Mylène (MyLzz59)
Quand y'en a plus, y'en a encore un peu, voici une troisième et ultime série de chapitres courts, dont le premier (Ch. 13) permet aux non-adultes de "raccrocher les wagons" sans avoir à lire en cachette les aventures "chaudes" de Jeane et Alyx..
« Mon taxi s'éloigne peu à peu de l'aéroport, je regarde le ballet d'avions tournant au-dessus de moi, insectes géants dans une chorégraphie orchestrée depuis le pissenlit qu'est la tour de contrôle. Alyx n'est pas encore dans l'un d'eux, il est trop tôt. Au mieux, sa valise est-elle enregistrée [..]
Alyx, mon 'homme' a dû partir précipitamment, est-ce là le quotidien de son travail ? Dois-je m'attendre à ce genre de vie, désormais, ne l'avoir qu'entre deux envols ? Mais entre deux envols, ça peut être magique, féérique, hors du monde et du temps, comme cette nuit. Je regarde d'un œil distrait les gens autour de moi, dans les rues, dans les voitures. Combien d'entre eux ont-ils eu ce bonheur suprême de connaître l'extase amoureuse ? Car oui, ce matin je suis allée au bout de mon courage [..] »
Pour conclure (moi aussi (nan, j'l'ai pas dit.. :P)), "Alyx", avec ses 3 volets de chapitres courts, son pseudo-résumé, et son fort long chapitre "chaud", méritait bien de "sortir" de la Liste des Histoires et disposer de sa propre Rubrique. En terme de longueur de texte aussi, dont voici le classement par taille décroissante (à ce jour) :
1) "Alyx" (la rubrique totale)
2) "Sable"
3) "Alyx" (l'aparté "chaud" seul)
4) "Hercule"
5) "Journal Audio"
6) "Il Était Une Fois"
7) "15 Août 2012"
8) "Marché de Noël"
9) "Mirana"
..
13) "La course est payée" | 16) "Vous n'étiez pas joignable" |
14) "Je lui parlerais martien.." | 17) "Vous êtes en beauté ce soir" |
15) "Ainsi s'écoulent les jours" | 18) "Peut-être pourriez-vous .. ?" |
-MyLzz59-
La course est payée [Alyx 13]
« Mon taxi s'éloigne peu à peu de l'aéroport, je regarde le ballet d'avions tournant au-dessus de moi, insectes géants dans une chorégraphie orchestrée depuis le pissenlit qu'est la tour de contrôle. Alyx n'est pas encore dans l'un d'eux, il est trop tôt. Au mieux, sa valise est-elle enregistrée. Je ne sais même pas sa destination exacte, j'ignore combien de jours lui seront nécessaires pour régler cette urgence qui l'envoie à l'autre bout de la planète, je n'ai d'Alyx que le smartphone que j'allumerai dans 72 heures et grâce auquel j'aurai de ses nouvelles, en attendant son retour.
Alyx, mon 'homme' a dû partir précipitamment, est-ce là le quotidien de son travail ? Dois-je m'attendre à ce genre de vie, désormais, ne l'avoir qu'entre deux envols ? Mais entre deux envols, ça peut être magique, féérique, hors du monde et du temps, comme cette nuit. Je regarde d'un œil distrait les gens autour de moi, dans les rues, dans les voitures. Combien d'entre eux ont-ils eu ce bonheur suprême de connaître l'extase amoureuse ? Car oui, ce matin je suis allée au bout de mon courage, après ce coup de téléphone qui lui annonçait son changement de programme, j'ai osé lui demander de me faire connaître ce qu'est l'amour à ses côtés, l'amour physique, charnel, et j'ai été aimée. Par une femme, par un homme, par Alyx, qui m'a emmenée bien plus loin, bien plus haut, que dans mes rêves les plus fous. Alyx qui en moi a 'tué' Jeannine, pour transformer Jeane chenille en un magnifique papillon sous son amour..
Je suis dans ce taxi, qui a déposé mon Alyx à l'aéroport, et qui désormais me ramène chez Jeannine, dans mon quelques mètres carrés de réalité. Je suis dans un taxi dont Alyx a déjà payé la course et même un conséquent pourboire, car j'ai refusé de prendre le volant de son bolide, j'aurais trop peur ne serait-ce que de le rayer.
