Vous êtes en beauté ce soir [Alyx 17]

« A part mon encart, l'écran du smartphone devient noir, et une image finit par se former, c'est le beau visage d'Alyx, coiffure toujours impeccable, et cravate serrée sur le col blanc immaculé, sous un costume gris irisé. "Bonsoir, mon prince charmant", dis-je. J'ai droit à un sourire radieux: "Bonsoir, Jeane chérie, qu'il m'est bon de revoir votre doux visage, à défaut de pouvoir vous offrir mes bras."

J'apprendrai que là-bas, il est le matin, et qu'elle ne dispose plus que de quelques minutes, avant de sauter dans un taxi et rejoindre l'usine, où doit se signer un contrat de cessation des hostilités qui, s'il est conclu, lui permettra de rentrer vite. Je comprends que nerveusement, ça doit être intense, que notre appel, même s'il ne dure pas longtemps, lui fait grand bien.

Je ne sais toujours pas en quoi il consiste précisément, son travail, je sais juste que je n'aimerais pas l'exercer, que je n'ai pas la force de caractère de mon Alyx, celle qui la pousse à agir 'en homme' dans un monde d'hommes, et à s'y faire respecter. Comme là, où elle règle un conflit dont j'ignore les tenants et aboutissants. Je sais que je suis de plus en plus fière d'elle. Fière, et admirative.

"Vous êtes en beauté ce soir, délicieuse Jeane, étiez-vous de sortie ?" Je lui explique que non, j'étais au contraire pressée de rentrer la retrouver, et qu'auparavant j'ai pris du temps afin d'être digne de me montrer à elle. Que c'est d'ailleurs pour ça que j'ai manqué ses appels, sans chercher à l'utiliser comme excuse. Mais elle ne m'en tient pas rigueur. "Je suis fort sensible tant au résultat qui vous sied à ravir, tendre Jeane, qu'à votre touchante démarche, néanmoins l'objet de mon plus bel intérêt se situe à l'intérieur de cet apparat, vous, ma chère Jeane." Une bouffée d'amour me saisit, je ferme les yeux et soupire. "Gardez cette pose un instant supplémentaire, je vous prie, Jeane…" J'entends un son …d'appareil photo, Alyx vient de me tirer le portrait à distance !

Je la complimente sur sa mise également, ce qui l'amuse. Puis elle s'immobilise, j'entends à nouveau le son d'appareil photo, et une fenêtre apparaît, son portrait en vignette avec la mention "Enregistré dans votre dossier 'Photos'." Je valide, je m'en occuperai plus tard. "Merci mon prince", dis-je.

Pour ce faire, j'ai manipulé le smartphone, et la caméra a filmé autour de moi. "Est-ce là votre intérieur ?", me demande Alyx. Je plaisante: "Oups, aurais-je trop baissé l'objectif ?" Nous rions. "Je ne sous-entendais que l'intérieur de votre appartement, adorable Jeane, non le vôtre dont je garde précieusement le troublant souvenir…" Je me sens allumée. D'autant que tenir le smartphone, bien que léger, à bout de bras, me le fatigue, involontairement l'image descend sur le décolleté de mon peignoir, ce qu'Alyx ne manque pas de noter. "Je ne suis vêtue que d'un peignoir", dis-je. "Mmmh !!", entends-je à l'autre bout.

Je lève l'appareil, tandis que de l'autre main je dénoue ma ceinture. "Délicieuse Jeane", dit le téléphone. Puis soudain, de nouveau le son d'appareil photo, au niveau de mon entrejambe. "Héé !" Elle se ravise: "Je l'efface, si vous vous sentez incommodée par mon outrecuidance…" Je lui propose de la remplacer par une photo posée, je place l'appareil à l'autre bout du canapé, et me penche tête en arrière sur mon accoudoir. "Magnifique, ne bougez plus, je vous prie !", et le son émis, s'affiche la vignette "Copié dans votre dossier 'Photos'." "Cliquez sur la vignette, vous verrez combien vous êtes photogénique", me souffle Alyx. Effectivement, je ne m'étais jamais vue sous cet angle, mais la prise est jolie !


Il est vrai qu'Alyx 'en homme' m'aide à me sentir moins en difficulté, à oser davantage, ça m'est plus 'naturel', en quelque sorte. "Pourtant vous savez désormais ce que cèle mon armure vestimentaire, ma chère Jeane, vous vous y êtes tendrement attardée…" Et je ne regrette aucunement notre intimité charnelle, j'ai simplement besoin d'encore quelques 'réglages', auxquels le temps pourvoira. Je suis triste d'ennuyer Alyx avec ça, néanmoins c'est encore elle qui s'en excusera.

Nous discuterons encore un peu, avant qu'elle ne soit obligée de mettre fin à ce moment tant espéré. Je conclurai par un: "Je vous aime, Alyx", auquel elle répondra par son: "Et je vous aime, Jeane", avec ce 'et' dans sa réponse, qui fait toute la différence.

"Connexion interrompue", affiche le smartphone, par dessus le papillon multicolore. Des larmes coulent sur mon visage, fichant en l'air mon maquillage. Mon Alyx doit être à la recherche d'un taxi, moi de démaquillant. Je range mon collier et mes boucles d'oreilles, et dans la salle de bain j'imbibe de lait parfumé un coton ovale.

Avant de m'endormir, allongée dans mon lit, je cherche comment l'on accède à ce fameux dossier 'Photos' du smartphone. Je tenterai demain soir de récupérer sur mon ordinateur les photos, aujourd'hui je m'endormirai sereine, après avoir longuement contemplé le portrait de mon Alyx en plein écran, sur le téléphone…

Le lendemain soir, en rentrant du boulot, je rallume le smartphone, et le connecte à mon ordinateur au moyen du câble de mon appareil photo. Après un moment durant lequel le système a fait le nécessaire, une fenêtre me demande de choisir entre les fonctions de stockage, de caméra, de modem, etc. Je valide 'stockage', et sur l'ordinateur s'ouvre le dossier racine de la mémoire du smartphone. Je développe toute l'arborescence, finis par découvrir ledit dossier 'Photos'. Je recopie dans l'ordinateur le sous-dossier portant la date de la veille, contenant nos trois clichés. Par curiosité je visionne le contenu des autres sous-dossiers, rien de 'compromettant', des photos de paysages, et de trucs 'techniques', sûrement prises pour son travail.

J'imprime en pleine page le portrait de mon Alyx, le détaille. Je mets au défi quiconque ne le sachant pas, de me déclarer avec certitude qu'Alyx n'est pas un homme !

Penser à acheter un sous-verre ou un cadre, pour ce portrait. »

-MyLzz59-