Mylène écrit (http://mylene-ecrit.blogspot.fr)
 ( MàJ: 02/01/2014 )


Ceci est un Blog par Mylène (MyLzz59)

Cette Nuit (Alyx II) [Pres]

Nouvel aparté après la seconde série de Chapitres, mais aussi une réelle histoire dans l'histoire d'Alyx, ce fort long chapitre unique [qui se loge entre le 12ème chapitre "A votre rythme, Jeane.", et le 13ème "La course est payée"], ne s'adresse clairement PAS aux enfants !

A la fin du Chapitre 12, nous laissions en suspens Jeane sur une recommandation de son bel Alyx, alors qu'elle lui ôtait sa cravate. Cette histoire réservée aux adultes commence là.

<< [..] "Alyx, je…" "Dîtes-moi, Jeane." Dire quoi ? Que je l'aime, que j'ai beau savoir qu'il est une femme, malgré tout j'aime cet homme ? Peut-être qu'une gorgée supplémentaire…

"Venez, Jeane", me murmure-t-elle. Je repose ma coupe, la cherche. Où est-elle passée ? Je la vois sur le balcon, tendant son bras dans ma direction, invitant ma hanche. J'accours. "L'on pourrait vous voir !", dis-je. "L'on pourrait davantage voir combien mon bonheur est grand, de vous avoir auprès de moi, chère Jeane." Je me colle contre elle, l'entoure de mes bras, dessous sa chemise. Cette nouvelle vague de baisers dans mon cou, son souffle doux et chaud, m'enivrent. "Jeane, si vous saviez…" "Chut…", réponds-je.

"Êtes-vous sûre, Jeane ?", demande-t-elle alors que je m'attaque à la boucle de sa ceinture. Non, je ne suis sûre de rien, je suis dans l'improvisation totale, face à un désir qui me dépasse. Je sais que je vous veux, Alyx, j'ignore en quoi cela consiste.
[..] >>


Quant aux enfants, si la 3ème série de Chapitres (à venir) démarre à la suite de cette histoire pour adultes, vous y trouverez un résumé (soft) de ce que vous auriez manqué en n'outrepassant pas la recommandation [-18] (réservée aux adultes) de cette histoire..

-MyLzz59-



Cette Nuit (Alyx II) [Ch.01]

« "A votre rythme, Jeane", me dit Alyx, lorsque j'entreprends de défaire sa cravate, "Si telle doit être la direction de cette soirée, prenons le temps de faire d'elle le premier de nos plus beaux souvenirs communs." Je descends le reste de ma coupe, l'alcool m'aidera sans doute à avoir le courage de ne pas passer à côté de cette soirée que je redoute autant que je désire. [Ch.12]

"Si vous persistez à avaler ce rosé à cette allure, vous ne garderez que des souvenirs flous", me charrie-t-elle. Je la laisse me resservir, puis pose ma coupe, plus désireuse de tremper mes lèvres aux lèvres d'Alyx. Mes mains descendent, et s'attaquent à déboutonner sa chemise. Je sens un instant de surprise quand les siennes se décollent puis reviennent à mes hanches, mais ne tentent aucunement de m'arrêter. J'achève d'en sortir les pans de dessous le pantalon, la laissant flottante. J'ai envie de me coller contre son corps, comment défait-on cette fichue bande élastique ? Je sais ce qu'elle contient, ce qu'elle cache, j'ai su faire avec, la dernière fois, en boîte, là n'est plus la question. Sans me lâcher, Alyx lève les coudes afin de faciliter ma tâche. Je parviens à localiser la fixation, elle ne résistera plus longtemps !

J'enroule sommairement la bande sur elle-même, et l'envoie dans l'un des fauteuils, puis recule, saisissant les mains d'Alyx. Je contemple l'homme dont je suis amoureuse, cet homme de genre féminin, sa jolie poitrine libérée, sur laquelle pend telle des rideaux cette chemise ouverte. Je contemple la femme à l'allure volontairement androgyne, qui aime à porter des vêtements d'inspiration masculine. Je contemple cet être qui me témoigne de l'intérêt comme un homme, qui me respecte comme une femme, confusion des genres sans laquelle rien ne serait né entre nous, sans laquelle je n'en serais pas là.

"Alyx, je…" "Dîtes-moi, Jeane." Dire quoi ? Que je l'aime, que j'ai beau savoir qu'il est une femme, malgré tout j'aime cet homme ? Peut-être qu'une gorgée supplémentaire…

"Venez, Jeane", me murmure-t-elle. Je repose ma coupe, la cherche. Où est-elle passée ? Je la vois sur le balcon, tendant son bras dans ma direction, invitant ma hanche. J'accours. "L'on pourrait vous voir !", dis-je. "L'on pourrait davantage voir combien mon bonheur est grand, de vous avoir auprès de moi, chère Jeane." Je me colle contre elle, l'entoure de mes bras, dessous sa chemise. Cette nouvelle vague de baisers dans mon cou, son souffle doux et chaud, m'enivrent. "Jeane, si vous saviez…" "Chut…", réponds-je.

"Etes-vous sûre, Jeane ?", demande-t-elle alors que je m'attaque à la boucle de sa ceinture. Non, je ne suis sûre de rien, je suis dans l'improvisation totale, face à un désir qui me dépasse. Je sais que je vous veux, Alyx, j'ignore en quoi cela consiste.

Il ne risque pas de tomber seul, ce pantalon ! Entre la ceinture, le crochet, le bouton, le passant intérieur, c'est limite un antivol, une forteresse, ce machin ! "Permettez que je vous soulage, Jeane", propose Alyx. C'est pas de refus, et tandis que le pantalon finit soigneusement posé sur le même fauteuil, je reprends une gorgée de ce délicieux rosé.

"Alyx, je…", redis-je. Elle se redresse, se tourne vers moi. Son étonnement est lisible sur son visage, lorsque je fais glisser ma robe fourreau à mes pieds. "Ai-je eu tort ?", fais-je en baissant les yeux, l'une de mes mains tenant l'autre de mes coudes. "Seule vous, êtes en mesure d'y répondre, délicate Jeane, votre rythme sera le mien, pourvu que vous soyez sûre qu'il vous corresponde.", me répond-elle en avançant vers moi. Je me décale de la robe, m'accroupis pour la ramasser, Alyx s'accroupit de même. En équilibre sur les orteils, les yeux dans ses yeux, je murmure: "Alyx, vous savez ce que je ressens pour vous, et vous m'avez dit que vous aussi vous le ressentez pour moi, et depuis notre rencontre vous me faîtes vivre un conte de fées. Mais il est une chose qui n'est jamais mentionnée dans les contes de fées, une chose sans laquelle une belle histoire ne peut fonctionner longtemps, j'espère que vous me comprenez, Alyx…"

Elle ne parle pas, mais son clignement de paupières me répond au-delà de tout propos. Alyx, pourquoi êtes-vous si parfait, justement à l'exception de "ça" ? Vous me témoignez une telle patience, que je me sens gênée d'être moi-même, de réaliser à quel point je ne suis pas à la hauteur. Alyx, si vous pouviez entendre mes pensées, ces choses que je suis bien incapable de vous formuler…

Ouch ! Cette position pas franchement confortable me déclenche un début de crampe. J'essaie de me relever, grimaçant. Elle m'apporte son aide, m'installe dans un des fauteuils, s'occupe de la robe, et revient s'agenouiller devant moi: "Accordez-moi vos jambes, ma chère Jeane." Mais, euh… Je me retrouve les pieds contre elle, et ses mains courant le long de mes mollets, faisant son sort à ma crampe. Sauf que cette sensation me fait monter le rouge aux joues.

D'autant que le massage se transforme lentement en une suite de caresses, et …j'aime ça ! Alyx est passée à l'attaque, me procurant un délicieux aperçu de ce qu'il me reste à décoincer en moi. Mais c'est pas vrai, même ma respiration s'y met ? Des baisers se posent en douceur sur mes jambes, entre ses mains qui continuent à affoler ma conscience. Je…

Que ?? Elle remonte, les bras appuyés sur les immenses accoudoirs, "bricole" sur ma joue, dans mon cou, et …se sort ! Mes yeux se promènent un peu partout autour de nous, je rassemble les pièces du puzzle. "Merci", parviens-je à émettre. Elle vient de me montrer que finalement, ça peut ne pas être aussi "dur" que je me l'imagine ! Je saisis sa main pour me dégager du moelleux fauteuil, me blottis dans ses bras. Des larmes m'échappent. "Alyx, je…" "Chut…", me répond-elle, sa main dans mes cheveux.

Je ferme les yeux, mes larmes se calment, mais pas mon rythme cardiaque. Dans ma tête, l'image d'un Alyx homme au corps chaud, aux bras puissants et protecteurs, me parasite encore. Mon sevrage n'est pas terminé.

Je relève le nez, elle regarde les coulées sur mes joues, les embrasse de bas en haut comme si elle les buvait: "Vous ne devriez pas…". Je lui souris. Elle m'entraîne près de nos coupes, me tend la mienne. J'allais la faire tinter contre la sienne, mais elle dégaine une …paille qu'elle trempe dans son verre, et bouchant l'extrémité prélève quelques gouttes, qu'elle relâche dans mon cou ! Je sens le champagne me couler jusqu'à la base du cou, suivre l'os vers devant, descendre entre mes seins, puis se faire rattraper par les lèvres d'Alyx, qui remonte de baisers le trajet. "Ce liquide-ci a bien meilleur goût", me susurre-t-elle à l'oreille, suivi d'un dernier baiser, avant de se reculer et plonger le nez à sa coupe, les yeux levés vers moi. Une décharge me traverse l'échine, je… Je prononce avec difficulté: "J'ai besoin de me rafraîchir un peu…" sous son regard amusé. "Excellente idée, chère Jeane, un brin de toilette ne me sera pas désagréable non plus !" Je saisis sa main et la suis.

Ambiance vieux rose jusque dans les joints entre les carreaux de cette salle de bain plus cosy que le reste de l'appartement. De l'eau à température quasiment de suite au robinet de l'une des vasques. Je me savonne les mains, les rince, procède de même pour mon visage. Je tamponne mes joues avec l'épaisse serviette déposée par Alyx, faisant quelques ablutions à l'autre vasque, me regarde le blanc des yeux de près dans la glace. …?? …?? C'est quoi ça ? Comment j'ai pu louper un truc pareil ?? Je me retourne.

