Mylène écrit (http://mylene-ecrit.blogspot.fr)
 ( MàJ: 02/01/2014 )


Ceci est un Blog par Mylène (MyLzz59)

Personne ne vous jugera. [Alyx 02]



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ce Chapitre (00:08:12)


« Avoir découvert qu'Alyx, l'inconnu rencontré ce midi, est en fait une femme, m'a travaillée tout l'après-midi, pourtant j'ai décidé d'honorer ma promesse, d'aller à ce rencard. 19h pétantes, je me suis changée, mais sans en faire trop non plus. J'arrive fraîche et décidée devant ce même restau, je jette un coup d'œil rapide par la vitre, à la recherche du bel Alyx. Disons que ma curiosité me pique davantage que le refus de l'idée qu'il puisse se passer entre elle et moi quelque chose. J'ai décidé d'honorer mon rencard car l'attitude d'Alyx homme, enfin tant que je la prenais pour un homme, a été d'une exemplarité qui mérite un peu plus d'égard qu'un lapin ! Et puis, que les choses s'arrêtent aussi soudainement qu'elles ont commencé me laisserait sur ma faim, me laisseraient un goût d'inachevé.

Non, je crois sincèrement que quelque chose de beau peut exister entre lui, enfin elle, et moi, quelque chose d'un tout autre ordre, celui d'une amitié sans équivoque. Je pense être capable de lui faire comprendre, avec tact et délicatesse, que sur le plan vers lequel nous étions partis il n'y a aucune possibilité, de ma part du moins, je ne suis pas ouverte à ça, même si je ne suis pas insensible aux manières de celle que j'ai prise pour un homme, et dont l'allure entretient sans doute volontairement la confusion. Je pense que si je m'y prends bien, elle saura le comprendre, que je souhaite que cette relation naissante se prolonge, mais sans qu'il ne soit question de trucs entre femmes, qui ne sont pas mon truc. J'ai quand même un certain chic pour aller me fourrer dans de ces situations, moi…

C'est vrai, ça, qu'est-ce qui lui a pris, d'être une femme, alors que je la croyais homme, ou de se faire passer pour un homme, quoique c'est peut-être son boulot qui l'exige, et sa façon de se comporter, cette galanterie dont on rêve toutes, et qui ne court plus guère les rues, à notre grand dam, elle doit pourtant le savoir, elle, qu'elle est une femme, pourquoi elle se comporte en homme ? Et même plus, en homme comme ça ? Mais qu'est-ce que je raconte, moi ? Me draguait-il, elle, enfin je m'y perds… Alyx, que m'avez-vous fait ? Et l'avez-vous fait sciemment ? Ou est-ce juste moi qui gamberge ? Paumée, la Jeannine

Hirps !! Je me retourne, il, enfin elle, est juste là, tout près de moi, devant moi. "J'ai craint que vous n'eussiez finalement décliné, Jeane, vous m'en voyez ravie et honorée…" Heu… Je lui dégaine un sourire niais qui me navre, elle me déconcerte. "Pourquoi vous aurais-je infligé cela, alors que je serais bien à mal de vous reprocher quoi que ce soit ?" (Excepté de m'avoir laissée croire que tu étais un type, mais je ne peux pas te le dire, mystérieux Alyx.) (Tiens, je me mets à la tutoyer dans mes pensées, maintenant ?)

Malgré moi, mes yeux la détaillent. Son costume est différent, toujours d'inspiration masculine, et elle porte des escarpins. Un mec avec des talons aiguilles, ça me perturbe… "J'ai opté pour une mise plus décontractée avec laquelle je me sens l'âme de votre chevalier servant jusque potron-minet. Vous sied-elle, Jeane ?" Investir dans un dico des langues anciennes pourrait s'avérer utile avec lui, enfin elle, qui ne cause pas comme maintenant… Mon sourire niais lui tiendra lieu de réponse adéquate, elle poursuit: "Si vous préférez ne pas réitérer cette restauration, je puis vous suggérer quelque endroit de cachet moins quelconque…" Au point où j'en suis, allons-y !


