Mylène écrit (http://mylene-ecrit.blogspot.fr)
 ( MàJ: 02/01/2014 )


Ceci est un Blog par Mylène (MyLzz59)

Sable [Ch.12]

« Je lâche son menton et lui passe la main dans les cheveux. Elle reprend: "Je ressens le besoin irrépressible de me laisser aller à un acte complètement irresponsable. Tout ce que j'ose espérer, c'est que vous ne me repousserez pas, que vous me laisserez aller jusqu'au bout de mon geste, et qu'après vous ne me détesterez pas…" Elle baisse à nouveau les yeux. "Je ne m'imagine pas vous perdre à peine vous avoir rencontrée." Ses tremblements paraissent s'intensifier. Je ne comprends toujours pas ce qui la travaille à ce point. "Je ne vous vois pas capable de me faire du mal…" Sa réponse m'interrompt net: "Oh non !" Elle applique ses mains sur son visage. "Sûrement pas ça ! Jamais !" Je souris, rassurée, mais en avais-je besoin ? "Si je n'ai rien à craindre, laissez-vous donc aller." Que n'ai-je pas dit là, comme quoi on devrait toujours peser ses mots. Sans me laisser le temps de réaliser, elle m'empoigne la nuque et me fourre sa langue, en un baiser fougueux. Je suis tellement sidérée que je ne réagis même pas. Elle cesse brutalement, et se met à pleurer. "Le sort en est jeté. Je savais bien que je n'aurais pas dû…"

"Ca alors", dis-je, reprenant mes esprits. "Et moi qui ne voulais surtout pas y croire !" Elle me dévisage. Je la sens perdue. Elle finit par me demander: "Alors je ne vous dégoûte pas ?" Je ne puis m'empêcher d'éclater de rire, j'ai moi aussi besoin de libérer une tension accumulée. Elle rit aussi, sans savoir pourquoi. Je lui caresse la joue. Ses yeux m'interrogent. "Vous n'aviez réellement pas deviné ?" "Non, deviné quoi ? Qu'aurais-je dû…?" Elle est si mignonne, si… pure ! "Que je suis lez !" Elle écarquille les yeux. "Laize ? Je… Je ne comprends pas le sens de ce mot. Laize, vous dîtes ?" Elle ne se fiche même pas de moi. Mais d'où sort-elle ? Je hoche la tête. "Lez, c'est le diminutif de lesbienne." Son horizon semble s'éclairer. "Ah ouii ! Enfin non… J'aurais dû deviner que vous êtes grecque ? L'île de Lesbos, la ville de Mytilène, la poétesse Sappho… Mais ?"

Je rêve, là. Soudain elle fait le lien: "On prête à Sappho des aventures amoureuses avec les jeunes filles qui fréquentaient son école… D'accord, j'y suis ! Ce mot désigne aussi une femme…" Je termine sa phrase: "qui aime les femmes, exactement." "J'ai vraiment l'air idiote, là…" Je lui tends les bras. "Non." Elle se blottit contre moi, je caresse ses cheveux. "Dès le début, j'ai cherché à masquer mon attirance pour vous derrière notre amitié. Vous ne m'avez envoyé aucun signe, j'avais peur de vous choquer, ça me mettait mal à l'aise…" Elle semble tout d'abord pensive, puis me déclare: "Cela explique votre comportement bizarre, à plusieurs reprises ! Vous luttiez contre vous-même !" Là elle m'épate. "Mais vous l'avez toujours su ?" Moi: "Su quoi ?" "Que vous aimiez les… ?" J'ai dû ouvrir la bouche. "Parce que moi c'est la première fois. Je n'ai jamais rien ressenti de semblable auparavant. D'ailleurs je ne me sens toujours pas, à y réfléchir. C'est seulement vous." Je souris. "Vous serez indulgente, dîtes…" Je ne sais que répondre, je me contente de la serrer plus fort. "Chut, tout va bien. Je comprends vos craintes, elles sont légitimes. Essayez de vous détendre, tout ira bien. Je suis là…" "Je sais bien. Je vous fais entièrement confiance. Mais c'est si… Je ne sais pas…" Je pose mon doigt sur sa bouche: "Chut, tout va bien", redis-je. Elle ose un sourire. Je sais ce qu'elle traverse actuellement. Même si j'ai toujours su quel sexe j'aimais, j'ai vécu des craintes et des doutes semblables, au début. J'ai la responsabilité de la guider, et je ne compte pas faillir.

Elle se redresse, et plonge son regard dans le mien. "J'ai peur." Je réponds de la voix la plus douce: "c'est normal. Mais je suis là." Je sens son souffle s'accélérer. Nous restons un instant immobiles, et elle se jette de nouveau sur ma bouche. Cette fois je ne reste pas coite, je participe à l'en décoiffer. Je perçois les frissons qui lui parcourent le dos. Nos respirations sont bruyantes et rapides. La sienne se change progressivement en petits gémissements tandis que ses joues s'empourprent. Elle me mordille la lèvre. Je la retiens tandis que ses jambes flageolent. Elle se cramponne à moi, reprenant son souffle. Son visage a les couleurs de l'après effort. Je suis heureuse qu'elle se soit ainsi abandonnée. J'efface de ma main ses dernières craintes. Elle se met à sourire puis à rire. Elle est encore plus belle ainsi. Je l'aime, j'ose me l'avouer sans gêne.