"Une baignoire de balnéothérapie double", annonce Alyx. 'Double' ?? Je t'en loge au moins huit, dans un bidule pareil !! C'est même à se demander comment ils ont bien pu le faire rentrer ici, vu sa taille… "Dîtes-moi si elle vous tente, la remplir ne demande que quelques minutes de patience." C'est vrai, je peux ?? "Cette soirée est vôtre, tendre Jeane, celle-ci, et j'ose l'espérer, bien d'autres à venir", ajoute-t-elle, manœuvrant le mécanisme de robinetterie.

Je m'éclipse dans le réduit des toilettes, d'où je perçois Alyx qui chantonne tandis qu'elle s'affaire, sans pour autant reconnaître l'air. J'essaie de procéder le plus discrètement possible pour cette fonction pourtant si naturelle…

Non, l'odeur qui me frappe en en sortant ne vient pas de la crème lavante que je viens d'utiliser, on dirait davantage de l'encens. La luminosité dans la suite est bien plus faible, et des reflets dansent au sol et sur le mur du couloir qui mène à la salle de bain. Je… reste en arrêt à l'entrebâillement, soufflée par la transformation du lieu en si peu de temps ! Mes yeux scrutent ces murs plongés dans la pénombre, diverses bougies électroniques qui vacillent un peu partout, le pourtour de la baignoire qui projette au sol autour d'elle et dans l'eau des faisceaux de lumières changeant de couleur, la mousse qui s'accumule sur la moitié de la surface de l'eau, domptée par de puissants jets d'eau et d'air mêlés remplissant la baignoire, au fond sur une tablette, une statuette de femme assise en tailleur regarde la fausse flamme qui la met en valeur, un bâton d'encens dans chaque main. Voilà la source de cette étonnante odeur !

Mais surtout au premier plan, mon Alyx, nue, accroupie au bord de l'installation, cheveux mouillés plaqués vers l'arrière, qui m'informe que ce sera bientôt prêt, et qui n'a ainsi plus grand chose de masculin. Ce profil, la courbe de son dos, ses fesses, ses cuisses… J'ai en face de moi uniquement une fort jolie femme, aux muscles légèrement dessinés sous des courbes fines et harmonieuses, un corps de guerrière digne d'un tableau de maître, qui suit aussi bien son visage androgyne que ses costards-cravate avec lesquels deviner qu'elle n'est pas un homme n'est pas flagrant.

Je me mets à l'imaginer avec une plume dans les cheveux, et un couteau à la ceinture, régnant mi fer mi velours sur une vaste étendue de nature, tout comme je l'imagine dans son costume exercer son autorité induite sur les gens qu'elle dirige. "Qu'y a-t-il, chère Jeane ?" Je suis incapable de structurer de façon cohérente le fil de mes pensées entortillées, et me retrouve à lui demander si elle …possède du maquillage. Guère étonnée de ma question pourtant incongrue, elle m'indique le rangement concerné, tandis qu'elle termine de préparer je-ne-sais-quoi, toujours accroupie.

Je me trompe de tiroir, que je referme aussitôt. Celui-ci ne contient pas de produits de beauté, mais des engins de massage assez particuliers ! Je ferme les yeux, respire un coup, et tente le bon tiroir. C'est pas vide, et que des produits de marques ! J'hésite entre un violet et un marron terre, tous deux foncés. Pouf-pouf…

"Me permettez-vous d'oser quelque chose ?", dis-je en présentant le tube de marron à lèvres. "Osez donc, Jeane", me répond-elle. Je sors le stick, et souligne d'un large trait horizontal ses pommettes. C'est encore plus impressionnant ainsi, elle m'impressionne davantage ainsi. Elle se regarde, hochant la tête de gauche et de droite: "Cela me plaît assez, bien qu'il soit difficile de l'arborer au quotidien. Est-ce ainsi que vous me voyez, tendre Jeane ?" Je… Ai-je rougi ? Elle porte ma main contre sa poitrine, au niveau de son cœur. Son regard est planté au plus profond de moi. Je m'entends respirer difficilement, ça cogne fort dans mon cou, dans mes tempes. Je ferme les yeux et entrouvre la bouche, comme un appel à délivrance.

Ses lèvres effleurent les miennes. Elles ont un goût de …champagne, dans lequel elles viennent manifestement d'être trempées. Nos souffles s'échangent également, Alyx je… Vous me… Mmh… Mais bientôt ses lèvres quittent les miennes, et se mettent à papillonner sur ma joue, dans mon cou, entre mes seins, sur mon ventre, mon flanc, le creux des reins, le haut de mes fesses, remontent le long de mon dos. Ses mains ont attrapé les miennes, tandis qu'elle court de l'une à l'autre de mes épaules. Devant mes yeux le décor s'est estompé, ma respiration est devenue rauque. La sienne se situe désormais sur ma nuque. Elle se plaque contre moi, promène mes mains sur mon corps. Je me fais l'effet d'une fusée et elle mon pas de tir…

Elle croise nos bras, je lève la tête, elle flatte mon menton, je crois que je gémis. Je ne me souviens plus vraiment à quel moment elle a placé mes paumes sur mes seins. Ma notion de temps s'est perdue dans les mouvements de sa bouche sur ma peau. Je… suis assise sur sa cuisse, que je sens pressée contre… Ohh !!

Des tremblements parcourent mes jambes, je suis en équilibre contre Alyx, intimement posée contre sa cuisse, sa poitrine dans mon dos, ses mains sur les miennes, son visage joue contre joue si près, que… Ce ne sont pas des tremblements, mais des spasmes ! Je… Le contact de sa cuisse, cette emprise… Oui là c'est un gémissement ! Je… Sur sa cuisse… Je coule…

"Vous avez été formidable", les premiers mots dont je me souviens, lorsque le plafond a commencé à réapparaître devant mes yeux, sous mon souffle encore agité, ma tête lancée en arrière sur son épaule, ce bras qui me maintient, cette main délicatement posée sur ma joue, une sensation bizarre au bas du ventre, j'émerge doucement. Je n'ai pas vraiment compris la suite, je revois ses yeux pétillants, son sourire si doux, le lent mouvement de son dos, elle a dû rouler vers l'arrière, car avant que j'aie pu réaliser, elle était allongée par terre, et moi à califourchon sur elle.

Mes interrogations, mon émoi, mes pièces de puzzle défait, l'amusent. Immobile le dos contre le sol, j'ai devant moi, ou plutôt sous moi, une …femme offerte. "Alyx, je…" Mais pour toute réponse, elle ferme puis rouvre très lentement les yeux, m'invite en silence. M'invite à quoi ? En appui sur mes bras, je descends mon visage, approche mes lèvres. Les siennes s'entrouvrent. Je les frôle des miennes, et remonte doucement. Les siennes me suivent, puis décrochent, elle redescend. Je devine que ce jeu lui convient. Nous recommençons, et recommençons encore. Petit à petit, je comprends où elle m'emmène. En exploration. De son visage, de son cou, son épaule, moi aussi je la papillonne…

"Oui, Jeane", me murmure-t-elle, posant sa main sur mes cheveux, me faisant réaliser ce que je suis en train de faire, je la …tête ?? Mes lèvres, ma langue, mes dents, prennent plaisir à s'affairer sur cette petite chose ronde et dure, à l'extrémité de son sein, encouragée par la caresse de ses doigts, le son de son souffle, qui me témoignent qu'elle apprécie. Jusqu'où suis-je à mon insu prête à aller ??

Je retourne vers son visage, elle me plante sa langue sans la moindre sommation, je me jette dessus sans plus de formalités. L'heure n'est plus aux hésitations. Je la sens se redresser, d'abord sur les coudes, puis sur les mains, sans la moindre intention de lâcher notre acharnement buccal. Je veille à suivre le mouvement, et si dans la remontée nos dents parfois entrent en contact, nous parvenons à gagner la position verticale sans nous être décollées. J'en retiens une certaine fierté ! Alyx… Pourquoi ai-je l'impression que vous me connaissez mieux que moi-même ??

Ma guerrière s'échappe délicatement hors de la salle de bain, je sais qu'elle va revenir vite, je ne m'inquiète pas. Au contraire, je focalise mon attention sur la baignoire, que j'avais quelque peu perdue de vue dans le feu de l'action. Je m'accroupis. Des vapeurs d'eau chaude émane une autre odeur, plus discrète que l'encens probablement à l'origine de l'ouverture en moi de quelque chakra inconnu. Je remarque une chose anachronique, enfin façon de parler, dans un logement moulé sur la baignoire, une sorte de petite tablette glissée dans cet emplacement. Je la saisis, curieuse. L'écran à peine effleuré s'allume, diverses icônes s'affichent.

Hirps !! Je lâche sous l'effet de surprise l'objet dans la flotte, et m'apprêtais à le repêcher, mais Alyx que je n'ai entendue arriver continue de couvrir calmement de baisers le bas de mes reins: "Cette télécommande est totalement étanche, comment aurait-il pu en être autrement, délicieuse Jeane ?" Je la regarde flotter, passer sous les jets, descendre et remonter, tout comme le fait Alyx dans mon dos. Mon inquiétude s'évapore et tout comme elle je me fais l'effet de flotter…

"Si nous la rejoignions ?" J'accepte sa main et enjambe le rebord, mais ne m'allonge pas de suite. "Si la température de l'eau ne vous sied pas, ajustez-la au moyen de la télécommande", me suggère-t-elle en déposant un bisou sur mes mains. J'apprendrai que l'eau bien chaude est son péché mignon, mais je vais m'y habituer. Je préfère quand même ça à l'inverse. Une grosse éponge toute douce me mouille de l'eau dont elle regorge, délicate attention de la part de celle venue me retrouver.

Je finis par me vautrer dans l'un des moulages de sièges, dans l'eau jusqu'aux épaules, la nuque sur un petit coussin repose-tête. Je soupire, c'est bon… Alyx a préféré se placer sur le ventre. J'écarte les bras le long du rebord, elle y pose sa joue. Nos regards s'échangent à nouveau. "Alyx…" Elle me sourit: "Dîtes-moi, ma tendre Jeane…" Si je pouvais, mais les mots qui me viennent ne suffisent pas à décrire l'étendue du bonheur qu'elle me fait déjà vivre jusqu'ici. Aussi ma tentative se solde-t-elle par un agencement bancal de bribes de phrases qui moi-même m'atterre. Je fronce les sourcils de tristesse, elle vole à mon secours: "S'il vous est plus aisé de m'exprimer vos sentiments de façon nettement moins verbale, n'en réfrénez point l'envie…" Je ne réfrène rien, la serre fort dans mes bras tandis que nous nous embrassons à nouveau.