"Dîtes-moi, Alyx ?", dis-je en prenant son bras, en direction de je-ne-sais quoi. "Je vous suis tout ouïe, Jeane." Bon, je me lance: "Ne le prenez surtout pas mal, mais parlez-vous toujours comme ça ?" Elle rit, apparemment de bon cœur… "Blâmez-en l'éducation qui m'a été dispensée, si ces phrasés qui me sont usage vous disconviennent…" Se ficherait-elle gentiment de moi ? Elle m'ouvre une portière, m'invite à monter. Intérieur de boiseries vernies, de cuir blanc brodé, et d'un monstre tranquille sachant nous plaquer dans la sellerie dès que l'escarpin d'Alyx le chatouille. Je demeure silencieuse, les yeux rivés sur la planche de bord, je ne demande même pas notre destination.

Nous nous arrêtons en double file, un zèbre noir et parme dans la doublure m'ouvre la portière, puis la porte d'un établissement huppé et sans enseigne. Alyx m'a rejointe, laissant le véhicule moteur tournant, que ce zèbre ira garer. Au bout d'un long couloir lourdement chargé, un autre zèbre encore plus étonnant nous accompagne à une table. Autour de nous, un autre monde se restaure, un monde dans lequel Alyx dépare bien moins que moi. Le zèbre attrape la chaise, enfin le fauteuil, avant moi, et attend que j'aie pris place pour installer Alyx. Deux menus nous sont tendus, le mien a un fil marque-page rouge, celui d'Alyx un bleu. Je chuchote à l'instar des autres convives: "Il n'y a pas de formules ?" Alyx me sourit: "Evidemment non, chère Jeane." Evidemment… Sotte que je suis, me croyais-je encore dans mon monde ? "Ne vous préoccupez de rien d'autre que de jouir de l'instant, j'accorderai les vins…" Pardon ?

J'en conclus qu'elle voulait dire de prendre ce qui me fait envie sans regarder les prix. Y'a pas de prix ?? Le marque-page rouge, je percute… J'hallucine devant les noms de mets, "Pretty Woman" le retour. Le choix est cornélien, tiens je me mets à causer comme elle, sans doute une question d'environnement. "Refermez votre carte si vous voulez commander." Effectivement aussitôt surgit le zèbre, je chuchote mes choix, puis Alyx les siens. Il échange sa place avec un second zèbre, qui me salue mais ne s'adresse pas à moi. J'apprendrai que c'est le sommelier. J'aurais aimé consulter l'autre carte, histoire de savoir pour combien je vais manger, je n'ai pas vu le premier zèbre se tirer avec !

Alyx me fixe en souriant: "Personne ne vous jugera, ici." J'ai l'air si peu à ma place ? "Je…", dis-je. "Que puis-je ?", répond-elle. Je me suis lancée dans un parcours de rotation autour du pot, devant un visage imperturbable qui me faisait perdre mes moyens, jusqu'à l'arrivée du premier plat, nos entrées, suivi de près d'une première bouteille, du blanc, enfin un jaune avec lequel nous avons trinqué "à cette soirée qui ne fait que commencer". Je m'enlise, et ce nectar est un délicieux poison.

Alyx attend que j'aie commencé à manger pour toucher son plat. Première bouchée, je ferme les yeux. Une baffe ! J'ai jamais rien mangé de pareil ! Je garde la bouchée sans l'avaler, comme s'il n'y en avait pas d'autre, comme une plouc. Devant le regard attendri d'Alyx, et sous l'effet de ce délice, je rougis en avalant. "Il suffira d'un signe pour qu'une seconde assiette de cette entrée que vous semblez apprécier vous soit amenée, mais gardez de la place pour le reste du repas, il vous serait dommage de n'en point profiter…" Tu vas voir si j'en poins, du repas ! Je vide mon verre, qui se remplit aussitôt de par la magie d'un zèbre sorti de nulle part. Pour ma part, je tente d'imiter les manières d'Alyx, comme une enfant qui découvre les couverts.

Je pique dans un fruit inconnu, la texture et le goût en bouche me chavirent, j'ai dû pousser un miaulement. "Eh bien, quel compliment que voici ! Qu'est-ce ? Offrez m'en un morceau, que je partage votre aventure." Je réalise que c'était le seul dans l'assiette, comment expliquer ? "Approchez, faîtes-moi goûter, vous me torturez, là…" Que veut-elle ? Je crains de deviner… Elle se soulève de son siège, approche son joli visage. Mes oreilles sont en feu. "Personne ne vous jugera, ici", me redit-elle. Je suis atterrée en me voyant coller mes lèvres aux siennes, pour lui offrir cette saveur à butiner.
»

-MyLzz59-

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