Mylène écrit (http://mylene-ecrit.blogspot.fr)
 ( MàJ: 02/01/2014 )


Ceci est un Blog par Mylène (MyLzz59)

Un Couple Hétéro … [Ch.02]

… (presque) comme les autres…

« Retrouvons-nous environ huit ans plus tard pour une autre histoire, ailleurs. Une grande ville sans charme particulier, bien loin du village précédent, monotone, grise, morne, impersonnelle, une sorte de dortoir déserté le jour au profit des immeubles de bureaux environnants, à l'exception de quelques cabas à roulettes qui transitent d'échoppe en échoppe. C'est à la tombée de la nuit, lorsque la faune diurne a regagné sa tanière pour un souper devant quelque niaiserie télévisée et une vague galipette avant de s'endormir, qu'une ville dans la ville s'éveille, que les noctambules convergent vers divers lieux sujets à tous les clichés, tous les ragots, toutes les méprises.

Retrouvons-nous dans l'un de ces lieux que les bien-pensants nomment de "perdition" et nous de "permission", qui, si extérieurement il ne paie pas de mine, prend tout son éclat à peine le sas d'épais rideaux de velours aux couleurs sombres passé. Un lieu magique, sans doute un peu mystique, où se donne rendez-vous tout ce qu'il peut exister comme genres allant de l'homme à la femme, et comme orientations, où des créatures au physique plus très humain font preuve de tant d'humanité intérieure, où il est possible de juste venir déguster une tasse de thé dans la plus pure tradition, confortablement installé dans de moelleux canapés, que de s'occuper de manière bien plus adulte pour les plus timides dans de discrètes alcôves prévues à cet effet que sous le nez et le regard bienveillant de ceux venus juste déguster leur thé…

Appuyée contre le repose-fesse qui longe le mur, Malika, contrairement aux apparences, ne fait nullement tapisserie. Cette récente habituée des lieux est ce qu'il convient d'appeler une "plante vénéneuse". Elle est de contact agréable, a de la conversation mais préfère qu'on lui fasse la causette, et s'offre facilement, pourvu qu'on fasse preuve à son égard de classe, de gentillesse, et de générosité pécuniaire. Cependant gare à celui ou celle qui viendrait à s'amouracher d'elle, il ou elle en souffrira ! Car le cœur de Malika n'est pas disponible, il bat sans espoir pour une fille brutalement sortie de sa vie, cette fille qu'elle sait définitivement perdue et qui n'habite plus aujourd'hui que dans tous ses rêves, prenant différentes identités au gré des scénarios qu'elle s'invente…


(Buck Angel, acteur X)

La montagne de muscles blonde qui s'avance est aussi un habitué du lieu, cheveux mi-longs tenus par un bandeau sur le front, muscles saillants qu'un T-shirt élastique peine à contenir, pantacourt maintenu par une large ceinture à la boucle métallique imposante, et des chaussures qui jurent avec l'ensemble tant par leur inadéquation que par leur …petite pointure !

Impressionnée, Malika ne peut s'empêcher de l'apostropher tandis qu'il lui passe devant. Il se fige dans son pas, se retourne, revient à la hauteur de Malika, qui le parcourt de bas en haut. Le sourire qu'il lui adresse a quelque chose de juvénile, d'intrigant. "Salut beauté exotique", dit-il en plongeant son regard dans le sien. Mais soudain il ne sourit plus, le regard insistant qu'il lui décoche met Malika mal à l'aise, pourtant quelque chose en elle lui souffle de ne pas avoir peur. Ce regard insistant… s'éternise. Et aussi brusquement il lâche son regard et se met lui aussi à la détailler. "Ca alors", émet-il, "ça alors…" "Quoi ?", demande Malika, un peu perdue. Mais pour seule réponse il s'agenouille devant elle, et elle se surprend à ne rien tenter pour le repousser lorsqu'il lui dénude l'entrejambe avec délicatesse et dévoile son secret sans le moindre étonnement. Comment pouvait-il savoir ?? Malika n'aura pas le temps d'y songer, car déjà le gars lui a saisi l'extrémité du bout des lèvres, initiant chez elle le gonflement attendu. Elle décide de remettre à plus tard ses interrogations afin de profiter de l'instant présent, qui s'avère aussi agréable qu'impromptu !