Elle se recule: "Pourquoi ces nouvelles larmes, délicate Jeane ?" Je la rassure: "Celles-ci sont de bonheur, Alyx, et vous en êtes le responsable." Nous reprenons notre échange…

Qu'est-ce que… ?? C'est cette coquine de télécommande qui vient de s'immiscer à la suite d'un remous. Nous nous détachons, Alyx s'en saisit, pianote. Je pousse un petit cri, surprise par le jaillissement d'innombrables petites bulles sous moi. Ca …chatouille, c'est délicieux. Délicieux aussi, le contact de la main d'Alyx sur ma joue. Pour toute réponse, je ferme les yeux, respire profondément. Je profite.

Ma raison me joue-t-elle des tours ? Ou entends-je réellement des chants d'oiseaux, au loin, dans le bruissement de feuilles d'arbres ? J'ouvre les yeux. De hautes branches se balancent au plafond, sur fond de ciel bleu juste traversé de petits nuages blancs, par la magie d'un projecteur. La version grand luxe du galet sonore que j'ai chez moi, avec ses différents sons apaisants reproduisant des paysages de nature. "Je suis au paradis, et vous êtes un ange, Alyx, c'est ça, vous êtes mon ange", dis-je. "Non, ma douce Jeane, les anges guère plus que les fées ne s'adonnent ni ne s'abandonnent à cette forme d'amour que vous laissent entrevoir les quelques échantillons que nous nous sommes accordés jusques à maintenant." "Alors ils ne savent pas ce qu'ils ratent", réponds-je. Nous en rions, mais je me doute qu'il me reste bien des choses à découvrir, et à apprécier !

Sa main prend ma main, quand elle s'allonge sous son jet de bulles, tandis qu'au plafond traverse lentement un petit nuage blanc, entre les branches qui bruissent… Je regarde son visage, yeux clos, détendu, ce profil androgyne souligné de marron waterproof, de cette femme qui est l'homme que j'aime. Dans ma tête, aucune pensée ne vient troubler l'instant. Je me replace sur le dos, mais ne veux fermer les yeux. Je veux jouir de toute la soirée. Je souris, me disant qu'Alyx aurait été capable de détourner le sens de cette phrase, ou est-ce moi qui commence à adopter certaines de ses façons de penser ? Ma respiration se calme, malgré moi je m'endors…

Un léger tintement nous réveille, le projecteur a fini son cycle forestier, et l'a remplacé par un magnifique lever de soleil sur fond de colline. Un chant de coq vient se substituer à la clochette, tandis que la luminosité de l'image augmente lentement. Je resserre mes doigts autour de la main d'Alyx, que je n'ai pas lâchée. Les bulles se sont arrêtées, mais pas les jets qui continuent à faire circuler l'eau, qu'ils chauffent certainement, car sa température ne semble pas avoir diminué.

"Il est temps de nous savonner, et de sortir d'ici, ma tendre Jeane", me dit Alyx en m'appliquant un délicieux baiser. Puis elle se tourne, et à quatre pattes récupère posée sur le côté la grosse éponge toute douce, ainsi qu'un flacon muni d'un distributeur, qu'elle suspend au rebord. Durant sa manœuvre, elle m'a, volontairement ou non je l'ignore, présenté sa croupe, que j'ai osé caresser, main tremblante. Je m'attendais à éprouver davantage de difficulté face à son anatomie incontestablement féminine, même si je me suis contentée de la regarder pour l'instant.

La grosse éponge enduite d'un fin liquide a lentement remonté mon bras, à mesure qu'Alyx s'est retournée vers moi, et exception faite de mon visage s'est promenée sur toute partie émergée de moi. Un frisson m'a couru, en partie lié à la température plus basse de ce liquide. Nous nous sommes levées, et rechargeant de temps à autre l'éponge, elle m'a entièrement enduite. Je connais cette odeur, du moins elle me rappelle quelque chose. J'ai déjà acheté une version plus ou moins industrielle de ce liquide, ici j'ai droit à une production artisanale de bien meilleure qualité ! Je laisse cette délicate odeur m'emplir les narines, elle est à elle seule déjà un voyage. Mais la caresse de l'éponge, et savoir que la main qui la passe sur moi est celle de mon Alyx, en sont un autre !

Couverte de ce liquide du cou aux genoux, allait inévitablement survenir le moment où l'éponge allait chercher à s'aventurer vers le seul endroit non encore attaqué, aussi je me tourne, prenant appui sur le rebord, et j'écarte les jambes, tandis qu'Alyx recharge l'éponge.

J'entrouvre la bouche, mon souffle accompagne les mouvements de l'éponge qui s'évertue à visiter soigneusement mes replis, et une curieuse impression me gagne, plus je me focalise sur l'idée que la main qui tient l'éponge est féminine, plus j'en ressens une forme de gêne qui m'apparaît comme compréhensible, plus je ressens un certain plaisir, attisé justement par cette gêne. Pas nette, la Jeannine

Des tremblements agitent de nouveau mes jambes, mon cœur bat la chamade, des sons plus audibles se superposent à mon souffle. Mes doigts se crispent, mes abdos se serrent, dans mon cou quelque chose rend ma respiration difficile. "Maintenant", murmure Alyx. Maintenant quoi ? …?? Mon bassin se met à basculer sur lui-même, comme le balancier d'une horloge, je ne maîtrise plus rien, j'entretiens malgré moi les frottements contre l'éponge immobile, en gémissant ! Je me fais honte, et ça me plaît, c'est insensé… Je me bloque complètement, jambes molles, comme posée sur l'éponge. Impression d'incendie à cet endroit. Je tombe sur les genoux, haletante.

Je m'accroche tant bien que mal à Alyx pour me remettre debout, comme si je l'escaladais. Je dois avoir le regard un peu flou, je l'amuse. Ben dis donc, quel festival, Jeannine !

Qu'est-ce que ? Elle me tend la jumelle de son éponge, à la couleur près: "De quoi vous venger, chère Jeane". Je …? Ah oui, le distributeur d'huile…

"Ne vous en veuillez pas, Jeane, vous avez déjà réussi beaucoup ce soir", me dit-elle, devant mon incapacité à lui savonner l'intimité. Mais je peste contre moi de ne pas le pouvoir.


Ceci fait, elle nous rince à la douchette, et sort en premier, puis me tend un peignoir. Je ne peux m'empêcher de noter qu'elle a noué le sien comme un homme, détail anodin mais qui me rassure. Je ne l'ai pas vue ôter les traits de marron à lèvres ni se recoiffer à la garçonne. Je retrouve là l'Alyx d'avant cette soirée.

Je décline quand elle me tend ma coupe, mais me plaque contre son dos, amoureusement. Elle s'immobilise, serre ses mains contre les miennes. Je m'approprie Alyx.

"Je ne sais pourquoi vous m'avez choisie, Alyx, je ne vous ressemble absolument pas, mais… mais depuis notre rencontre vous ne cessez de me rendre de plus en plus heureuse…", dis-je. A ces mots, elle m'amène face à elle et, ses yeux plantés dans les miens, sa main douce et chaude sur ma joue, caresse de son pouce ma pommette: "Pourquoi tenez-vous à inverser les rôles, Jeane chérie, n'est-ce pas vous qui vous êtes, par un bien heureux hasard, invitée à ma table ? Sinon, comment dois-je interpréter vos paroles quant à notre susdite non-ressemblance ?"

Heu… Je suis attentive au moindre de ses mouvements, son pouce ne cessant sa caresse sur ma pommette, son inclinaison de tête qui m'inquiète, mais son sourire qui me rassure aussitôt. "Vous marquez un point. Je m'interrogeais sur la raison pour laquelle une personne comme vous, de votre monde, s'abaisse à s'intéresser à quelqu'un comme moi…" Elle m'interrompt, fronçant les sourcils: "Encore une fois vous vous méprenez, Jeane chérie, en n'imaginant que la face positive de ce que vous appelez 'mon' monde. Si vous en étiez originaire, probablement ne vous aurais-je accordé aucune attention allant au-delà d'une simple formalité de convenance. Je vous concède le luxe et la facilité matérielle, cependant avez-vous idée du nombre de mes 'semblables' qui culturellement ne peuvent concevoir la moindre démonstration de valeur humaine autrement que comme une marque de faiblesse ? Jeane chérie, vous êtes authentique, et cette authenticité aura constitué votre première clé d'accès à mon âme."

'Authentique', v'là autre chose. Mais je me doute que nous ne lui donnons pas le même sens. Chez moi ça sonne 'terroir', et hélas péjorativement de par une prétendue supériorité citadine, alors que pour elle cela se voulait un compliment face à l'art du paraître, de la superficialité et de la fausseté qu'elle avait l'air de dénoncer.

'Jeane chérie, vous êtes authentique' …? …? Je réalise ce mot nouveau que je n'avais noté dans ses paroles, 'chérie'. J'imagine tout son poids vis-à-vis de sa pudeur verbale, derrière ses tirades parfois démesurées, et j'en retire une certaine fierté.

Je l'invite à prendre place dans l'un des canapés, et y unir nos lèvres, déjà pour mettre fin à ce moment trop lourd. La main posée sur son genou, j'ose une question: "Pourquoi votre personnage masculin, Alyx ? Vous facilite-t-il vos conquêtes féminines ?" Ce n'est qu'après que j'ai mesuré l'ampleur de mes mots, et regretté mon côté "je ferais mieux de réfléchir avant de parler".

"N'y voyez pas un personnage, Jeane chérie, et malgré mon orientation je ne déplore ni ne renie être femme. Il m'est simplement apparu un jour comme une évidence lorsques au détour de l'interprétation d'une pièce de théâtre durant les années de collège dans laquelle m'était attribué un rôle masculin, que la prestance induite par telle mise correspondait aux attentes de ma personnalité pour prendre son envol et s'épanouir enfin. Je ne suppose pas que cela aurait été différent si mon attirance s'était hélas portée sur la gent masculine…" Elle pose sa main sur la mienne: "Jeane, je vous saurais gré de daigner acquérir la remarque suivante. Vous ne représentez ni l'une de mes conquêtes, ni une amitié fût-elle intime. Jeane, vous êtes la femme avec laquelle mon seul vœu est de construire un couple." Soufflée, la Jeannine !

Je me blottis contre elle: "Laissez m'en le temps, Alyx, j'aimerais que les choses soient si simples, j'aimerais être à la hauteur, mais je ne suis que moi, et j'essaie de faire avec…" Elle m'entoure de ses bras: "Laissez-vous-en le temps, Jeane. Il ne vous est point nécessaire de vous astreindre à un rythme supérieur à celui de votre capacité d'acceptation." "Alyx, je…", mais ma phrase s'arrêtera là, je me sens plus à l'aise à l'embrasser dans le cou. D'autant que je commence à être gagnée par le sommeil. Quelle heure peut-il être ?

