Mylène écrit (http://mylene-ecrit.blogspot.fr)
 ( MàJ: 02/01/2014 )


Ceci est un Blog par Mylène (MyLzz59)

En quoi est-ce si important ? [Alyx 04]



Cliquez pour écouter
ce Chapitre (00:05:55)


« A mesure que j'embrasse Alyx avec la fougue du désir que je ressens à son égard, me mets-je à pleurer chaudement, comme si je me sentais souillée par l'acte que je commets délibérément. Au point d'en déconcerter Alyx, qui fort élégamment se recule, me saisissant les mains. "Pourquoi ces larmes, Jeane ?", me demande-t-elle, dégainant de la pochette de sa veste un magnifique carré de délicat tissu brodé pour m'en tamponner délicatement le flot qui ruisselle sur mes joues.

"Que m'avez-vous fait, Alyx, qu'avez-vous fait de moi ?" s'échappe difficilement de ma bouche, entre deux sanglots. Devant mes yeux trempés, je devine l'expression d'un visage qui ne comprend pas mon attitude. Bizarrement, cela me rassure. Je saisis lentement la pochette brodée, l'applique sur mon visage. "Confortez-moi, Jeane, manifestez-vous systématiquement un tel empressement dans vos entreprises ? Vous laissez vos émotions vous submerger car vous ne leur offrez pas le temps nécessaire à l'établissement en votre sein d'une saine assise… Accordez-vous ce temps, même si cela contredit votre instinct, vous vous éviterez bien des tourments intérieurs tels que celui-ci. Nos routes se sont croisées par un heureux hasard il y a à peine quelques heures, et je suis plus que transportée de tout ce que vous m'avez déjà accordé, mais pourquoi tant précipiter les événements ? Ils s'établiront bien à leur rythme. Et si je ne puis rien prédire, soyez assurée que je ne suis nullement en quête de quelque relation éphémère, qui ne correspond en rien à mon style de vie. Voyez, je ne risque pas de m'envoler, Jeane…"


Son discours m'a fait grand bien, malgré ou grâce aux vérités qu'elle m'a assénées. Mes yeux se calment, j'ose les ressortir du …mouchoir ? Oui sûrement, vu l'usage que j'en ai fait. Je sourirais presque de son propos, de sa façon de formuler dans une langue qu'elle doit être l'une des dernières à parler encore ce que je résumerais, voire traduirais, par un "t'inquiète poulette, moi aussi je t'aime". Je la regarde, elle sourit désormais, je tente de lui répondre mais le fou rire me gagne. Elle rit de bon cœur avec moi. "Je vous préfère ainsi, Jeane", dit-elle en caressant ma joue. Je redeviens sérieuse.

Je vais mieux, m'étonnant de ne pas m'inquiéter d'avoir eu confirmation de ce qu'elle ressent pour moi, d'en être apparemment même plutôt satisfaite. Mais de quoi ? Car en Alyx, c'est de l'homme qu'elle n'est pas, dont je ne puis nier être tombée amoureuse, et c'est pour ça que nous nous trouvons dans les toilettes de ce restaurant. "Qu'auriez-vous fait s'il s'était réellement agi d'un homme", sa dernière question avant mes larmes, m'interpelle. Compliqué, je ne me vois pas en couple avec une femme, ce n'est encore une fois juste pas mon truc, mais je n'imagine pas non plus "perdre" Alyx, or avec ce qu'il vient de se passer, l'éventualité d'une relation simplement amicale entre nous… Tiens, pourquoi ai-je pensé "nous" plutôt qu' "elle et moi" ?? Ma pauvre Jeannine

J'allais parler, mais elle me devance: "Jeane, vous m'envoyez des signes pourtant évidents, mais dont l'interprétation paraît vous mettre en difficulté." Je m'étrangle car les phrases se bousculent à nouveau dans ma tête, et seul ceci parvient à sortir: "En fait je m'appelle Jeannine, mais…" Elle enchaîne avec une vivacité que j'aimerais avoir: "…je vous rejoins, Jeane vous sied bien davantage." Je baisse les yeux: "Merci."

"Jeane. Si je puis vous aider, prenez le temps de mûrir votre réflexion, puis répondez, ne serait-ce qu'intérieurement à vous-même, à cette unique question: en quoi est-ce si important à vos yeux…" Je suis en attente de la suite de la question, pourtant elle ne viendra pas, me laissant sur la supposition qu'elle entend par là qu'elle soit une femme et non un homme. Toujours est-il que sa question fait mouche, car de suite je n'ai pas de réponse, enfin exactement pas d'explication valable à ma réponse actuelle.

"A moins que vous ne souhaitiez terminer cette soirée dans ces commodités, je vous propose de retourner nous asseoir, pour la suite de ce tête-à-tête dînatoire." Je crois commencer à prendre un certain plaisir à l'entendre causer… Et alors qu'elle a grillé le zèbre pour me tenir la chaise, enfin le fauteuil, je lui glisse en douce si je pouvais éviter l'assiette de fromage, ce qu'elle explique avec classe et discrétion au zèbre grillé.

Je me suis replongée dans la carte au fil marque-page rouge, page des desserts, tandis que le zèbre remballe les couverts à salade qu'il avait installés en notre absence. Un supplice, cette énumération ! Une fois encore, Alyx vole à mon secours, me demandant si je lui fais confiance. J'acquiesce, elle me souffle: "Le Lac Enchanté, c'est un délice." Je consulte la carte, il s'agit d'une base de crème brûlée, pourquoi pas ? Je me souviens qu'il faut refermer la carte, et je guette la façon dont mon hôte passera le message au zèbre. Mais je ne verrai rien. Bluffée…

Un nouveau vin précède l'arrivée des Lacs, que j'ai presque peine à entamer tant la présentation tient de l'œuvre, sur une imposante quantité de crème patinent de délicats personnages réalisés en sucre effilé coloré, entre des sapins de sucre également, garnis de petites boules de chocolat multicolores, le tout entouré d'une surcouche de crème matérialisant les bords dudit Lac. Nous trinquons de nouveau, et dès la première cuillerée s'évapore ma peine, je cure éhontément le récipient de terre cuite, conquise. Je refuse la proposition d'Alyx de m'en demander un second, "à moins de pouvoir l'emmener à la maison". Nous rions, et je laisse volontiers ses doigts posés sur les miens, tandis que nous finissons nos verres.
»

-MyLzz59-

Aucun commentaire: