Mylène écrit (http://mylene-ecrit.blogspot.fr)
 ( MàJ: 02/01/2014 )


Ceci est un Blog par Mylène (MyLzz59)

Alyx [Pres]

Jeannine, qui se surnomme Jeane pour faire plus chic, est la narratrice de cette histoire en six chapitres. Une femme ordinaire, célibataire, probablement proche de la quarantaine, qui exerce un métier ordinaire (j'ai préféré éviter le mot "normal" :P), une banlieusarde comme il s'en croise nombre dans les transports en commun aux heures de transhumances.

Un midi, alors qu'elle fuyait la bouffe industrielle du restaurant inter-entreprises (la version adultes du restau universitaire :/ ), le destin mettra sur sa route, enfin à sa table, le bel Alyx (avec un "Y"), visiblement pas issu du même monde, et venu se perdre là le temps d'un repas :

<< [..] Cheveux courts presque noirs, coiffure impeccable, costard noir sur mesure, chemise d'un blanc publicitaire, cravate desserrée, là je dis 'respect'. Il m'impressionne malgré lui, le gars. Au point que je me sens obligée de lui demander si je peux m'asseoir. Il relève la tête, m'affiche un visage androgyne, j'en bafouille. D'une voix un peu fluette qui m'empêche de déterminer son âge, il m'invite poliment à accepter sa compagnie le temps d'un repas. Ca existe encore, des types comme ça ? [..] >>

Un mot sur le format de cette histoire, différent lui aussi.
Des chapitres courts, qui portent leur propre titre, extrait de chacun d'eux.
Ni intro ni conclusion, mais un rebondissement final, pour un premier jet de 6 chapitres.

1) "Puis-Je ?"
4) "En quoi est-ce si important ?"
2) "Personne ne vous jugera."
5) "Un bouton, c'est masculin !"
3) "Sables (é)mouvants"
6) "Écoutez, mon bel Alyx.."

( Rem: Non, cette histoire n'est pas une publicité Mercedes déguisée, j'ai simplement choisi d'illustrer chaque chapitre par une photo de Classe S, car ce véhicule (qui n'est pas le mien, je n'ai qu'une E break ) m'apparaît bien en adéquation avec l'idée de "luxe tranquille" de l'univers d'Alyx.. )

-MyLzz59-



Puis-Je ? [Alyx 01]


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ce Chapitre (00:06:17)


« Décidément ! Pour une fois que je suggère d'aller se faire un restau plutôt que s'empoisonner à la cantine inter-entreprise, faut que la collègue de l'autre service décommande à la dernière minute à cause d'une réunion surprise, et que le restau soit bondé, quand je pense que cet emplâtre a refusé de prendre ma réservation au prétexte qu'il se libère toujours de la place, mais pile ce midi il y a tout un service qui est venu faire son repas d'équipe ! Dans la vie, y'a ceux qui ont du bol, et y'a moi… Qu'est-ce qu'il veut, l'autre zèbre, là, qui tortille du croupion ? Ah, il reste une place à une table. La file devant moi se constitue d'un groupe, ça ne les intéresse pas, du coup je bondis en levant le bras, comme si je hélais un taxi.

Le zèbre m'abandonne en cours de trajet, je m'approche seule de la place libre. C'est une table de deux, un jeune homme y est affairé sur son assiette. Cheveux courts presque noirs, coiffure impeccable, costard noir sur mesure, chemise d'un blanc publicitaire, cravate desserrée, là je dis 'respect'. Il m'impressionne malgré lui, le gars. Au point que je me sens obligée de lui demander si je peux m'asseoir. Il relève la tête, m'affiche un visage androgyne, j'en bafouille. D'une voix un peu fluette qui m'empêche de déterminer son âge, il m'invite poliment à accepter sa compagnie le temps d'un repas. Ca existe encore, des types comme ça ?