"Vous endormez-vous, ma tendre Jeane ?" Je marmonne ce qui se voulait un 'pardon'. Elle se lève délicatement: "Alors il va être temps de gagner la chambre. Etes-vous amatrice d'un dernier thé avant que le sommeil ne vous enlève à moi ?" Allez savoir ce que j'ai répondu, je me revois juste l'attendre sur le balcon, d'où je contemple la ville endormie, à peine troublée par de rares phares en mouvement. Je suis impressionnée par ce silence qu'ont réinvesti les sons d'antan, oubliés. J'aime aussi l'odeur de la nuit, de cette nuit déjà avancée, je déplore de ne pas la fréquenter suffisamment, en bon animal diurne de la civilisation que je suis. Je présume qu'Alyx dispose d'une plus grande liberté d'en profiter, je ne lui demanderai pas, du moins pas ce soir.

Un bruit de bouillonnement émane de la …bouilloire sur le plateau que dépose Alyx sur la petite table de balcon. A son côté, une magnifique boîte marquetée attend qu'on l'ouvre. Deux tasses fines et leurs cuillères complètent l'ensemble. Je prends place, et ouvre la boîte. Ah… Je m'attendais à une collection de petits sachets de toutes les couleurs, je suis nez à nez avec un alignement d'autres boîtes ! Je laisse donc Alyx procéder, elle passe son index sur chacun des couvercles en me citant la nature des contenus. Je me fais l'effet de passer pour une plouc devant ces noms qui à part des idées de voyages ne m'évoquent rien. Devant mon embarras, Alyx vole à mon secours, avec un "Laissez-moi deviner". Je la regarde accrocher une boule remplie à chaque tasse, j'accepte un sucre, et l'eau bruyante se teinte à mesure qu'elle envahit les tasses.

Oh comme ça parfume ! Agrumes, dirais-je, je salive en pensant aux morceaux d'orange confits sur lesquels je me jetais quand j'étais petite, aux veillées de décembre qui précédaient Noël. "A notre première nuit, Jeane chérie", me dit Alyx, levant sa tasse débarrassée de la boule. "A tout ce que je ne suis plus", réponds-je fièrement.

Je choisis parmi un stock conséquent de brosses à dents de voyage cellophanées à pâte intégrée, et procède à quelques dernières ablutions, puis cède la place à Alyx sortant de la kitchenette. J'investis précautionneusement la chambre, accroche le peignoir à une patère, et monte sur le lit que je n'ouvre pas, m'allonge sur le dos. Ma tête s'enfonce littéralement dans l'épais oreiller. L'odeur de frais, la caresse du linge fin, je suis aux anges. Bras écartés, une jambe repliée pour ne pas m'endormir de suite, je respire en attendant mon hôte.

Je suis dans un demi-sommeil lorsque s'allument de magnifiques colonnes d'eau que des bulles remontent, donnant aux reflets des formes dansantes. Alyx, quant à elle, profite d'un tout autre spectacle: "Vous me tentez, là, Jeane chérie. Cependant il nous faut raisonnablement récupérer quelque peu auparavant, ne serait-ce que pour ne pas désynchroniser notre horloge biologique." Je replie malicieusement l'autre jambe, sous le regard pétillant d'Alyx, qui me gratifie d'un bisou pile à cet endroit, puis vient s'allonger près de moi: "Vous avez raison, autant ne songer à nous recouvrir que si nous avions frais durant notre sommeil." Je me love contre elle, nous échangeons une dernière fois nos langues, et je m'endors heureuse.


J'ouvre un œil, par l'odeur de viennoiserie alléchée. A travers les trous des volets, un beau soleil tente de me transformer en dalmatienne. J'entends chantonner au loin… A moitié consciente, je me lève, et cherche la direction de cette voix. Je retrouve mon Alyx, guère plus vêtue que moi, affairée dans la kitchenette. Elle me tend son visage, continuant ses préparatifs tandis que nous nous embrassons.

"Votre nuit fut-elle douce et agréable, Jeane chérie ?" Comment aurait-il pu en être autrement ? Je laisse traîner mes doigts le long de son dos, sur sa croupe, et me dirige vers le balcon. Le paysage diurne est franchement différent de celui de cette nuit, ne serait-ce que par la quantité de circulation. Je regarde l'aspect des bâtiments, la forêt d'antennes sur les toits, l'agitation sous nous, je me sens en-dehors de ce temps, protégée de la réalité dans la bulle magique de l'amour d'Alyx. Une bulle qui sent fort la viennoiserie, et me rappelle que j'en grignoterais bien. Je grignoterais bien Alyx aussi, au figuré bien sûr, j'ignore si je suis prête à ça, mais déjà le désir est là.

Alyx. Les doux souvenirs de cette nuit m'habitent, ces choses que je n'aurais il y a peu encore même pas osé imaginer, même pas envisagées. Alyx, mon homme parfait, Alyx, cette femme fière et forte, Alyx

Une sonnerie interrompt ma rêverie. Je réalise qu'elle émane du dessus d'un guéridon. Dans une précipitation contrôlée, je vois Alyx sautiller jusqu'à son téléphone, décrocher, entamer une conversation dans cet anglais dont j'apprécie d'autant plus la sonorité que le texte m'échappe, puis foncer récupérer dans son attaché-case une oreillette, un carnet, et son stylo. Discrètement, je la vois soudain en situation de travail, frappée par le contraste entre cet homme d'affaires qui fait ses affaires, d'une voix grave, affirmée, soulignée de gestes appuyés aussi masculins qu'inutiles au téléphone, m'en impose autant qu'à l'individu dans l'oreillette, qui griffonne dans son carnet ou tapote l'écran de son smartphone, et ce corps nu de femme que ne recouvre aucun costard-cravate sur mesure, chemise blanche immaculée.

J'avoue avoir décroché de la conversation, comme si j'avais coupé le son, petite souris qui de son trou entrevoit un pan inconnu de la vie de la personne aimée. Etrange sensation. J'ai senti également une différence d'attitude au fil de la conversation, animée et fluide au début, saccadée et rythmée par les affichages du smartphone, davantage sollicité.

Elle raccroche, et tout s'arrête. Même elle, se fige, en appui sur le dossier d'un fauteuil. "Ca sent pas bon", dis-je. Elle soupire: "J'apprécie votre façon de synthétiser cet imprévu, Jeane chérie, qui hélas m'oblige dès cet après-midi, au détriment de notre projet commun de ce jour…" Je la regarde éteindre et ranger son oreillette dans son attaché-case. "Mais, ce jour n'est-il pas un jour de repos ?", fais-je, intriguée. "Uniquement dans notre pays, Jeane. Mon avion décollera à 18h34, fuseau local. J'aurais aimé qu'il me fût possible de reporter mon départ à demain, je ne puis me le permettre. Veuillez accepter mes plus sincères excuses, Jeane…" Elle soupire de nouveau. Je me rapproche d'elle, la fixe. "Quel couple pourrions-nous prétendre vouloir construire, si d'entrée je me montrais incapable de comprendre ce genre de chose, Alyx. Envolez-vous sereinement, réglez votre affaire, et revenez-moi dès que vous le pourrez." Elle m'embrasse fougueusement, comme l'aurait fait Alyx homme.

"Cet imprévu nous accorde néanmoins encore quelques heures, avez-vous des préférences quant à la façon de les occuper, Jeane chérie ?" La spontanéité autant que la teneur de ma réponse m'a déstabilisée moi-même: "Faîtes-moi l'amour !". Mais probablement l'urgence de la situation l'imposait-elle.

Je devance sa question: "De toute manière, il faudra bien que j'y passe un jour, c'est dans la logique de notre relation, non ? Alors pourquoi devrais-je continuer à faire ma mijaurée ? Parce que c'est quelque chose de nouveau, d'inhabituel, de …différent ? Je mesure tout le chemin que vous m'avez déjà permis de parcourir jusqu'ici, Alyx, tout ce que vous m'avez fait vivre jusqu'à maintenant aura été magique, qu'ai-je à craindre de la suite ? Ca vaut largement que je prenne enfin sur moi, et que je fasse ce dernier petit effort !" Bon, comme ça tu pourras plus reculer, Jeannine.

Les yeux d'Alyx s'humidifient, mais aucune larme ne coulera. Je la sens profondément touchée par mon annonce. Je temporise: "Si nous prenions d'abord le petit-déjeuner ?" Elle acquiesce sans un mot, 'oublie' son téléphone sur son attaché-case, et dans une attitude moins masculine retourne à la kitchenette. Elle en ressortira avec un plateau couvert d'ingrédients, et nous nous installerons de nouveau sur le balcon, histoire de profiter de ce beau soleil. Je dévorerai comme une gloutonne plusieurs de ces délicieux croissants qu'elle se procure à moitié cuits et termine au mini-four, leur donnant cette impression d'être tout frais sortis de la boulangerie. Je suis plus réservée sur le café, indéniablement de qualité, mais trop fort pour moi. Je me rabattrai sur le jus d'orange…

Ses yeux ne me quitteront pas de tout le petit-déjeuner. Je pense qu'elle doit tenter de sonder en vain dans ma pauvre tête ce que je suis bien incapable encore de m'expliquer moi-même. Quant à moi, je commence à ressentir une certaine fébrilité dont la raison tient en ces simples mots: "Je vais le faire". Car ce n'est ni 'naturel' ni 'culturel' chez moi, si toutefois dire ça a un sens. J'en reviens à ce qui coince, et que je vais forcer, le passage de 'Je vais le faire avec mon Alyx' plus 'Alyx est une femme' à 'Je vais le faire avec une femme'. Mais derrière ma fébrilité, mon désir d'Alyx est bien présent, cette certitude me sert de bouée de sauvetage, voire de phare auquel me raccrocher. Compliquée, la Jeannine

Derniers instants avant mon 'grand saut', ces quelques instants d'intimité à …faire la toilette de mon intimité. En sortant de là, je cèderai ma place à Alyx, qui fera de même, et… Mon état d'esprit en franchissant la porte est probablement proche de celui d'un athlète sur le point de se lancer. J'en rirais presque.

Nous échangeons un bisou en même temps que nos places. Dans la chambre, rien de particulier, pas de mise en scène contrairement à hier dans la salle de bain. Le lit est refait, mais sans les couvertures soigneusement rangées, et un seul oreiller y est posé. Un curieux emballage carré trône sur l'oreiller. Qu'est-ce ? Au toucher, on dirait deux bracelets. Par mimétisme, je m'allonge sur le dos, la tête sur l'oreiller, jambes ramenées. Je fais tourner cet emballage carré devant moi, sans plus d'inspiration à son sujet.

"Qu'y a-t-il, Jeane chérie, cet objet vous pose-t-il un cas de conscience ? Préfèreriez-vous l'usage d'une digue ?" Je, euh… Comme une gamine prise en faute par l'institutrice, je bredouille que c'est juste que je …ne sais pas ce qu'elle attend de moi avec ça. "Vous m'avez inquiétée, appétissante Jeane, j'ai craint de vous avoir froissée en vous proposant cette protection." Je me redresse: "Une protection ?"

Elle s'installe à califourchon sur moi: "De façon simple, Jeane chérie, l'amour entre femmes inclut des pratiques pouvant présenter un risque de transmission d'infections ou de maladies. Un risque minime face aux relations avec un homme, mais existant. Aussi, je refuse de vous laisser me croire sur simple parole lorsque je vous affirme être en excellente santé." 'Et inversement', me dis-je, mais fort élégamment elle ne le mentionnera pas. "Dans quelques semaines, lorsque nous aurons la certitude d'avoir pérennisé notre projet de couple, nous pourrons envisager de nous échanger les résultats de bilans sérologiques…" Je souris, heureuse de ces mots parlant d'avenir. Mais dans l'immédiat, j'ai une autre étape 'sérieuse' à passer… "Je vous aiderai au moment opportun", me dit-elle, en posant ce qu'elle a désigné par 'préservatif féminin' sur le meuble de chevet.

La suite m'est déjà connue, une quantité impressionnante de bisous et de caresses, qui de mon visage s'aventurent de plus en plus loin sur tout mon corps, jusque vers les endroits les plus …intimes, encore épargnés. Un plaisir intense se répand en moi, suivant ses agissements. Mmh, j'aime. Particulièrement le dessous des seins, et l'intérieur des cuisses. Je respire déjà plus intensément, parfois avec des soubresauts. Je sens mon corps de plus en plus réceptif à mesure qu'elle le flatte, et bientôt poindre une légère douleur au bout des seins. Je réprime une envie d'y appliquer mes mains, je lui laisse le contrôle. Cette douleur s'intensifie, sans être désagréable, au contraire. Je sens quelques uns de mes muscles commencer à se contracter.

Mon téton entre ses dents, cette façon de me le titiller, de le laper, de secouer la tête comme un chaton s'amusant avec l'attache d'une pelote, me chavire, j'en émets des miaulements. Et lorsqu'elle décide de le lâcher, pour mieux les attraper tous deux de ses doigts, remontant jusque ma bouche pour me la butiner, je me surprends à enrouler mes jambes autour d'elle. "Que d'empressement une fois encore, délicieuse Jeane, les chapitres intermédiaires d'un livre sont-ils faits pour être sautés ?" Je garderai mon doute quant à la présence ou non d'un double sens volontaire dans cette phrase, d'autant qu'elle est déjà repartie dans mon cou. Après tout, que me demande-t-elle, si ce n'est de me montrer la plus réceptive possible, et de la laisser ne me faire que du bien. Et du bien, c'est le moins que je puisse dire, de ce qu'elle me fait, c'est incommensurablement en-deçà de la réalité, puisque déjà là j'ai toutes les peines du monde à rester cohérente devant tous les incendies qu'elle allume partout en moi, et qui jaillissent en plus grand nombre que des bulles dans un cola. Pourquoi mes jambes sont-elles en train de 'pédaler' alternativement contre ses flancs ?

Je bave sur l'oreiller. Heu… Comment …?? Que fais-je sur le ventre, les seins dans ses mains, tandis qu'elle prend possession de ma nuque ?? Où étais-je durant ce court instant où j'ai basculé dans l'autre sens ?? Je suis sa prisonnière volontaire, elle est allongée contre mon dos, ses jambes enroulées autour des miennes. Non, elle bouge de nouveau, elle s'est tournée, j'ai ses pieds au niveau de ses épaules, par-dessus mes bras, et ses genoux contre mes flancs. Elle… Ses mains sur l'intérieur de mes cuisses, au plus près de… et pourtant elle n'y touche pas, ses baisers… Coccyx, ça rime avec Alyx… En appui sur les épaules et les genoux, la croupe offerte, je …m'anime en tous sens malgré moi, comme si elle commandait mes muscles de ses délicatesses. Elle joue aussi avec le plaisir que je ressens de la honte que j'éprouve à exposer ainsi cette partie de mon anatomie, dans cette posture quand même 'gênante'. Et côté plaisir je suis plus que copieusement servie ! Il n'y a pas que sur l'oreiller que je dois être en train de baver, je le sens. M'écartant, elle s'amuse à souffler sur ma rondelle, qui se contracte machinalement, c'est …spécial, mais c'est bon !

Pourquoi ne se décide-t-elle pas à porter quelque estocade ? Elle me fait grimper de plus en plus haut, je découvre chaque fois que je pensais être arrivée au point culminant, qu'elle peut m'amener encore plus loin, je suis en feu, c'est le brasier à l'intérieur de moi ! Je voudrais prononcer quoi que ce soit, que j'en serais bien incapable, d'ailleurs là je …vocalise, à moitié enfouie dans l'oreiller martyrisé… Elle lâche mes jambes, revient au niveau de mes reins, m'observe. Qu'observe-t-elle ? Mais …?? Je contracte mes muscles, serre mes jambes l'une contre l'autre, les frotte l'une contre l'autre ! Que ?? J'autoalimente mon explosion intérieure par ces mouvements incontrôlés, qui entraînent le frottement de mes lèvres l'une contre l'autre, je râle dans l'oreiller pour tenter d'étouffer mes grognements, je dois me rendre à l'évidence je ne maîtrise plus rien, je suis en 'pilotage automatique', très haut dans des sphères qui m'étaient jusqu'alors totalement inconnues…

Ca papillonne devant mes yeux… Non, ça mousse, comme si je venais de prendre un coup de nettoyeur haute pression à l'intérieur de moi, je ne vois ni n'entends, je suis secouée comme la bouteille de boisson à la pulpe d'orange désormais partout mais plus au fond… Gââ… Je redescends lentement, virevoltant comme la plume au vent, comme la feuille d'automne. J'espère juste que ce n'est que dans ma tête que je bats des bras pour ralentir ma descente, comme si j'avais des ailes…

Ma première reprise de réalité, est un souffle chaud déposé sur ma joue. Mes yeux pas encore reconnectés m'apparaissent comme indépendants, comme ceux d'un caméléon. J'ai dû finir par arriver à articuler entre deux à-coups de respiration bien incertaine un "Alyx" à peu près compréhensible. Sa main caresse mes cheveux, doucement, délicatement, tendrement. C'est ça, l'image de son beau visage androgyne se forme petit à petit, sous les papillons qui se dispersent. "Aaa…lyx…", redis-je difficilement…

"Vous vibrez tel un cristal, Jeane adorée, un instrument merveilleux…" Je la fixe, d'un regard encore flou, lui souris, un peu incrédule: "C'est vous qui… qui avez… moi j'ai… heu…" C'est pas sorti, mais sur ce coup-là, j'ai été bien incapable de lui rendre la moindre caresse, à ce point dépassée que j'étais par ce qu'elle m'a fait connaître ! "Votre solo m'a transportée, Jeane adorée, j'ai vibré avec vous, vous m'avez emmenée dans votre transport…" Heu… C'est une façon de m'expliquer qu'elle a pris son pied à me voir prendre le mien ??

Je parviens à mettre mes bras autour de son cou, et nous nous embrassons lentement, tendrement, d'une fougue intérieure incapable de se concrétiser extérieurement, du moins pour moi. Homme, femme, m'en fous, Alyx peut bien être ce qu'il ou elle veut, je l'aime. Je l'aime, et peu importe le reste, je veux lui appartenir. Après, j'ai pas encore reconnecté les autres morceaux, mais ça peut attendre.

"Désirez-vous un verre d'eau bien fraîche, délicieuse Jeane, je vais me rafraîchir le gosier en prévision de la suite, maintenant que vous me semblez prête…" Hein ?? C'étaient juste des préliminaires, là ?? La mâchoire m'en tombe !

Je tremble un peu, je le perçois en saisissant le grand verre qu'elle me tend. Alyx s'agenouille face à moi, sur l'épaisse moquette, et fait tinter nos verres: "A notre amour". Des larmes me coulent, à ces mots. "Alyx, mon Alyx…" Elle serre mes doigts.

Je lui rends mon verre pas tout à fait vide, qui atterrit sur le meuble de chevet sur lequel elle récupère l'emballage de tout à l'heure, dont elle déballe et me tend le contenu. J'observe cette chose, ce que j'ai pris pour des bracelets constitue les deux extrémités d'une sorte de 'chaussette' cylindrique transparente. Ca se met comment, ce truc ?

J'observe ses doigts habiles replier l'un des 'bracelets' en boucle, et le tenir ainsi, la main dans la 'chaussette'. Je me place en position, jambes ramenées, genoux écartés au maximum. Une appréhension nouvelle m'étreint, car même s'il s'agit d'un geste technique, il va constituer sa première entrée en moi. J'appréhende, et pourtant je suis impatiente. Car le feu en moi couve toujours.

Je hoquette lorsque ses doigts libèrent l'anneau, et qu'il reprend brusquement sa forme initiale. "Vous voici parée, Jeane chérie", me dit-elle, m'embrassant la toison, "Votre liqueur d'amour qu'il me tarde de goûter prochainement a grandement facilité la pose". Je sens à mes joues le retour de mon teint pivoine. "Je reconnais que ce n'est guère seyant, mais telle n'est pas sa fonction. Outre celui de rester en place sans maintien, il a sur la digue l'avantage de permettre de vous aimer indifféremment comme une femme ou comme un homme." Comme un homme ??

Elle se lève, se dirige vers la porte. "Alyx ?" Elle me sourit: "Je vais en chercher un autre, s'il vous prenait l'envie de quelque initiative à mon égard, Jeane chérie. Désirez-vous tenter de me le poser ?" Je décline, mais acquiesce l'idée de pouvoir enfin me lancer, et la remercier en retour. Elle revient tranquillement, défile quasiment devant moi, qui ai gardé la pose: "Voyez, il n'entrave nullement les mouvements !" Je sais qu'elle fait de son mieux pour me mettre à l'aise, mais ce bout de bidule qui me dépasse de… est tout sauf naturel. Fonctionnel, sécurisant, certes, preuve de respect et même d'amour, oui, mais pas naturel. Quoique devant l'aisance d'Alyx

"M'autorisez-vous ?", me demande une tête connue dépassant d'entre mes jambes. J'ai quand même pas fait tout ça pour renoncer maintenant… Alyx me lance un premier bisou dans l'air, et applique une série de suivants sur cette délicate partie de mon être cachée dans mes replis, à travers cette matière transparente. Ce qui m'anime aussitôt. Mmh… Tout mon être résumé aux terminaisons nerveuses dont cette petite chose est truffée, et que mon Alyx manie avec savoir et dextérité, me faisant repartir fort haut très rapidement. Mes doigts se crispent, se referment sur mes chevilles, mes genoux cherchent leur équilibre, je me force à les maintenir en position éloignée l'un de l'autre, tant qu'il me semble en garder un semblant de maîtrise. Héé ! Elle est retournée en moi, probablement l'index et le majeur, et commence un délicieux massage lent. Ma respiration réagit aussitôt, des soupirs s'envoleront en rythme avec ses mouvements. Son pouce remplace ses lèvres, qui quittent mon bouton et remontent vers mon ventre qui doucement se contracte.