Elle se concentre afin de faire durer ce moment, de retarder le déclic en elle, le sommet de la montagne qui l'amène aux cieux, mais la fera redescendre sur l'autre versant, en un mini mais furieux torrent… Le gars, lui, ne l'entend pas de cette oreille, et d'un mouvement régulier et appuyé combat les efforts de Malika, qui capitule, les doigts enfoncés dans le repose-fesse en un gémissement non retenu. Sa tête tourne, ses idées sont en désordre, pourquoi, comment, ce qui s'est passé ? Elle regarde le gars qui se relève et la fixe de nouveau, sans un mot. Il sourit, puis entrouvre la bouche. C'est en apercevant ce qu'elle contient, que Malika comprend enfin: "Gudrun ?"

Il a à peine le temps de hocher positivement de la tête qu'elle se jette sur sa bouche, trop heureuse de ce rêve devenu réalité, bien que dans son rêve… Accroché au cou de celle, enfin désormais de celui, que son cœur n'osait plus espérer, les vêtements encore défaits, genoux repliés, Malika s'évertue à rattraper un maximum de temps perdu.

"Je n'ai pas de chewing-gum", dit-elle. "Je n'en veux pas. Aujourd'hui je ne veux plus masquer le goût de nos retrouvailles", répond-il. "Gudr…", tente-t-elle, mais il l'interrompt: "Appelle-moi Björn, c'est plus approprié. Et toi ?" Elle sourit: "J'ai opté pour Malika…" Il répond à son sourire: "Fayçal, celui qui décide, a fait de toi une reine." "Ta reine, enfin si tu…" "Et comment donc !"

Est-ce leur baiser qui aura duré suffisamment longtemps, ou la facilité qu'a toujours eue Malika à récupérer, ou encore la joie qui l'inonde, qui l'aura remise d'équerre ? Ca n'aura pas échappé à Björn qui vient de l'empoigner par l'appendice, et l'entraîne vers l'une des salles libres, où il s'allonge, dégrafant sa ceinture, avouant sans un mot que lui non plus n'a pas achevé sa transformation. Un secret dans lequel Malika entre le sien pour une nouvelle séance de rattrapage du passé…

Björn pousse soudain un petit cri, Malika, se sentant proche du dénouement, vient de changer de cible, et effectivement peu après s'abandonne totalement… "Reste quelques instants encore", murmure Björn. Elle ne se fait pas prier, jusqu'à ce que mécaniquement ceci ne lui devienne impossible. Ils se dirigent alors tous deux vers les toilettes, comme une sorte d'entracte à cette merveilleuse nuit…

Ils émergent pratiquement ensemble de leur réduit respectif, et à peine se sont-ils retrouvés que Björn serre Malika dans ses bras. "Il faudrait que tu songes à me laisser souffler un peu entre deux", dit-elle. "N'y compte absolument pas", répond-il, "n'y compte plus jamais !" Mais déjà elle lui met l'index sur la bouche: "Chut, tu vas dire une bêtise". "Tu ne m'en empêcheras pas", poursuit-il. "Je sais déjà", conclut-elle, "moi aussi je…", avant de se pendre à son cou, les jambes autour du corps de Björn. Les fesses de Malika dans ses mains pour lui servir de soutien, il répond à ce fougueux baiser… De la musique douce l'inspire, il danse, enfin il tournoie, sans décoller Malika. Je crois même qu'ils ont fermé les yeux pour ne pas laisser s'échapper la magie du moment…

Quelques danses plus tard, Björn dépose Malika sur le coin d'un comptoir et commande un grand verre de cola, avec deux pailles. Puis il pose ses mains sur les genoux de Malika, s'y promène aussi précautionneusement que possible, mais son but se situe évidemment un peu plus haut. Elle n'est pas dupe, prend appui sur ses mains, le laisse lui ôter le bout de tissu qu'elle venait de rajuster peu avant, soupire hypocritement: "Encore ? Décidément…" Mais son sourire, et surtout sa rigidité rapide, attestent qu'elle ne demandait pas mieux ! Cependant, cette fois, Björn ne le saisit pas, il le taquine du bout de la langue, le regarde s'agiter, un vrai chat jouant avec une souris. Les expressions de Malika, les à-coups dans sa respiration, confirment qu'elle apprécie ce genre de taquineries. Et Björn est plus que ravi de les dispenser, et ne s'en prive pas, lapant au passage chaque goutte annonciatrice. Néanmoins il prend bien garde de laisser Malika monter en pression pour une dernière livraison de la soirée en apothéose.

