Mylène écrit (http://mylene-ecrit.blogspot.fr)
 ( MàJ: 02/01/2014 )


Ceci est un Blog par Mylène (MyLzz59)

Ainsi s'écoulent les jours [Alyx 15]

« Mon amie Joyce est repartie depuis à peine une demi-heure, et déjà je tourne en rond dans mon appartement, dont la pourtant fort petite superficie m'apparaît trop grande. Je présente tous les symptômes d'un Alyx-blues. D'ordinaire, j'aurais déjà allumé la télé quitte à laisser jouer n'importe quoi sans y prêter plus d'attention que ça, la bonne ménagère-type de panel d'audiences, là même la météo pour demain, qui permet de savoir comment s'habiller pour le boulot, ne me passionne guère. Mon Alyx est loin, à l'autre bout de la planète, je suis passée trop rapidement de mes découvertes charnelles à son absence, j'ai le contrecoup d'un non respect de palier de décompression.

Mon Alyx est loin, et je suis là, avec de beaux et chauds souvenirs, trop forts pour être portés par moi seule. Ils m'écrasent. J'ai volé dans de si hautes sphères grâce à son amour, j'ai le syndrome de l'avion sans ailes, sans elle, qui tourne en rond, dans son salon. Je soupire. Car je suis trop nerveuse pour réussir à me poser, me pauser, dans le canapé. Et je suis trop lasse pour ressortir hélas, ça m'embarrasse. Dire que d'habitude pour les rimes je trime, là j'arrime en prime des mots, dos à dos, en solo, c'est ballot…

Sans doute un effet secondaire, dis-je à mon nouvel animal de compagnie, ce smartphone éteint que m'a laissé mon Alyx, comme un lien invisible, un support matériel. Dans moins de trois jours, je l'allumerai, et dedans je retrouverai mon Alyx, en attendant de pouvoir enfin me serrer contre son corps, me blottir contre elle, revivre. Accro, la Jeane


Je vais trimballer cet engin partout avec moi, car éteint il n'est plus un téléphone, il est un symbole, un gri-gri, un doux souvenir qui sommeille, figé comme dans de l'ambre, un espoir, la lampe de mon génie. Je frotte l'écran, c'est juste pour enlever les traces de doigts, je le veux à l'image d'Alyx, nickel classe.

Le seul avantage d'un tel état, c'est qu'à tenter de s'occuper, les tâches ménagères dépotent à une allure, même ce que je rechignais à faire depuis longtemps. Je m'occupe le corps pour m'ensommeiller l'esprit.

Alyx… Est-elle déjà arrivée ? Non, c'est trop tôt, c'est trop loin, là où son travail l'a appelée. Que fait-elle dans l'avion ? Travaille-t-elle, ou se repose-t-elle ? Suis-je dans ses pensées, comme elle monopolise les miennes, là ? Sûrement, je sais qu'Alyx est ainsi, je m'en voudrais même d'en douter. Ce smartphone qui me rattache à elle comme un pont jeté à travers la planète en est la preuve.

Le smartphone ! Une terreur me traverse, et s'il ne s'allumait pas ? S'il était à plat, ou verrouillé par un code que je n'ai pas ? Non, Alyx y aura forcément songé, il s'allumera sans code, j'en suis convaincue. Et chargé la batterie. Dans le doute, je regarde quelle prise l'équipe. Chouette, elle semble pareille à celle de mon appareil photo, c'est bon de le savoir, au cas où…

Je serre l'appareil contre moi, tandis que je vérifie que j'ai bien fermé ma porte pour la nuit. Je le poserai sur la pile de serviettes propres, pour faire ma toilette, avant de filer au lit. Et même si je ne trouve pas les bras de Morphée, dans mon besoin de ceux d'Alyx, au moins je reposerai mon corps.

Je me sens ridicule, avec mon truc en pilou. A des années-lumière de la nuit précédente. Il retournera sur le dossier de la chaise. Je me sens déjà plus proche, en tenue d'Ève. J'aurais bien pris le téléphone avec moi, j'ai peur de le casser durant mon sommeil. Aussi je le laisserai sur la table de nuit, près du réveil dont je vérifie le réglage.

Je m'allonge sur le dos, sous ma couette, pose mes mains sur l'intérieur de mes cuisses, ferme les yeux, et me repasse les images de la nuit dernière, de ce matin, de mon Alyx, de ce que nous avons fait de si beau, cette nuit, et surtout ce matin. Je m'endors heureuse…

Le lendemain j'ai appliqué la même recette à mon travail, m'occuper jusque tard sans me laisser la moindre minute de repos, pas la moindre minute pour avoir conscience qu'Alyx me manque. Ca m'a permis de bien avancer mes en-cours, ça servira de toute façon prochainement. Pour le retour d'Alyx, par exemple, si j'ai besoin de partir plus tôt.

J'ai dérogé une fois à cette règle, en cherchant sur le net les caractéristiques de la boîte dans laquelle 'sévit' mon Alyx, je ne suis guère plus renseignée car il s'agit d'un grand groupe qui commercialise uniquement en gros, mais dans des domaines assez variés. J'ai par contre trouvé une sorte de 'tableau d'honneur', une liste d'une trentaine de noms de ses plus hauts dirigeants, dans laquelle figure Alyx, repérable à la longueur de son nom, mais talonnée par une poignée d'autres 'De Quelquechose'. Et si cette liste ne mentionne pas vraiment les fonctions de chacun, j'en ai quand même éprouvé une fierté admirative à l'égard de mon Alyx.

J'ai aussi retrouvé les joies des transports en commun, la chaleur humaine au sens premier liée à l'entassement les unes sur les autres de personnes qui s'ignorent pourtant les unes les autres, sur des lignes surchargées aux heures de pointe, le bonheur de voyager debout comme des asperges dans leur bocal. Je me suis prise à rêver de la tête qu'auraient pu faire mes collègues, si j'étais arrivée au boulot au volant du bijou sur roues d'Alyx, dans les rêveries on peut tout oser sans risque, c'est d'ailleurs la seule chose qui ne coûte encore rien en ce monde…

Ainsi s'écoulent les jours qui me séparent de mon Alyx. Vivement ce soir…
»

-MyLzz59-

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