Ca alors, quelle souplesse ! Tandis qu'elle contourne mon genou, tête en bas, mordillant ma cuisse, l'une de ses jambes prend position sur le lit, puis l'autre, où elle est agenouillée. De son avant-bras émanant de moi, elle pousse sur mon genou et me fait basculer sur le flanc, je me referme sur ses doigts, guère perturbés dans leur manœuvre. Bouche ouverte, yeux mi-clos, haletante, je plonge mon regard dans le sien. Son sourire, doux et rassurant, me fait chaud. Je monte ma main, cherche sa joue. Elle s'approche, embrasse la paume de ma main, l'intérieur de mon poignet, Mmh… Je descends doucement, son cou, sa poitrine, je ne sais ce que je veux faire, je sais que je veux faire. Je veux lui restituer ce que je pourrai de ce qu'elle m'offre. Je mesure toute la difficulté de la tâche, entre mon inexpérience totale, et l'état second dans lequel ses doigts me maintiennent… Ai-je le regard suppliant ?

Mes doigts qui s'ouvrent et se referment, glissant sur son corps sans vraiment l'attraper, me font penser au grappin aussi peu dégourdi de ces machines de foire dans lesquelles on laisse sa petite fortune à essayer de gagner l'une de ces tentantes babioles qui s'évertuent à glisser à peine soulevées… Mais mon grappin est crispé, comme le reste de mon corps, sous l'action impassible des doigts coquins de mon Alyx. J'ai beau resserrer mes cuisses sur son bras, je ne fais qu'accentuer les sensations que j'en retire.

Des papillons refont leur apparition devant mes yeux, une impression de vague prête à me ravager me vient, serais-je sur le point de… ?? La réponse ne tardera pas, je m'accroche à mes propres seins, que je maltraite, accentuant mon plaisir, je ferme les yeux, serre les dents, et me laisse balayer par la violence de cette vague en moi. De longues et puissantes vocalises ont résonné sans doute jusque loin à l'extérieur de la chambre, des vocalises ou des miaulements, je ne m'en souviens pas. Je ne me souviens que de cette sensation indescriptible, démesurée, cette onde de choc qui s'est propagée partout dans mon corps, s'est cognée contre toutes les parois de mon être, m'a brisée de partout, tétanisée autour de la main d'Alyx

Je pleure à chaudes larmes, je pleure mon bonheur, l'incapacité d'exprimer toute l'ampleur du moment que je viens de connaître. Je pleure, et Alyx, toujours plantée en moi mais en position immobile, boit mes larmes de ses baisers sur mon visage. Je lis son bonheur dans les reflets du mien, je suis fière de la voir fière de moi.

Lorsqu'elle sort ses doigts, se déclenche en moi un tremblement. Je l'enserre de mes bras, je veux me plaquer contre son corps, sentir sa chaleur. J'en ai besoin, besoin de promener mes mains sur son corps, de le délimiter, de m'y agripper, mes jambes ne répondent pas. Tout le bas de mon être est comme en disjoncte, tombé en sécurité comme après une surchauffe, un arrêt salutaire en vue de préserver le matériel. J'ai besoin de son contact, de sa peau contre la mienne, de… D'Alyx. D'Alyx, qui a disjoint mon corps et ma raison, ma volonté et ma possibilité, m'a satellisée et je flotte encore, c'est pourquoi mon corps ne répond pas encore. Alyx. J'ai plus que jamais envie, et je suis, temporairement j'espère, totalement hors service. Grillée, la Jeannine


Je récupère peu à peu, la douceur et la bienveillance de mon Alyx y contribuent pour beaucoup. Quel baptême de l'air, quel feu d'artifice, quelle première ! Je sens mon corps s'apaiser lentement, goûter à un état de plénitude que je n'avais jamais atteint auparavant, je respire profondément, mais régulièrement. Même ma main sur sa croupe n'est plus crispée, je m'y promène nonchalamment…

"Peut-être désirez-vous vous lancer ?", me sort-elle dans un énième baiser. L'idée me séduit, lui retourner un peu de ce qu'elle m'a offert, vais-je simplement être à la hauteur ? Lorsqu'elle prend place sur moi, tête bêche, j'ai quelque peu l'esprit vide face à ce bout de truc transparent qui lui sort de… Alyx n'est pas un homme, si j'avais encore le moindre doute… Un homme, j'aurais su faire, mais avec ça ? "Prenez pour références votre propre plaisir, Jeane chérie, vos propres sensations, vos propres attentes." Heu… Oui ? De nouveau elle vole au secours de mon embarras, jouant de son doigt sur mon bouton: "Si vous commenciez par ceci, délicieuse Jeane ?" Curieuse sensation, quand j'ai osé appliquer mes doigts tremblants au travers de cette protection transparente sur ses chairs intimes, afin de les écarter et dévoiler ma cible. Dès mes premiers petits cercles, de doux murmures d'encouragement me sont parvenus, aussi j'ai persévéré. Ou est-ce parce qu'Alyx me pratique les mêmes caresses, qui me permettent de ressentir ce que je lui fais ?

Je m'enhardis peu à peu, jusqu'à entrer en elle le bout de mon doigt. Je le promène le long de cette petite porte de chair, qui roule contre la protection, trempée de l'amour d'Alyx. "Sentez-vous ceci ?", me dit-elle, flattant cette zone granuleuse fort sensible. J'avance plus à l'intérieur, finis par localiser l'endroit. Qui mime qui, en ce moment ? Peu importe, je… Mmh !! M'envoler avec Alyx, faire le voyage cette fois à deux, en couple, est encore meilleur, même s'il exige une grande concentration pour ne pas perdre le fil de ce que je lui prodigue, pour ne pas la perdre en vol, je ne dois pas, je… Entre mes spasmes, ma respiration difficile, saccadée, je lutte et m'accroche à son intérieur, je m'applique et m'acharne. Finalement, mes gestes rendus irréguliers par les bouffées, les vagues qui m'assaillent, semblent plus efficaces, en est-ce le côté imprévisible ?

Et les sons produits pas mon Alyx, son timbre de voix intermédiaire sous mes assauts babillants, s'ajoutent à mes propres sensations, je suis encore plus haut que précédemment, c'est de la folie, de la pure folie, je… savoure cette partition à quatre mains que nous interprétons de concert, pour notre seul plaisir, si haut…

Je décroche, c'est trop intense pour moi, je ne puis plus à la fois recevoir et donner, je perds pied à tant le prendre, et laisse à regret les commandes de notre fusion à Alyx, bien plus aguerrie que moi. Je suis figée dans ma position, muscles tendus au point d'en éprouver des difficultés à respirer, et ne même pas considérer cela comme important, je suis figée à une exception près, mon bassin, pris de soubresauts au rythme des éclairs qui font rage en lui. J'émets à présent des râles inhumains, suis-je encore en possession de quelque partie de moi-même ? Ou ne suis-je qu'à l'intérieur d'un engin lancé à fond sous la maîtrise de mon Alyx ?

Progressivement des bisous sur ma toison remplacent les agissements de ses doigts et j'amorce une nouvelle phase de descente, à moitié consciente, mais en toute sécurité car je sais qu'Alyx veille à la bonne marche, veille sur moi. "Prenez votre temps, je vous ramène un autre verre d'eau." Mais comment peut-elle se lever de suite, comme si… ?? Je le voudrais que j'en serais bien incapable, là ! Déjà me redresser me demandera un peu de temps et pas mal d'efforts.

Ce qui est sûr, c'est que je ne risque pas d'oublier cette 'première fois', que, si je ne l'avais vécue, jamais je n'aurais pu imaginer ! Et encore moins l'intensité de ce que j'ai ressenti, qu'il était possible de ressentir une telle chose ! Je me revois à peine quelques jours plus tôt, me rendant à mon rencard avec Alyx, décidée à lui faire comprendre qu'au-delà d'une simple amitié sans équivoque… Ben ma Jeannine !

"Je vous supplie de bien vouloir me pardonner de vous avoir faite ainsi attendre, Jeane chérie", me dit Alyx, masquant le micro de son smartphone à peine ai-je attrapé le grand verre tendu, avant de repartir hors de la chambre. Je devine que ça a l'air sérieux, pour qu'elle ait pris l'appel, ou rappelé, aussi je ne m'immisce pas. Je bois une gorgée, et le pose machinalement sur le lit, entre mes jambes, sans le lâcher. Sa fraîcheur m'inspire une utilisation saugrenue mais bien agréable, m'appliquer la paroi du verre contre… Oh que c'est bon, après nos ébats !!