Malika, quant à elle, commence à ressentir quelques douleurs intérieures, mais elle résiste de son mieux. "Björn, je…", parvient-elle à articuler à l'approche du moment critique, s'attendant à ce qu'il fonde sur elle, mais il n'en a pas l'intention, attrapant le verre de cola. Le contact des bulles de cola achève Malika, qui se mord la lèvre, tandis que le niveau du verre augmente quelque peu… Comprenant qu'elle a tout donné, Björn repose le verre, et galamment nettoie Malika, en proie à une absence temporaire due à son effort. Souffle court, elle sourit. Il fait de même. Il la serrera dans ses bras plus tard, dans l'immédiat il vaut mieux qu'elle reste assise sur le comptoir. Elle se tient aux cheveux de Björn, il veille à ce qu'elle ne tombe pas. Le verre attendra un peu…

Elle l'enlace, il la saisit, attrape le verre et les pailles, se dirige vers une banquette en angle. Posée sur ses genoux, accrochée à son cou, elle le dévore des yeux, d'un regard à moitié éteint par le sommeil qui la gagne. Lui, remue l'une des pailles dans le cola. Ils s'embrassent. Mollement. Le désir est là, mais le corps ne suit plus. Il plante la seconde paille dans le cola, approche le verre. Elle sourit. Il confirme. Malika s'escrime à saisir de ses lèvres une paille. Björn l'aide, et saisit l'autre paille. Leurs regards sont plongés l'un dans l'autre, tandis qu'ils sirotent ce cola chargé d'amour. Les yeux de Malika se ferment, son front repose sur celui de Björn, mais elle sirote toujours.

Le verre quasi vide, Björn le repose sur la table, et installe son amour contre lui. Elle plonge aussitôt, il ne tarde pas à s'assoupir également. Une serveuse les réveille un peu plus tard. Björn sourit de son déguisement minimaliste de chat, de petites oreilles dans la chevelure, sans doute un serre-tête, un masque sur les yeux et le nez, avec de longues moustaches raides, un col, des manchettes aux poignets et aux chevilles, des ballerines dont l'avant représente les griffes du félin, et surtout ce qui fascine Malika, une queue de chat émanant du postérieur non couvert de la fille, elle ne peut tenir en l'air que parce que son extrémité est plantée en elle ! La serveuse leur souffle élégamment qu'il est quatre heures du matin, que l'établissement va fermer. Ils caressent tous deux la chevelure et le dos de la féline qui débarrasse le verre, puis se dirigent vers les vestiaires. Peu après, ils sont dehors, bras dessus, bras dessous. Cette sieste ainsi que l'air de la nuit qui touche à sa fin ont requinqué Malika. Ils finiront la nuit chez Björn. "Dormir, on est bien d'accord ?", dit-elle en retenant un bâillement.

Il sourit. Ils sont heureux, ils se sont retrouvés. Ils ne se quitteront plus. Jamais plus.
Quand je vous disais que ces deux-là étaient faits l'un pour l'autre…
»

Fin

-MyLzz59-

2 commentaires:

Nida a dit…

Superbe histoire ou je dois avouez vu mon statut correspond à l'une des choses de la vie que j'aimerais bien vivre en partie. La rencontre d'une personne ayant marqué ma vie et la retrouvant quelques années plus tard transformé.

Mylène (MyLzz59) a dit…

Bonsoir, et bienvenue ici, Nida :)

Je suis particulièrement touchée par ton commentaire !
Puisse ton vœu se réaliser..

Bises, et à bientôt,
-MyLzz59-