Alyx. Comme dans mes réflexions sur son balcon, regardant au loin ces minuscules véhicules circulant dans un échangeur, son monde et le mien sont tellement différents que nous n'aurions jamais dû nous rencontrer, tant tout nous oppose. Jusqu'à mon attirance, avant cette rencontre, comme l'objet de ma démarche, quand j'avais décidé d'honorer quand même son premier rencard. Car sous son armure étincelante de chevalier servant, son costard-cravate griffé d'homme parfait, Alyx est en fait ..une femme, et moi, même encore maintenant, je ne suis toujours pas.. Sauf d'Alyx, dont je suis raide dingue.
Nous passons devant le bar qui nous servait de QG, à Joyce, l'une de mes amies chères, et moi. Joyce et Jeane, deux femmes ordinaires qui par ces prénoms plus flatteurs que nos Josée et Jeannine s'inventaient des promesses de jours plus beaux. Sauf que Joyce est toujours Josée, alors que Jeannine a vraiment franchi le miroir, est désormais réellement Jeane, par la magie d'une rencontre aussi imprévue qu'improbable, avec un 'De Machin De Bidule De Saint-Truc' venu se perdre le temps d'un repas dans un petit restau de quartier, près d'une zone d'entreprises.
Demain je vais reprendre ma vie ordinaire, retourner au boulot, devoir me remettre dans la peau de Jeannine, la défunte, que je ne suis plus. Monter dans les transports en commun, un truc qu'Alyx n'a certainement jamais dû faire, et me rendre au boulot. Passer le soir me chercher une barquette de je-ne-sais-quoi afin de me nourrir pour pas trop cher, et non me flatter le palais, faire la lessive et d'autres gestes du quotidien d'une femme comme moi. Même vivre en tant que femme n'est pas le mode de vie de mon Alyx, qui tout en ne reniant pas sa féminité n'a pu s'épanouir qu'en décidant d'investir un rôle masculin, dans lequel elle excelle, en adéquation avec sa personnalité, fière et forte.
Ca bouchonne devant le taxi, le paysage défile plus lentement. Un paysage qui m'est familier. La silhouette de cette femme, un peu plus loin sur le trottoir, aussi. Joyce !
Joyce, un des fidèles piliers de l'existence de Jeannine, qui a toujours été là, dans les bons comme les mauvais moments, que je ne peux décemment 'larguer comme ça', juste parce que nos mondes sont en train de se séparer, parce que je tends vers celui de mon Alyx, laissant derrière moi le 'cadavre' de Jeannine.
"S'il-vous-plaît, pourriez-vous vous arrêter à la hauteur de la dame, là, sur le trottoir ?" Le conducteur s'en fiche, il me demande de confirmer par un détail vestimentaire de qui je lui parle.
J'ouvre la vitre: "Joyce ! Eh, oh, Joyce !" Elle se retourne sans grande conviction, elle ne s'attendait pas à se faire appeler ainsi. "Jeane ? C'est toi ? Qu'est-ce que.. ?" "Peut-on l'emmener, monsieur ? Je vous paierai le supplément", dis-je. "La course est payée", répond-il. J'invite donc Joyce à grimper, elle hésite, contente de me voir, mais ne m'attendant sûrement pas dans un taxi, que d'ordinaire nous n'empruntons jamais.
"Tu as changé de coiffure", me dit Joyce en me faisant la bise, "Ca te va vachement bien, ça te donne des airs de 'haute' !" En fait non, c'est juste l'autre efféminé qui m'a montré comment avoir l'air de quelque chose, dans des vêtements de luxe. Mais chaque chose en son temps, je garde mon imper fermé.
"On rentre de l'aéroport, Alyx a dû partir précipitamment, à la suite d'un coup de fil. Une situation d'urgence, à l'autre bout de la planète.." Je sors machinalement le téléphone éteint de ma poche, et le serre contre moi.
Le taxi s'immobilise devant chez moi, le conducteur semble pressé de repartir. Joyce et moi descendons, je demande si je dois quelque chose, ne serait-ce qu'un pourboire, il refuse, me rappelle seulement que j'ai des bagages dans le coffre, il ne descendra même pas de sa voiture. C'est pas la jungle, mon quartier, m'enfin !?!
Je récupère mes sacs, Joyce m'en prend une partie, et à peine le coffre refermé le taxi se taille. Nous en rigolons, que faire d'autre ? »
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