Mylène écrit (http://mylene-ecrit.blogspot.fr)
 ( MàJ: 02/01/2014 )


Ceci est un Blog par Mylène (MyLzz59)

Sable [Ch.04]

« Dans le fond, je me prends probablement le chou pour rien. Je veux juste ne pas lui faire de mal, même involontairement. Satisfaite, elle se remet en position assise. Comme elle, je regarde le mouvement des vagues, je fais le vide dans ma tête. Elle… Elle pose sa tête sur mon épaule ?? Je me fige. C'est de la folie. Je respire profondément, je tente de calmer mon rythme cardiaque. Elle interprète différemment mon comportement: "Ce doit être ça, le paradis. Le ciel tout bleu, un chaud soleil, du sable fin, le va-et-vient des vagues, et savoir que l'on a une amie." Je décide de me laisser aller, je penche ma tête contre la sienne. Je n'arrive pourtant pas à arrêter de cogiter. Je me concentre sur le bateau qui progresse placidement au loin. Comme lui je me laisse flotter. Mais ça ne fonctionne pas: j'ai la sensation de simplement ramer à contre-courant de moi. Je soupire. De nouveau elle se méprend: "Comme c'est reposant. Moi aussi j'aimerais que cet instant ne cesse jamais…"

Et si c'était elle qui avait raison ? Si elle venait m'apporter en toute simplicité la définition de la vraie vie, d'un bonheur qui s'est perdu dans les méandres de mes sournoises pensées ? Je me mets à l'envier, cette fille vit l'instant présent sans se laisser affecter de doutes existentiels inutiles. Et si je cessais de me faire de l'ombre, si je me baignais dans la lumière qu'elle m'envoie ainsi ? Des larmes montent, je ne maîtrise plus rien. L'une d'elles a dû couler sur elle. Elle redresse son visage, inquiète: "Vous pleurez ? Est-ce que… Est-ce que c'est à cause de moi ?" Ses yeux courent de l'un à l'autre des miens, à la recherche de réponse. Je lui fais une grimace censée correspondre à mon plus beau sourire. Je tente de recomposer ma voix: "Oui c'est à cause de vous. Ou plutôt grâce à vous. Et c'est une bonne chose. Vous m'avez fait comprendre à quel point je faisais fausse route. Je me doute que vous ne me comprendrez pas, mais vous venez de me rendre un si grand service…" Ca ne l'a pas vraiment convaincue, mais elle s'en contente. "Ne restez pas là à ressasser. Venez, on retourne à l'eau." Elle me tend la main, et je me surprends à la saisir le plus naturellement du monde. Que s'est-il passé en moi ? Nous courons dans les vagues, main dans la main, sans même nous préoccuper d'éventuels regards. Cette fille me fascine. Aurait-elle des pouvoirs, un peu comme une fée envoyée par le destin pour soulager nos âmes ? Amusée de ma réflexion si peu logique, je ris de bon cœur. Contente de me voir ainsi, elle rit pareillement. Je me sens capable de courir tout autour du continent, pourvu qu'elle ne me lâche pas la main. En cet instant, je ne la désire plus, c'est autre chose. Je veux juste continuer de faire corps avec elle, je l'embrasserais partout si j'étais sûre de ne pas lui faire de mal. Ce n'est pas sexuel, c'est une envie fusionnelle. Je suis simplement heureuse.

Nous sommes déjà arrivées loin, à la limite de la plage. Nous décidons de revenir à nos serviettes sur le sable, en marchant lentement. Je suis incapable de lâcher sa main, elle ne cherche pas à la retirer non plus. Je sais qu'ainsi je nous expose, c'est plus fort que moi. Mon oreille a capté un "gouines" d'origine indéterminée. Je pense qu'elle ne l'a pas entendu, ou alors l'a ignoré. Ce mot fait-il seulement partie de son vocabulaire ? Je sais, et me redis, que plus je mettrai de temps avant de lui parler, plus je nous mets en danger. Mais plus j'y réfléchis, moins je vois comment procéder.

