Mylène écrit (http://mylene-ecrit.blogspot.fr)
 ( MàJ: 02/01/2014 )


Ceci est un Blog par Mylène (MyLzz59)

Once Upon a Time... [Ch.05]


« Trois jours plus tard, tous se réunirent de nouveau au château, et assistèrent à quelques dizaines de mariages célébrés en chaîne, mais attendaient évidemment les deux derniers, et pour des raisons fort opposées ! L'on vit pleurer le prince, au supplice lorsqu'il parvint à murmurer un faible "Oui" face à son valet qui s'était affublé pour l'occasion d'un voile blanc et semblait content de lui…

Arriva alors le grand moment. L'orchestre joua une marche, et tous se retournèrent vers les portes qui s'ouvrirent en grand. Entra le cerf, apprêté, les bois ornés de rubans noués, avec sur son dos la belle princesse, qui avait insisté malgré les multiples tentatives du roi pour garder la robe confectionnée par ses amis de la forêt, qui fut juste blanchie et refleurie pour l'événement. Une couronne de fleurs blanches tressées ornait sa chevelure dorée. Au-dessus d'elle, les deux oiseaux volaient en rond, accompagnant l'orchestre de leurs plus beaux sifflements. Le cerf dépassa le roi, tourna sur lui-même afin de se placer à son côté, et la belle descendit, posant ses délicats pieds nus sur l'épais tapis déployé, sous les acclamations de l'assistance.

Tandis que les oiseaux se posèrent aux premières loges sur les bois du cerf, la jeune sorcière fit elle aussi son entrée. Elle arborait une robe blanche à fronces, qui contrastait avec ses bottes et sa cape noires. Elle était juchée sur son balai, pas vraiment à l'aise avec son manche entouré de rubans et cocardes. Lui aussi débarqua sa passagère, et se positionna debout sur ses branchages.

La jeune sorcière leva le bras en direction du front de la belle, et un murmure inquiet courut dans le public. En fait, elle fit apparaître une magnifique rose rouge avec sa tige comme si elle la sortait de la chevelure dorée, et la montra à tous. La belle la sentit, puis la jeune sorcière la tint devant elle, se mit à souffler sur la fleur, et une quantité démesurée de pétales s'envolèrent haut, se transformant en retombant en une poussière brillante, sous les applaudissements. Lorsque la fleur fut toute dépouillée, elle rompit la tige en plusieurs morceaux, proposa à la belle de souffler dessus à son tour, et de nombreux bourgeons s'y formèrent, qui devinrent autant de fleurettes blanches pour constituer le bouquet de mariée. "Est-ce que tu m'en apprendras un ou deux ?", demanda la belle.

Le roi se racla la gorge afin de réclamer l'attention, et se lança dans une longue tirade qui lui rappela le temps où il était encore dans la force de l'âge. L'on sentait bien qu'il s'appliquait à faire durer ce moment solennel qu'il savourait au plus haut point, après tout, il le méritait bien…

"Où sont les anneaux ?", conclut-il finalement. A ces mots, les deux oiseaux s'envolèrent, et vinrent lui déposer les alliances dans la main, puis reprirent leur place dans les bois du cerf. Il se racla de nouveau la gorge : "Ma chère fille, que la rupture d'un vilain sort nous a rendue, je suis heureux en ce jour de pouvoir te poser cette question rituelle, à savoir : acceptes-tu de prendre pour unique et légitime épouse damoiselle sorcière ci-présente, de l'aimer, la chérir, la soutenir, et subvenir à ses besoins, dans l'allégresse comme dans l'adversité, maintenant et pour toujours ?"

La belle adressa son plus doux regard à sa promise, et répondit: "Oh oui, je l'accepte !" Le roi posa à cette dernière la même question : "Damoiselle sorcière, que les mystères de l'amour ont conduite jusqu'à ma fille, je suis heureux de te demander la même chose : acceptes-tu de prendre pour unique et légitime euh… si, épouse aussi, ma fille ci-présente, de l'aimer, la chérir, la soutenir, et subvenir à ses besoins, dans l'allégresse comme dans l'adversité, maintenant et pour toujours ?"

Sa réponse fut davantage développée : "Le véritable amour est la seule chose qu'aucun sortilège ne peut ni créer ni détruire. Même si je suis une sorcière, issue d'une longue lignée de malfaisantes, je vous prie de croire que vous n'avez rien à craindre de moi. J'aimerais vraiment que vous ne voyiez et reteniez en moi que la femme qui éprouve à l'égard de votre fille le plus beau et le plus noble des sentiments." "Euh…", fit le roi. "Désolée. Bien évidemment oui, je l'accepte", conclut-elle avec un grand sourire.

Satisfait, le roi tendit les alliances, et les mariées s'échangèrent les vœux: "Je te remets cet anneau, rond et sans fin telle l'éternité, en gage de mon amour et de ma fidélité, maintenant et pour toujours"… Ceci fait, l'assistance laissa exploser sa joie.

