine, cher papa, chère maman, je voulais aussi vous montrer un autre visage que la pleurnicheuse de ces derniers jours, et vous faire profiter de mon bonheur lié à l'impression d'avoir brillé lors de mes deux passages aux oraux de ce jour. Les derniers entraînements d'hier soir avec Annick m'ont permis de reprendre confiance en moi, en mes connaissances acquises lors de ce séjour, et la récompense était motivante, nous nous échangions un baiser à chaque bonne réponse ! {Rire gamin} Si je peux, je vous déposerai un autre message entre la fin des oraux et le départ pour la discothèque, sinon vu que ce soir il n'y aura pas de couvre-feu, ce sera au retour de la fête, avant d'aller au lit. Je vous embrasse, je file retrouver Annick, qui ne devrait pas tarder à sortir de l'une des salles d'épreuves."
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"Mes chers parents, nous pensons toutes deux avoir réussi haut la main ces oraux, la joie qui se lit sur nos visages ne paraît pas sur toutes les autres participantes, certaines auraient-elles échoué ? Attendons quand même l'annonce de demain matin avant de nous réjouir davantage, néanmoins nous partirons sereines à la fête. Sans doute une sorte de 'palier de décompression' après le travail intense de ce mois, et avant le retour dans le temps présent, au sortir de notre immersion dans le passé ! {Rires} Les seconds éclats de rire que vous devez avoir entendus sont évidemment ceux d'Annick, qui m'a accompagnée, et sur les genoux de laquelle je suis assise, vu l'étroitesse des box. {Annick:} 'Bonjour madame, bonjour monsieur.' Elle et moi avons commencé à réfléchir à l'après-camp, et avons découvert que nos facultés respectives ne seront distantes que de vingt-sept kilomètres environ, de plus desservies par la même ligne de train régional. Aussi avons-nous émis l'idée, plutôt que nous entasser chacune dans un réduit de résidence étudiante, de nous installer ensemble près de l'une des gares intermédiaires, dans un appartement qui sera plus spacieux, au calme plus propice au travail, et par le partage des frais sûrement moins onéreux, qu'en pensez-vous ? Il reste un mois avant la rentrée, trouver un tel logement ne devrait pas s'avérer complexe… Peut-être à tard ce soir, mes chers parents, l'heure de la cantine a été avancée en prévision de la discothèque. Bisous !"
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"Mon cher papa, ma chère maman, une soirée comme celle-ci justifie à elle seule de m'être privée de tout un mois de vacances d'été, jamais je ne me serais doutée que je m'y serais sentie aussi bien, moi d'ordinaire si peu fêtarde ! Mais Annick y est pour beaucoup ! La discothèque avait un look rétro, années 80 dirais-je, et chose non négligeable une taille humaine, accueillante. Le mot a dû être passé, car il y avait une jolie brochette de garçons des environs, aussi toutes et tous étaient suffisamment occupés pour que personne ne trouvât à redire que nous soyons restées collées l'une à l'autre toute la soirée, ni même que nous nous embrassions pendant les slows, tout comme les autres couples de danseurs. J'ai l'impression d'avoir goûté un moment de plénitude, de pur bonheur, et forte de cette saveur je ne puis plus concevoir ne pas en redemander ! Aucun incident ni débordement à déplorer, et même s'il était facile de se procurer de l'alcool malgré les consignes, Annick et moi avons été de celles qui les ont respectées. Oh papa, je me doute que tu te serais attendu au contraire, mais je ne puis avoir tous les défauts ! {Rires} Bon, je vous embrasse bien fort, et vous dis à demain pour cette toute dernière journée !"
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"{Bâillement} Bonjour mes chers parents, voilà, nous venons d'assister à la dernière demi-journée passée sur les bancs, enfin les chaises, de la classe. Ce que nous supposions hier s'est avéré exact, nous avons, Annick et moi, fort bien réussi les différents passages oraux, et avons même été citées pour cela, générant un nouveau brouhaha de jalousie, ou étaient-ce nos mains l'une dans l'autre quand nous nous sommes levées à notre appel ? Nous n'avons cependant pas pu échapper à la revue synthétique des erreurs commises, durant laquelle j'ai dû m'assoupir quelque peu. Il est vrai que nous n'avons pas vraiment dormi cette nuit, l'urgence de la fin du camp ayant poussé Annick à prendre des initiatives que probablement inconsciemment je devais espérer, et qui sur ce plan auront fait de moi une femme et levé mes dernières interrogations quant à la nature de ce fort lien entre elle et moi. {Petit temps} Le mot du directeur fut émouvant, nous l'avons toutes applaudi, je crois qu'il en a été touché… Au retour de la cantine nous remettrons la chambre en ordre, même si nous savons déjà que nous aurons à le refaire demain au réveil… {Rire malicieux} …puis à partir de 14 heures 30, alors qu'auront lieu les premiers départs, nous verrons à quoi nous pourrons occuper notre quartier libre hélas à l'intérieur de l'enceinte de l'établissement et non dans notre orée, mais ce serait dommage de ne pas profiter de ce magnifique soleil. {Petit temps} Mes chers parents, ceci était probablement le dernier message enregistré à votre attention, vu qu'il a été sous-entendu qu'elles devraient être éteintes dès tout à l'heure. Je pensais à une dernière chose, comme Annick repartira seule, personne ne venant la chercher, demain matin sera pour moi l'occasion de vous la présenter, j'espère que vous y consentirez, et ensuite nous pourrions la déposer à la gare, qu'en dîtes-vous ? …Ah, l'appel de la cantine, je dois vous laisser. A demain, mes chers parents, j'ai hâte de vous retrouver, même si cela signifie ma première séparation, certes temporaire, d'avec mon Annick."
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-MyLzz59-
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