La conversation d'Alyx s'éternise, je me décide à tenter de me lever, et sortir de la chambre. Si je ne voyais le bout de protection transparent dépassant toujours d'elle, je douterais que cet homme affairé à son échange téléphonique soit bien l'Alyx avec qui je viens de faire l'amour. Je le laisse tranquille, et pars mettre le nez dehors, sur le balcon, juste vêtue moi aussi de mon bout de truc transparent…

Serrant le verre frais contre moi comme s'il symbolisait mon Alyx, je regarde au loin le flot de véhicules sur une des routes. Il se divise en deux voies, j'y vois un choix, le choix que j'ai été amenée à faire, le chemin que j'ai osé emprunter par amour pour Alyx, celui que j'aurais dû prendre, que j'aurais regretté prendre si à la fois je n'avais osé, et avais su ce que j'allais rater. Je n'ai pas décidé de rencontrer Alyx, j'ai choisi de l'aimer. Nos routes n'étaient pas faites pour se croiser, nos mondes sont si différents, je regarde ces deux véhicules qui tournent dans l'échangeur et partent dans des directions opposées. Sont-ce Alyx et moi, ou plus vraisemblablement Jeane et Jeannine ? Oui, c'est plutôt ça, car Jeane est sur le siège passager d'un coupé grand luxe, aux antipodes de la pauvre petite vie bien rangée, sans envergure ni couleurs, d'une certaine Jeannine

Jeane… Ce prénom promesse d'un rêve d'évasion de nos vies, un jeu en forme d'espoir, d'amies qui s'inventent, se réécrivent, des bouts de leurs existences. Jeane, Joyce… Deux façades cache-misère pour une Jeannine et une Josée, et puis récemment je suis passée de l'autre côté de ma façade, dans le sillage d'un tourbillon nommé Alyx. Alyx, cet homme sur lequel j'ai flashé, cette femme avec qui je l'ai fait. Car je l'ai fait. Avec mon Alyx. Je suis allée jusqu'au bout, j'ai eu le courage de faire ce saut, comme ce véhicule a tourné d'un côté et non de l'autre, là-bas, au loin. Comme Jeane a laissé Jeannine de l'autre côté de l'échangeur. Jeannine n'avait pas d'avenir, Jeane en a peut-être un. Devant moi, cet échangeur, en moi un autre, en matière souple et transparente, et derrière moi, physiquement bien sûr, la raison pour laquelle j'ai bifurqué, affairée au téléphone depuis tout à l'heure, mon Alyx


"Vous m'apparaissez fort songeuse, délicate Jeane", est déposé dans mon cou, accompagné de baisers. Je pose mon verre, me retourne, me plaque contre Alyx. Une de ses mains tient mon dos, l'autre me caresse les cheveux. Blottie ainsi, le monde pourrait s'écrouler… Héé ! J'espère que sa conversation n'en est pas un signe annonciateur ! "Rassérénez-vous, Jeane chérie, aussi problématique soit la situation imposant mon départ, je vous sais déjà sûre de mon retour auprès de vous, à l'issue de ces quelques jours que nécessitera son assainissement." Quelques jours. Je vais la perdre pour un nombre certes réduit mais indéterminé de jours alors que nous venons juste…

"De plus, nous disposons d'encore suffisamment de temps à utiliser ensemble, vous et moi, Jeane chérie, avant mon départ, ne le consommez pas à déjà vous désespérer de moi alors que vous êtes dans mes bras !" Je relève le nez, lui souris. Elle a raison, une fois encore. "Allons, tête haute, regard fier", dis-je, reprenant des paroles qu'elle m'a citées. "Je vous préfère ainsi, tendre Jeane", me répond-elle, descendant sa main sur mes fesses. Je ne réprime pas mon envie de l'embrasser.

Dans un réflexe, les bras autour de son cou, j'enroule à nouveau une, puis mes deux jambes autour d'Alyx, je suis assise dans ses mains. "Est-ce cela que vous souhaitez que nous fassions désormais ?", me sort-elle entre deux assauts labiaux. Quelque chose m'a échappé, là, qu'entend-elle par-là ? "Vous faire l'amour comme un homme, délicieuse Jeane" sera sa réponse, mais je ne serai guère plus avancée…

"Faîtes-moi ce que vous jugerez bon, je m'en remets encore entièrement à vous, mon bel Alyx…" Ai-je seulement conscience de ce que je viens d'accepter ?? Tête brûlée, la Jeannine

Elle me redescend, attrape ma main, et m'entraîne dans la salle de bain, vers le 'fameux' tiroir. Puis elle ôte la chose transparente de son intimité, la replie et la retourne comme une poche à serviette, la jette. Je la regarde farfouiller dans le tiroir, un assez profond tiroir, où s'entassent dans un joyeux désordre toutes sortes de jouets d'adultes, un monde délicat et coloré qui m'est inconnu ! Elle en sort une sorte de harnais. Quant à moi, je me demande si je dois garder ou ôter mon truc transparent, en vue de la suite qu'elle me destine, avec ce harnais.

Je réponds à ses sourires, tandis qu'elle s'équipe de ce machin qui rappelle une culotte, sans le tissu. C'est curieux, ces deux lanières qui lui écartent les fesses, enfin, plus curieux encore que le reste, je veux dire… "Il est plus technique que ceux que l'on trouve en vente dans notre pays, requiert davantage de préparation, mais s'avère bien plus efficace", dit-elle malicieusement, devant mon ignorance. Je la regarde fixer à l'avant un truc en matière gélatineuse dont le bas rappelle une paire de… Ca jouera le rôle d'amortisseur, je le découvrirai à l'usage.

Enfin, elle extirpe du tiroir un élément massif, coudé, qui me fait penser à un attache-caravane, je sens le fou rire monter. "Vous pouvez, bien au contraire, aimer ne doit être ni triste ni trop solennel, Jeane chérie", anticipe-t-elle en me le tendant. C'est pas monobloc, il y a une articulation vers le coude, ça se plie. On dirait plutôt une machine à bouteilles. Ca va pas mieux, Jeannine

J'admire la dextérité avec laquelle elle vient d'enfiler un préservatif, masculin cette fois, sur la plus petite des deux extrémités de ce bidule que je tiens toujours. Là je commence à m'inquiéter…

Elle récupère l'engin, et procède à l'assemblage. J'ignore qui de ma curiosité ou de mon inquiétude prend le pas sur l'autre, quand je la vois entrer en elle cette plus petite extrémité, et solidariser l'ensemble. Heu… Ai-je vraiment bien fait d'accepter, moi ?? D'un autre côté, je n'ai aucune raison de ne pas avoir confiance, mais quand même, il impressionne, son 'gode-zilla' !! C'est ainsi qu'il m'est venu de le baptiser, peut-être pour 'dédramatiser' l'instant.

Si j'ai désormais une idée fort précise de ce qu'elle compte faire de la plus grande extrémité qu'elle arbore comme un mât à drapeau, j'avoue que tout le bricolo à sa base m'intrigue encore. Alyx me laisse faire lorsque je m'agenouille pour observer de plus près l'ensemble. Pourquoi cette 'hampe' pointe-t-elle tant vers le haut ? Plus à l'horizontale serait sûrement… …?? Mais ?? C'est articulé, ça peut s'incliner vers le haut ou vers le bas, on sent comme un effet de 'crans'… Heu…?? Je viens de noter que ces 'crans' doivent être une sorte d'engrenages, car en baissant l'engin, l'autre partie monte et s'enfonce légèrement en Alyx, et inversement. Une machine à bouteille, j'avais raison ! Je m'amuse avec ce mécanisme, ce qui ne déplaît pas, et pour cause, à mon Alyx

"Venez, un peu à moi maintenant", fais-je en l'emmenant de nouveau dans la chambre, la poussant délicatement à s'allonger sur le lit. Elle s'exécute très volontiers, et je m'empale sur l'engin, à califourchon sur elle. Je lui joue une danse du ventre endiablée, je suis, à peu près, dans un registre connu. Je décolle assez vite, mais à mon grand étonnement je ne grimpe pas aussi haut que précédemment. Ca ressemble plus à ce que je connaissais d'avant Alyx. J'y mets du cœur, et c'est quand même bien agréable, mais je reste un peu sur ma faim, malgré même les mains baladeuses de mon Alyx.

Je fronce les sourcils, m'acharne, persévère, sautille même, je n'obtiendrai pas beaucoup mieux. Je ne comprends pas. Suis-je juste fatiguée ? Ou… "Jeane, Jeane chérie, qu'avez-vous ?" Comment expliquer un truc pareil… "Ca l'fait pas", d'accord c'est pas classe, mais je ne trouve pas meilleur résumé. Elle réfléchit quelques instants, et s'exprime: "Si vous voulez dire que le ressenti obtenu par vos efforts se situe bien en-deçà de vos espérances, n'en ayez aucun étonnement." Gné ??

"Puis-je vous suggérer plus pertinent que votre méthode de réanimation pour mâle endormi ?" Re-Gné ?? A peine dit ouf, que je me retrouve basculée à quatre pattes, et avec tendresse mais sans ménagement mon Alyx, à genoux derrière moi, mains sur ma croupe, me ramone sans sommation, alternant coups rapides, coulissements lents, et courtes pauses. "A-é-é-e-i-a-e-o-u-u-i-e-a-a"…

Effectivement, vu comme ça, ça a tout de suite plus d'allure, et en brave jument montée par mon Alyx, j'alterne trot et galop au rythme qu'elle m'impose, piaffant de bonheur. Je retrouve assez rapidement les symptômes qui me faisaient défaut, les spasmes, soubresauts, les douleurs au bout des seins, la respiration haletante, j'aimerais me masser la poitrine, mais mes bras me servent à tenir ma position, et mes diverses tentatives pour concilier les deux se soldent par un étrange ballet de bas en haut de mes mains.

Une main me saisit, je me redresse à celle-ci. Je ne suis tenue que par ce bras, puissant, verrouillé, et cette chose qui me lime l'avant du bas-ventre, mais en échange mes mains sont libres, libres de se jeter sur mes seins. Ma tête s'incline machinalement vers le haut, vers l'arrière. Je commence à m'égarer dans mon orientation spatiale, c'est bon signe. Signe que je suis tout aussi réactive à Alyx homme, qu'à Alyx femme, ce qui quelque part me rassure. C'est idiot, vu qu'Alyx est Alyx, homme ou femme… Alyx. Je ferme les yeux, me focalise sur ce seul prénom. Sur ce prénom, et ce machin qui me pourfend, que je ne peux ignorer ! Tout comme la bulle qui se forme dans mon ventre, et s'apprête à me remonter tout le dos, pour exploser dans mon cerveau. Je tiens des propos incohérents, des séries de consonnes et de voyelles assemblées au fil de l'inspiration, j'ai chaud, j'ai froid, je ne sais plus… J'ai mal, aussi, mais je ne veux pas que ça s'arrête, c'est bon, c'est horrible, je me transforme en statue, en monolithe crispé, des myriades de points multicolores prennent possession de mes yeux, dans mes tempes et dans mon cou cogne ma pression sanguine. Je suis en équilibre sur le fil de ma raison, vacillant d'un côté et de l'autre à tout bout de champ.

Les coups que m'assène l'engin se font plus saccadés, plus désordonnés. Plus intenses aussi. Est-ce qu'Alyx, sous l'effet de son machin à embouteiller, se trouve dans un état similaire au mien ? Est-ce que par des mouvements judicieux du bassin, elle m'a rejointe, là-haut, si haut ?

Je m'accroche à ce bras qui me retient, ce bras qui me maintient, ce bras qui me plaque contre mon Alyx, ce bras aux muscles contractés. Je sens des tremblements dans mon dos, des tremblements qui ne sont pas les miens, une respiration forte dans mon cou, un murmure vers mon oreille. Une voix hésitante, des mots qui luttent pour trouver leur chemin, des sons qui s'y superposent. Oui, Alyx est avec moi, près de moi, contre moi.