"Je crois que je suis bonne pour un brin de nettoyage, moi", dit-elle malicieusement. "Je ferais bien une petite toilette aussi", réponds-je. Elle me propose de passer en premier sous la très rudimentaire douche qui, malgré son aspect peu engageant, régale d'une eau à température idéale. "Je ne serai pas longue", dis-je en me retournant vers la salle d'eau. Je tombe lentement mon chemisier puis ma jupe, que je positionne au mieux sur le dossier de la chaise, puis me baisse pour placer mes chaussures sous celle-ci avec une précision assez millimétrique. J'entends un petit cri de surprise lorsqu'elle découvre mon absence de sous-vêtement. Je souris intérieurement: à son tour ma fée me mate. Je me savonne rapidement mais énergiquement, et me rince. J'ouvre le panneau, elle est là, face à moi, et me tend une serviette. Elle me regardait au travers du panneau dépoli. J'attrape la serviette et lui dépose un bisou sur la bouche. "A votre tour." Elle me sourit, et s'exécute, déposant chacun de ses habits dans le panier à linge. "Installez-vous, j'arrive." Je pars m'essuyer dans la pièce principale, la laissant à son intimité. Je m'installe sur le bord du lit, meuble dominant, et feuillette la seule personnalisation de cette chambre, un magazine télé. Curieux, il n'y a pas de téléviseur ici, et apparemment rien qui puisse tenir ce rôle. Sans doute l'a-t-elle acheté pour les pages potins… Aucune information digne d'intérêt, juste quel "people" s'est envoyé qui, une pure perte de temps. Exactement ce qu'il me faut en attendant ma fée. Celle-ci a montré ses seins sur la plage, wouah, celui-ci a été aperçu tenant la main d'un gars. Pauvres arbres tombés pour rien…

Mon regard quitte le torchon pour deux jolis pieds dépassant d'un peignoir, ma fée est revenue. Elle s'attriste de ne m'avoir proposé de peignoir, je lui réponds que je me sens bien mieux ainsi. Elle me sourit timidement, puis ose faire de même. Je suis incapable de feindre une quelconque indifférence devant si charmant spectacle.
»

-MyLzz59-

7 commentaires:

Stéphane a dit…

Adoraable, elle est adorable cette fée!

elle est d une ingenuité...indescriptible! et d une érudition encyclopédique....
Mdr..."Laize" ben tiens,mais oui...c est bien le moment..."je" est en train de te proposer de poser du papier-peint!!! (un peu triste cette chambre, on va la refaire!!! :D et hop!)


bisous les filles! :*

Delph' a dit…

ohhhhhhhh c'est mimi :)

Ces doutes, ces peurs elles me parraissent tellement loin aujourdhui mais ne sont pourtant pas si anciennes.

Décidément, j'apprécie ta plume Mylzz ;)

MyLzz59 a dit…

Bisous vous deux :*

"Elle ne se fiche même pas de moi. Mais d'où sort-elle ?" => Même "Je" se le demande :P

" "je" est en train de te proposer de poser du papier-peint" :D :D ..ou p't'êt' de lui faire un p'tit rafraîchissement du hall d'entrée :P (tss.. moi..)

Ben vi, que celle (ou celui) qui n'a pas vécu de doute ou de peur la/les première(s) fois nous jette ..des bières ? :P

Tiens, ça pourrait être sympa, un OpenSubject "ma première fois" (et pas seulement "mon premier émoi homo") :) M'enfin, à condition qu'il y en ait qui se lancent.. :(

Merki pour ce compliment, Delph' :* Pour rappel (tu le sais probablement déjà), toutes mes histoires sont classées dans la rubrique °départs histoires ;)

-MyLzz59-

Delph' a dit…

"Pour rappel (tu le sais probablement déjà), toutes mes histoires sont classées dans la rubrique °départs histoires ;)"

Bien sur que je le sais , et si tu te souviens, je m'étais essayée à prendre ta suite sur l'une d'elle mais personne d'autres n'a suivi.

Stéphane a dit…

Delph', j ai honte, mais j'me souviens plus..:(
tu me le remémore?
:)
biiiiz.

MyLzz59 a dit…

Ben vi, c'était sur La Photo, mais faut avouer qu'il y avait un piège: à cette époque Delph' s'appelait encore Anonyme :P

Bisous vous deux :*
-MyLzz59-

Delph' a dit…

"à cette époque Delph' s'appelait encore Anonyme"

C'est pas faux, j'avais oublié ça