Je m'installe, malgré moi je le regarde. Je suis persuadée qu'il fait la même chose, discrètement, de ses petits yeux noirs, entre deux bouchées. Je souris. Il répond à mon sourire. Mieux, il propose de s'interrompre, le temps que je sois servie. Je rougis, je ne m'attendais pas à ça, on ne se connaît même pas. Je l'amuse, j'ai honte de moi. Je dois reconnaître que cet androgyne inconnu m'attire. S'il mange ici, il travaille probablement dans le quartier, pourtant je ne l'ai jamais vu auparavant. Je regrette déjà moins d'être sortie ce midi…


Le plat que j'ai commandé finit par arriver, une bonne viande bien rouge, et une sauce à agacer un diététicien ! Avant qu'il ne se sauve, je demande au zèbre une bière. L'inconnu s'insurge, je commets là un sacrilège, il se permet de décommander ma boisson, et en échange se renseigne sur du vin, il nous choisit une demi-bouteille de château Machin de la Chose, sur sa note. Connaisseur et galant ! Il a sûrement raison, je le remercie d'un signe de tête. Il me regarde commencer mon plat puis reprend le sien.

Arrive la demi-bouteille, le zèbre lui en verse un fond, il goûte et valide. Puis mon verre et le sien sont resservis. Je propose de trinquer. Il suggère que ce soit à notre rencontre imprévue. A nous, donc. Il me demande mon prénom. "Jeane", réponds-je. En fait je m'appelle Jeannine, mais ça le fait moins. Il me sort: "Je ne suis pas Tarzan", je réplique: "Vous avez bien trop de classe". Il rit, je rougis à nouveau, j'ai peur de passer pour une plouc. Il se nomme Alyx, avec un Y. "Inusitable" au Scrabble, mais qui emploie un tel mot, à part lui ? Nous trinquons donc à Jeane et à Alyx. Je frissonne, pourvu qu'il ne l'ait pas vu, de nos deux prénoms ainsi accolés. Le rouge est délicieux, il n'a pas choisi un détergent ! Je devrais lui proposer de la payer pour moitié, il a fait ça pour moi, mais j'ai peur de le vexer. Etonnant type, et pas que physiquement.

Tout en taillant ma viande en pièces, j'engage la conversation entre deux bouchées, en prenant soin de choisir mes sujets. J'apprends qu'il est "responsable d'une ligne marketing", et qu'il vient d'être muté ici pour "développer d'autres dérivés sur ce site". J'ai rien compris, sauf qu'on n'est pas du même monde. Une impression de "Pretty Woman" me chatouille. J'observe ses mains. Fines, manucurées, et surtout dépourvues de bague ! Même sa façon d'engloutir son plat est une leçon de savoir vivre… Il me ressert en vin, se ressert ensuite, j'ai failli avaler de travers lorsque mon regard a rencontré le sien, par dessus nos verres.

Un affreux téléphone haut de gamme interrompra notre tête-à-tête, il semble porteur d'une mauvaise nouvelle. Il referme le rabat de l'engin, le range, appelle le zèbre, lui murmure à l'oreille. L'homme qui murmure à l'oreille des zèbres, je retiens de justesse un rire… Tandis que le zèbre court préparer la note, il sort son porte-cartes, une carte de paiement V.I.P, et une carte de visite au dos de laquelle il griffonne de son stylo plume de luxe. Il règle sur le terminal du zèbre, pendant que je lis la carte: "Accordez-moi l'honneur de votre présence encore ce soir, en ce même restaurant, vers 19 heures. Alyx.". Je retourne la carte, mazette ! Un nom à rallonge, avec un saint dedans ! Je suis tombée sur l'affaire du moment ! J'essaie de garder un semblant de contenance alors qu'il me …baise la main en prenant congé, s'excusant de devoir impoliment écourter ce moment, et m'indiquant de me choisir le dessert qu'il me plaira, c'est déjà sur sa note. Je bredouille des remerciements, fondant littéralement entre ses mains si douces.

"Puis-je vous espérer ce soir, Jeane ?", demande-t-il. "Je serais bien ingrate de décliner", réponds-je, fière de ma formule. Il m'adresse un dernier sourire, puis s'éloigne entre deux tables. Je le suis du regard, me trouvant subitement fort chanceuse ! Il m'adresse un dernier signe de tête en sortant, collant son téléphone sur l'oreille, c'est à ce moment que j'aperçois ses pieds, des pieds nus, dans des chaussures tressées, ouvertes, à talons. J'étouffe un cri dans ma main, que je porte devant ma bouche: Alyx, mon rencard de ce soir, …est une femme !!!
»

-MyLzz59-

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