"Ensemble, Jeane chérie, maintenant !", ont dit ces mots. Après je ne sais plus. Avons-nous franchi une forme d'hyperespace ? Un éclair nous a-t-il transpercées ? Je ne me souviens que de nos deux corps chutant enlacés sur ce moelleux lit, encore animés de spasmes, de ma tête tournée vers l'arrière, ma bouche cherchant frénétiquement celle d'Alyx

Allongées côte à côte, vidées mais comblées, nous avons tout de même réussi à nous prendre la main. Ma tête est tournée vers celle de mon Alyx, son visage brillant de sueur, son sourire au coin des lèvres malgré sa respiration haletante, je sais désormais que nous sommes allées au bout, au plus profond, au plus intense de notre symbiose amoureuse, loin, bien loin, bien au-delà du plus loin que je ne m'étais aventurée auparavant, durant mes expériences passées. Mais il est vrai que je n'avais jamais rencontré d'Alyx auparavant, enfin de personnage comme lui, ou elle. Et même si je ne cerne pas encore totalement le pourquoi et le comment, je suis sûre de mes sentiments pour Alyx, et de mon désir de fonder une belle et longue histoire avec elle, ou lui, en cet instant ce 'détail' m'apparaît comme négligeable face au futur que je nous espère.

J'aperçois la 'hampe' du 'gode-zilla' en position bien verticale, j'émets une plaisanterie à son sujet. "Lui oui, gourmande Jeane, quant à moi, ayez la bonté de m'accorder encore un moment de récupération…" Je lui décoche un bisou: "Parce que vous trouveriez la force de remettre ça, Alyx ? Je m'en sens bien incapable, vous m'avez épuisée." Nous convenons aisément d'en rester là pour aujourd'hui, et demeurons ainsi, main dans la main, lèvres contre lèvres, corps au repos, de longues minutes.

La pression des doigts d'Alyx sur les miens se relâche, elle quitte ma main, afin de se défaire de 'gode-zilla'. Elle sort l'extrémité de l'engin, dans un soupir satisfait, puis délace la structure de lanières. Un palier en position assise au bord du lit lui sera nécessaire avant de se lever, et filer vers la salle de bain. Je tenterai la même chose quelques instants plus tard.

Sortir l'anneau de ma protection transparente m'aura été un peu douloureux, est-ce dû à mon inexpérience, ou à l'intensité de ce que je viens de vivre ? Je la jette dans la poubelle de la salle de bain, où je fais une toilette sommaire, à l'aide d'un gant passé à l'eau froide. Dans le miroir, je regarde ma tête. Mes traits sont les miens, mais quelque chose a changé. Je baisse les paupières, inspire profondément. Ce visage, familier et pourtant différent, nouveau, c'est celui de Jeane. Pas celle d'avec Joyce, celle dans la bouche de mon Alyx, celle qui a sûrement un avenir, auquel Jeannine n'aurait jamais pu songer, et encore moins prétendre. 'Tête haute, regard fier', mais regard cerné et …fesses ravagées.

Je m'essuie à peine, afin de garder le frais sur moi, et sors. J'aperçois la silhouette de mon Alyx sur le balcon, dans un halo de soleil, semblant illustrer de façon concrète cette prestance naturelle qu'elle dégage, et continue de m'impressionner. Je m'avance lentement, me colle contre son dos, y frotte ma joue comme le fait un chaton. Je respire sa peau, son être, je mesure le peu que je suis, comparée à un tel personnage. "Dîtes-moi, Jeane chérie", son 'dîtes-moi' qui en ces deux simples mots en présente tellement. "Alyx ?" Elle se retourne, je saisis ses mains, plante mon regard dans le sien. Je sens mes yeux s'humidifier, les siens en chercher la raison.

"Je vous aime, Alyx", dis-je. Elle me lâche une main, pour poser la sienne sur ma joue: "Et je vous aime, Jeane". Le 'et' de sa réponse, qui personnalise, renforce, 'dé-galvaude' cette expression, tourne dans ma tête. J'applique ma main sur la sienne, au niveau de ma joue, je souris sous des larmes de bonheur. J'aimerais que le temps ralentisse, et se fige là, sur nous, sur notre déclaration mutuelle.

Mais le temps se rappelle à nous, sous la forme de bruits de couverts et d'odeurs agréables entrant par le balcon ouvert. Je propose: "Si nous descendions manger ?" La réponse est sans appel: "Faisons-nous livrer ici, Jeane chérie, ainsi vous n'aurez pas à vous vêtir de suite, et m'accorderez un supplément de ce délicieux spectacle." Comment résisterais-je ?

En quelques clics nous faisons notre choix parmi les menus de l'hôtel, et peu de temps après retentit une tonalité de clochette, une servante à roulettes nous attend dans l'ascenseur, derrière la porte d'accès à l'appartement. Nous dégusterons cette délicieuse cuisine sous cloches en tête-à-tête, jambes et regards entrelacés.

Il est presque quinze heures quand nous renvoyons la servante 'nettoyée' de ses aliments dans l'ascenseur. Cet acte sonne la fin de ce moment privilégié, et le début des préparatifs liés au départ d'Alyx, à notre séparation certes temporaire. Je regarde Alyx emplir une petite valise trolley avec quelques uns de ses nombreux costards, les plier de manière à ce qu'ils ne conservent pas leurs plis, avec une précision qui me fascine. J'ai eu le droit de choisir la tenue avec laquelle elle s'envolera tout à l'heure, une tenue sobre, à l'exception de la cravate. La valise bouclée, elle vérifie et réorganise le contenu de son attaché-case, l'amène près d'une prise pour un complément de charge de son ordinateur portable, rangé à l'intérieur.

Je découvre la douche de l'autre salle de bain, l'y rejoins, mais nous ne nous y échangerons que quelques baisers, le temps n'est plus aux câlins. Son savon est doux et laisse la peau douce également, mais n'est pas parfumé. Je ne me laverai pas les cheveux, pour ne pas la retarder, je me fais discrète. Et tandis que je m'essuie, je la regarde se transformer en cet homme élégant et distingué que j'ai connu d'elle en premier. J'ai beau le savoir, c'est impressionnant. Sa petite poitrine enroulée dans une bande élastique qui disparaît derrière une chemise impeccable, pantalon au pli millimétré, ceinture en peau de je-ne-sais-quoi de pas donné, col et manchettes assortis, la seule concession qu'elle s'accorde tient en trois paires de chaussures féminines pour accueillir ses pieds nus. La dextérité avec laquelle elle fera son nœud de cravate me fascine.

En quelques coups de peigne et un peu de laque, sera achevée sa transformation. Je frissonne devant un tel contraste. Comment même soupçonner que cet homme-là soit en fait la femme avec laquelle je viens de faire l'amour ? Jusqu'à son timbre de voix est plus posé, ses intonations différentes. "Vous êtes beau, monsieur", ne puis-je m'empêcher de lui sortir. 'Il' me sourit.

De mon côté, un peu de déo, j'enfile la magnifique robe fourreau par dessus ma nudité, et accepte volontiers de laisser Alyx s'occuper de ma coiffure.

"Aurez-vous l'usage de mon véhicule, Jeane chérie, tandis que je serai en déplacement ?" Heu… Je refuse catégoriquement de prendre le moindre risque avec son bijou sur roues. "Je vous l'aurais volontiers laissé à partir de l'aéroport, cependant j'entends vos réticences, aussi prendrons-nous un taxi."

16h40, nous descendons dans le parking, où Alyx récupère les sacs de mes emplettes dans le coffre de son coupé, mais refuse galamment que je les porte. J'arrive au mieux à lui tenir la porte d'accès, par laquelle passe juste notre bazar, sur la valise trolley. Devant l'entrée nous attend notre taxi, une grosse berline, dont le conducteur sort assister Alyx à l'entassement de nos affaires dans le coffre, à l'exception de l'attaché-case. Alyx m'ouvre la portière, et s'installe à ma suite. "Amenez-moi à l'aéroport, je vous prie, ensuite vous reconduirez ma fiancée à son domicile. Vous évaluerez le prix de cette course dès l'aéroport, je vous la règlerai par avance. Cela vous convient-il ?" Le conducteur rétorque d'un attendu "Bien, monsieur".

Le taxi démarre, j'ai l'une des mains d'Alyx sur ma hanche, par la découpe circulaire de mon fourreau, et son autre par dessus la mienne, entre nous. Je me penche, pose ma tête contre son épaule, je profite de ce dernier trajet avant notre séparation. Alyx

"Allumez-le dans environ 72 heures, Jeane chérie, je vous appellerai pour vous communiquer l'avancée de mon intervention, et mes date et heure de retour si elles me sont alors déjà connues", m'explique Alyx, me tendant un …smartphone, "ainsi que pour le bonheur de vous sentir près de moi par la magie de la téléphonie même aux antipodes de vous". Je lève le visage, et nous nous échangeons un bisou. Dans le rétroviseur des yeux nous observent, des yeux qui eux aussi voient en Alyx un homme.

Nous entrons dans l'enceinte de l'aéroport. C'est idiot, mais je ne suis jamais venue ici. Ca me fait l'impression d'une zone routière où le code de la route ne s'appliquerait plus, où rouler n'importe comment, quitte à amplifier le bouchon ambiant, est la règle. Même notre conducteur s'est transformé en animal sauvage, en acharné de l'avertisseur et de l'insulte par la vitre. "Vous vouliez que je prenne le volant de votre coupé ici ?", dis-je à Alyx. Nous en rions.

La voiture s'immobilise, le conducteur me demande mon adresse. Il marque une hésitation, ben oui j'habite dans un quartier dit populaire, mais c'est pas plus une zone de non droit qu'ici ! Alyx insiste d'un ton faussement impatient, il finit par l'entrer dans son GPS, qui lui fournit une approximation du tarif de la course. Il regarde d'un air intrigué la grosse coupure tendue par Alyx, l'accepte, rend la monnaie, se récupère un conséquent pourboire, émet la facturette.

Il sort, nous ouvre la portière, sort la valise trolley, et remonte au volant. Sur le trottoir, je me jette au cou d'Alyx une dernière fois, pour un fougueux baiser de départ. Je descends l'une de mes mains, attrape son poignet, et guide sa main dessous mon imper, par la découpe de ma robe fourreau. Instant d'étonnement d'Alyx, qui finalement apprécie de caresser mes fesses avant son envol.

Je regarde s'éloigner 'mon homme', qui se retournera à deux reprises avant de disparaître dans les méandres de cet imposant bâtiment. Ma main à peine levée dans un timide 'au revoir' retombe, ça y est, c'est fini. Je remonte dans le taxi, sans un mot, sans un sourire. Le conducteur me quitte des yeux, démarre sa voiture.
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-MyLzz59-

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