Le roi se racla de nouveau la gorge : "Vous pouvez vous emb… Héé ! Vous auriez pu au moins attendre que je vous y invite !!" Mais il ne put garder son sérieux tant il était heureux. Les deux oiseaux reprirent leur danse en rond au-dessus des mariées, le cerf sautait tout autour de la salle, avec le balai tournoyant entre ses bois…

Un gros coup de trompette retentit dans la salle en liesse, c'était le roi qui s'en était saisi, manifestement seul à n'avoir point perdu de vue le dernier point de ces cérémonies très particulières ! Il se fraya un chemin parmi la foule, et revint près du couple. Il ôta sa couronne et, la tenant devant lui, parla comme s'il s'adressait à elle : "Mes chers sujets, voici donc arrivé l'instant où je vais accomplir mon dernier acte en tant que votre souverain. Cette couronne que vous avez depuis fort longtemps connue sur ma tête, il est grand temps que je la transmette. Il y a trois jours, se donnait ici-même le grand bal au cours duquel nous espérions tous, et moi le premier, voir mon fils, le prince, trouver celle qui serait devenue votre reine à la suite d'un somptueux mariage. Mais des événements bien inhabituels ont considérablement modifié ces projets, déjà en nous rendant mon autre enfant, ma fille, qui loin de nos mémoires a vécu au milieu des animaux de la forêt, puis en nous faisant célébrer il y a quelques instant son union avec …une damoiselle, sorcière de surcroît !"

Il poursuivit: "Toutes les conditions me semblent ainsi réunies pour que je cède enfin ma place, et prenne cette retraite à laquelle j'aspire depuis si longtemps. Certes, le temps nous a manqué, en ces trois jours, pour faire réaliser deux magnifiques couronnes sur mesure, non pas par la magie car je ne le souhaite pas, mais par nos meilleurs artisans. Aussi, ce sera symboliquement que je vais déposer celle-ci, en attendant." Il se tourna vers la belle : "Genou à terre, ma fille". Celle-ci s'exécuta, et pencha la tête. Le roi lui retira la couronne de fleurs tressées, et la remplaça par la sienne. Il lui tendit la main pour l'aider à se relever, et une fois debout la couronne, trop grande, glissa jusque sur le nez de la belle. Elle la repositionna, et la coinça dans ses cheveux, et riant. "Voici votre nouvelle reine !", dit le roi. "Longue vie à la reine !", cria l'assistance.

Puis il fit s'agenouiller la jeune sorcière : "Ma chère, je n'ai que cette couronne de fleurs à te déposer pour l'instant, mais la symbolique reste la même. Par ce geste je te proclame reine de ce royaume." Puis il l'aida à se relever, et la foule cria de nouveau : "Longue vie à la reine !"

Enfin, le désormais ex-roi rappela que tous étaient invités à revenir en ces lieux dès la tombée de la nuit pour assister, et participer, à un nouveau grand bal durant lequel, à défaut de banquet, les boissons couleraient à flots… Et il se dirigea vers les portes, suivi des mariées, du cerf, du balai, et des deux oiseaux, sous les applaudissements et quelques "Vive l'ancien roi", et "Vivent les reines".

Le bal se déroula sans le moindre imprévu, les reines furent reines de la piste de danse, et tournèrent enlacées jusque fort tard dans la nuit. La jeune sorcière épata l'assistance par quelque tour de temps à autre. Quand elles allèrent enfin se coucher, pour leur première nuit commune, à bout de forces, elles s'endormirent de suite, dans les bras l'une de l'autre.

Elles laissèrent passer la pleine lune, ce qui leur laissa suffisamment de jours pour régler les formalités liées à l'intendance du royaume, qu'elles confièrent comme convenu au prince. Puis un matin, dès le lever du jour, elles se mirent en route, la belle en amazone sur le cerf, la jeune sorcière sur un magnifique cheval sel et poivre, et pour clore le convoi le balai auquel était accroché un baluchon d'affaires diverses. Elles partaient en direction de la clairière…
»

Fin


-MyLzz59-

3 commentaires:

Stéphane a dit…

Voila une happy end comme je les aime!

(toujours pas de (pré/sur)nom pour ces personnages! c est devenu ta signature littéraire? ;-) )

Bisous miss...
un conte bien sympa!

Delph' a dit…

Mieux vaut tard que jalais ... j'ai fini de lire ta dernière histoire.

Et elles vécurent heureuses dans la clairière jusqu'à la fin des temps.

Bizzz

MyLzz59 a dit…

Re, Delph' :*

Rem: j'ai supprimé ton com' en doublon :)

Euh.. très certainement, même si je ne suis pas retournée les déranger depuis :D

Bisous z'aussi :*
-MyLzz59-