Epilogue 1
« La nuit a été presque blanche. Nous nous sommes prouvé notre sentiment mutuel de toutes les façons imaginables. Nous avons ri tous les trois de bon cœur lorsqu'au petit matin l'oncle nous a demandé, complice, si nous avions bien dormi. Brave homme, va. Après une douche commune, Magdalena et moi sommes allées "à la ville" chercher ma pièce. En route, nous avons quelque peu traîné. Au retour, j'ai acheté mes bouteilles d'arme chimique, à propos desquelles Magdalena m'a gentiment charriée. Elle m'a embrassée longuement pour se faire pardonner. Pendant qu'elle est allée installer la pièce sur ma voiture, j'ai discuté avec l'oncle. Il a refusé le dédommagement qu'il a lui-même proposé la veille. Moi je ne voulais surtout pas donner l'impression d'avoir monnayé en nature ma nuitée. Nous sommes tombés d'accord, je reviendrai avec un cadeau "de la ville".
Magdalena est allée faire le tour du village avec ma voiture pour la tester. A son retour j'ai dû lui confirmer ce dont elle se doutait, que je devais repartir. Elle me proposa de passer à la maison, et elle m'a préparé un copieux sandwich, que je n'ai touché que le soir. Puis je l'ai suivie en voiture jusqu'à l'embranchement d'autoroute, où nous nous sommes fait un long et déchirant câlin non pas d'adieu mais d'au revoir. Je lui ai laissé ma carte, avec au dos mon numéro personnel, et "A bientôt, je t'aime", et j'ai repris le volant. J'ai son numéro sur la facture. Je me suis arrêtée à la première aire, et j'ai fondu en larmes. Magdalena, je t'ai promis de revenir te chercher, dans une dizaine de jours, pour un long week-end ensemble, "à la ville". J'ai raté ma vente, le client a marchandé et j'avais la tête ailleurs, je n'ai pas obtenu le prix que je m'étais fixé.
Tous les soirs, Magdalena et moi nous parlions au téléphone. Parfois longuement, parfois quelques minutes, mais elles suffisaient à nous réconforter. Le week-end tant attendu venu, j'avais préparé une surprise à Magdalena: je l'ai emmenée dans une boutique de vêtements dans le but qu'elle "me" choisisse des tenues qu'elle porterait, "elle". Je les ai achetés, et nous sommes entrées chez un tailleur. Il a mesuré Magdalena sous toutes les coutures, et je lui ai laissé les vêtements: ma surprise c'est qu'il va en fabriquer dans le même esprit, mais à "sa" taille. Quand elle a réalisé ce que je tramais, Magdalena a fondu en larmes…
La découverte de la ville a émerveillé Magdalena. Je lui ai servi de guide. Puis nous nous sommes aimées. Longuement… »

Epilogue 2
« Déjà dix mois se sont écoulés depuis ce fameux jour. Dix mois, durant lesquels beaucoup de choses ont changé. En fait, tout à changé, excepté une chose: l'amour que nous nous portons, Magda et moi, et qui n'est pas près de s'éteindre ! Oui, nous sommes toujours ensemble, de plus en plus amoureuses, et nous envisageons prochainement de nous pacser, à défaut de mariage, pour notre premier anniversaire de rencontre. Magda est ravissante, ses cheveux ont poussé, et je prends plaisir à les lui tresser le matin, ce qui lui est plus pratique au travail. Elle ne s'habille désormais plus en homme, elle assume sa féminité. Je n'oublierai jamais ses larmes de bonheur lorsque pour la première fois, elle a passé la robe que je lui avais fait confectionner, pour sa première venue "à la ville", et qu'elle s'est vue habillée ainsi. Moi aussi, j'ai longuement pleuré dans ses bras, tant ce moment était charge en symbolique. Depuis, je lui offre régulièrement des tenues sur mesure, ou dénichées dans une boutique spécialisée en très grandes tailles, dont des bleus de travail cintrés qui mettent en valeur sa poitrine. C'est un budget conséquent, mais voir Magda, la femme de ma vie, aussi heureuse et épanouie, est pour moi sans égal.
Un peu plus tard, j'ai emmené Magda sans la prévenir, également pour un week-end, dans le cimetière où repose sa maman adoptive. En découvrant notre destination, en descendant de la voiture, Magda a failli s'évanouir. Heureusement il n'en a rien été, car j'aurais été bien incapable de la retenir ! Un petit coup de "potion magique" l'a retapée, j'en ai toujours une fiole dans la voiture. Elle est restée plus d'une heure, en pleurs, à genoux devant la tombe, et moi je lui caressais les cheveux… Puis nous avons nettoyé et refleuri la concession restée abandonnée depuis une décennie, avant de reprendre la route. Durant tout le trajet, Magda est restée silencieuse, ce n'est qu'arrivées qu'elle est sortie de son mutisme, et n'a fait que parler, raconter tous les souvenirs de sa maman, en serrant fort mes mains.