Nous nous allongeons sur nos serviettes. Nos yeux regardent le ciel, mes pensées ne regardent rien. Je suis déjà en manque de la compagnie de cette fille, qui m'a en somme adoptée, j'ai conscience que sa présence à mes côtés n'est que très temporaire, et je ne sais comment la retenir, je ne devine même pas ce qui l'attire en moi. Mais elle est là, allongée si près de moi, et pourtant si loin. Son fonctionnement m'est si inconnu. Je repense à ses propos sur les garçons, l'idée qu'elle en a. Je pense à ce que je ressens pour elle, qu'elle interprèterait sans doute pareillement. Cette fille est une fée, et on ne s'éprend pas d'une fée…

"Je les envie…" Je tourne la tête vers elle: "Pardon ?" "Regardez ces oiseaux, là-haut. En cet instant ils sont libres. Ils jouent à se courser, et toute l'étendue du ciel leur appartient. Les humains s'imposent tant de contraintes, au point d'en oublier de vivre." Une idée saugrenue me traverse l'esprit: et si cette fille était réellement non humaine, si elle était vraiment une fée, ou un ange ? Je souris bêtement, machinalement. Elle pense que j'acquiesce. Sa main cherche la mienne, et la serre délicatement. Je n'ai aucune hésitation cette fois, aucun blocage. Je ferme les yeux, je profite de l'instant.
»

-MyLzz59-

9 commentaires:

Stéphane a dit…

"Je suis simplement heureuse."
amoureuse, nan?

;-)

MyLzz59 a dit…

:D

Là, en l'occurrence, oui "Je" l'est, mais comme "la fée", malgré un comportement ambigu, est hétérotte, "Je" n'ose se l'avouer :)

:* mon lecteur,
-MyLzz59-

Rem: tiens, tu t'essaies aux balises html ? :P

Stéphane a dit…

La fée est hétérotte...( c est une affirmation par défaut d information, non?)

pour les balises, j en connais trois, je n'irai pas bien loin! :D

MyLzz59 a dit…

Non, ça n'est pas par défaut, selon moi.. Dans le Ch2, elle est "intriguée" par la réponse de "je", et se met à parler de ..garçons :) , suivi d'un "je ne sais pas ce qui me pousse".

Dans le Ch3, "je" se rattrape de justesse (paragraphe 2), elle ne réagit pas à cela.

Puis "je" se fait traiter de "bizarre", et elle ne parle que de "compagnie".

Le baiser sur la joue ne l'a pas non plus alertée. Mais elle poursuit avec "votre amie".

Idem au Ch4: "savoir que l'on a une amie". Elle passe pourtant près de la vérité: "Vous pleurez ? Est-ce que… Est-ce que c'est à cause de moi ?", mais elle zappe..

Elles se tiennent par la main, mais rien ne prouve que ça ait une signification lesbienne, du moins pour "la fée".. qui ne réagit pas non plus à un propos proféré par un anonyme ("gouines").

Aussi, si je fais abstraction des chapitres suivants, tout laisse penser que "la fée" ignore même qu'il existe des filles qui aiment les filles :P

Voilou mon lecteur :*
-MyLzz59-

Delph' a dit…

Mon ressenti : la "fée" se pense certainement hétérotte et semble en effet ne pas savoir qu'une femme peut en aimer une autre. Mais pas sûre qu'elle ne se laisse pas envouter par le charme subtile de son "amie"

Je poursuit ma lecture retardataire.

MyLzz59 a dit…

Tiens, Delph' aurait-elle un léger faible pour "Je" ?? :D

:*,
-MyLzz59-

Delph' a dit…

Euh ... non, pas de penchant particulier pour "je" :D

Mais j'apprécie son naturel et j'adore ces appartés lol

MyLzz59 a dit…

Ca, "je" a l'air d'une dure, mais sous la carapace c'est une lez au coeur tendre.. ce qui ne l'empêche pas de penser :P

:*,
-MyLzz59-

Anonymous a dit…

J'aime beaucoup, c'est léger, et avec le temps pourri que l’on a dehors je me suis laissé dépayser… je m’attaque à la suite.