Nous avons multiplié les week-ends, quasiment tous étaient passés tantôt chez moi, "à la ville", tantôt chez elle, dans son village, et nous nous éclipsions pour d'amoureuses escapades. De ma vie d'avant je lui ai raconté l'essentiel, sans trop de détails. Car je ne suis plus cette femme-là. Depuis notre rencontre, j'ai totalement changé. Déjà, j'ai découvert l'envie d'être fidèle, je n'ai plus jamais ressenti le moindre désir pour quiconque autre que Magda. Pas le moindre coup de canif depuis, et il n'y en aura jamais. Je ne me croyais plus capable de fidélité, maintenant ça m'apparaît comme une évidence…
J'ai annoncé à mon ancien boss ma volonté de partir. Je savais qu'il préparait une charrette, j'ai demandé à en faire partie, à la place de Dumoudugland. Je n'avais plus l'envie de continuer, plus l'intention d'écraser fournisseurs et collègues, de plumer les clients. En quelque sorte, Magda m'a lavée de ce que j'étais. J'ai organisé un pot de départ, durant lequel j'ai annoncé à tous que c'était Dumoudugland que je désignais comme mon successeur, et tous ont ri à gorge déployée. Une dernière pour la route, quoi… J'ai aussi présenté Magda, en cela j'ai fait là mon premier coming out ! Elle m'a aidée à entasser dans la voiture, outre mes quelques affaires, les nombreux cadeaux que j'ai reçus.
Le garage "Chez Hercule" n'est plus. Nous avons tous trois déménagé pour une jolie villa proche de la mer. L'oncle a investi la dépendance attenante, où il s'est installé un atelier de bricolage. A quelques kilomètres de là, j'ai pris la gérance d'une concession multimarques, où je vends divers cabriolets, des "voitures du dimanche", comme dit Magda, qui continue son excellent travail de garagiste, avec l'oncle, à la concession. C'est elle qui a décidé, afin de ne plus se cacher, de se faire fabriquer des combinaisons de travail rose Barbie. Elle est craquante avec ça, Magda…
Nous avons baptisé la concession "For Girls". Le concept a de suite fonctionné, et même si la majorité des acheteurs est masculine, la part de filles qui viennent se faire plaisir (acheter une auto, je précise) augmente doucement. A aucun moment nous n'avons dissimulé être en couple, Magda et moi. Souvent, quand nous nous croisons sur la concession, nous nous échangeons un bisou certes chaste sur la bouche, public ou pas. Nous n'en avons pas perçu d'hostilité, ou presque. Dans les premiers temps, une bande de trois jeunes cons était entrée m'importuner, voulant "casser de la gouine", armés de battes en bois. M'entendant crier, Magda a accouru, et, voyant la scène, m'a dit froidement: "Sors et verrouille les portes, qu'ils ne s'échappent pas. Je ne voudrais pas en rater un". Ce que j'ai fait, et de dehors j'ai observé la scène. Magda s'est approchée du plus costaud des trois, lui a arraché sa batte, et l'a cassée sur son genou. Ils ont reculé, elle les a acculés dans un coin de la concession. Elle leur a seulement dit: "Demain je veux vous voir ici avec vos parents, pour rembourser les rétros que vous avez cassés. Maintenant partez, et ne recommencez jamais ça, je pourrais me fâcher". Ils ont répondu: "Oui m'dame", et ont détalé. Le lendemain ils revenaient payer les dégâts en s'excusant. Ce fut le seul incident du genre. Ca, faut pas l'emmerder, Magda. Elle est, comment dire… dissuasive !
Ce soir-là, son acte héroïque a allumé en moi un si intense désir que la nuit fut blanche et sportive. Je vous la raconterai peut-être une autre fois, je dois vous laisser, un couple de clientes potentielles s'approche de mon comptoir… »
Fin …pour de vrai, cette fois !
-MyLzz59-


Mylène (MyLzz59)
3 commentaires:
Bon et beau dénouement de cette histoire ... longue vie commune à la commerciale et à Magda :D
:)
L'épilogue 2 me parait plus abouti...(ça n engage que moi...;) ) c est donc celui que je préfère. :)
Incroyable revirement de la personnalité de notre "commerciale sans nom"...fort appréciable...
:*
Bisous vous deux :*
Ben vi, l'épilogue 2 traite d'une période plus longue que le premier, il y avait davantage à dire :P
Possible qu'on retrouve ce beau grand couple ultérieurement, je ne sais pas encore..
Mais je n'ai cessé de vous dire qu'à l'intérieur de cette commerciale il y avait un p'tit coeur qui bat :D
:* encore,
-MyLzz59-
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