Mylène écrit (http://mylene-ecrit.blogspot.fr)
 ( MàJ: 02/01/2014 )


Ceci est un Blog par Mylène (MyLzz59)

L'Improbable Vécu... [Ch.01]

<MESSAGE ORIGINEL>

Nouvelle Rubrique, dans laquelle vous pourrez suivre, sur plusieurs posts, des histoires signées MyLzz59.

La première, que j'ai commencé à écrire hier soir, navigue entre fiction et autobiographie. Les plus perspicaces tenteront probablement de détricoter le vrai et l'inventé, quoi qu'il en soit vous risquez d'en apprendre un peu plus sur moi ;-D

En espérant que vous apprécierez cette nouvelle rubrique,
-MyLzz59-


« Dans un monde dit "parallèle" au nôtre, en tout point semblable à celui que nous connaissons, mon Nord natal, enfin devrais-je dire le "parallèle" de mon Nord natal, n'a pas connu la même déchéance, cette longue agonie des Mines de charbon jusqu'à leur disparition définitive, comme ce fut le cas pour la sidérurgie ou le textile. Dans ce monde parallèle, ce Nord est toujours la première région productrice de France, non la première région en taux de chômage et de misère.

Dans ce Nord de plein emploi, truffé de Corons*, ces enfilades de maisons de fonction toutes semblables et identiquement alignées, que les Compagnies fournissent à leurs ouvriers afin qu'ils ne soient jamais loin de leur lieu de travail (francilien(ne)s, ça fait rêver, non?), ce plat Pays au relief si vallonné pourtant, avec ces montagnes d'un gris-noir qui finissent pas virer au vert quand Mère Nature reprend ses droits et recrée son écosystème, bâties entièrement par les Hommes, les Mineurs, ces montagnes que l'on appelle Terrils*, en fait des gros tas de cailloux et de tout ce qui a été remonté du Fond*, et qui n'est pas charbon. Ou plus précisément, les Terrils*, ou Crassiers* pour ces messieurs qui causent bien, renferment hélas quand même un peu de charbon, soit en poussières, soit résultant d'un mauvais Triage*, hélas parce que ce charbon résiduel qui maintient chaud le coeur des Terrils, maintient aussi la minime éventualité d'une explosion de Grisou*, de méthane, d'un pan de Terril*...

Dans ce Nord, enfin, des Gens qui savent vivre, vivre ensemble, profiter de chaque moment, chaque samedi, chaque dimanche, qui ne manquent jamais une occasion de faire la fête, ou juste de se retrouver entre amis, entre voisins, se retrouver parfois avec le premier venu, car l'Amitié, dans ce Nord, n'est pas un vain mot.

Toi qui passes, ne t'étonne pas si l'on t'y adresse la parole, t'invite à prendre part, à te rincer le gosier, comme si tu avais toujours fait partie de ce Pays, toi qui n'es en fait que de passage, qui ne connais personne, et que personne ne connaît encore, toi qui finiras par beugler plus que chanter au son du premier accordéon dégainé par untel ou untel, ce "piano du pauvre" qui rend les gens si riches au-dedans. En tout cas, la Corporation des Mines est ainsi, est-ce parce que chaque jour de travail est peut-être le dernier, si son tour vient, est ainsi programmé, qu'en embrassant femme et enfants, le Mineur sait que le risque de ne pas remonter vivant est là et bien là ? Car Mineur n'est pas un simple métier, c'est un engagement, une vocation, un sacerdoce, qu'on l'ait choisi ou pas. Etre Mineur, devenir Mineur, n'a pas l'allure d'une parenthèse dans une existence. Non, c'est chaque jour remettre sa vie entre les mains d'un aléa, entre ses propres mains et celles de tous les autres Mineurs, l'accident guettant au coin d'une galerie, d'une poche de Grisou*, d'un éboulement, d'une inondation due à une source souterraine, d'une asphyxie au Puteux* en cas de défaut d'Aérage*, la liste est longue.

Dans ce Nord parallèle, comme dans le nôtre, la Catastrophe de Courrières*, en 1906, toujours bien présente, ne nous le rappelle que trop. Courrières*, une tragédie, la plus importante tragédie, vit périr quelques onze cents Mineurs, à la suite d'une lampe d'éclairage à huile dont la flamme nue est entrée en contact avec une poche de Grisou*, le faisant exploser, et enflammant au passage les poussières de charbon résiduelles sur des kilomètres. Les premiers Mineurs furent soufflés par l'explosion, les autres brûlés comme dans un four, les derniers asphyxiés par l'absence d'oxygène, consommé par la combustion. Hélas aussi, bien que des efforts réels furent faits pour que ne se reproduise plus jamais pareille tragédie, Courrières* ne fut pas la dernière de l'Histoire. Dans notre monde, encore à l'heure actuelle, en Chine, en ex-URSS, en Afrique, régulièrement des explosions mortelles surviennent... souvent par négligence de la sécurité pour raisons de rentabilité. L'être humain n'apprendra-t-il donc jamais ?

Et pour nous recentrer, un Mineur qui atteint l'âge de la retraite vraiment méritée n'est pas pour autant tiré d'affaire, il sait que sa vie est forcément écourtée, amputée de nombreuses années qu'il aura sacrifiées, qu'il ne finira pas centenaire débordant de vigueur, mais plus probablement comme ces petits vieux qui n'en finissent plus de cracher leurs poumons, immobilisés dans leur fauteuil face à la fenêtre par le tuyau qui leur apporte encore un semblant de vie que leur distille la bouteille d'oxygène pur avec laquelle ils partiront un jour, prochainement... Maladies professionnelles, dit-on pudiquement, que l'encrassement des poumons par les poussières. Poussières de charbon, la Carbonose*, et surtout de cailloux, de silice, la Silicose*, qu'un néophyte confond immanquablement, mais aux effets bien différents. Si les deux obstruent les alvéoles des poumons, le charbon ne les détruit pas, et lorsque dans un crachat ce charbon est expulsé, l'alvéole ainsi débouchée peut reprendre une partie de son activité, alors que la silice pas grasse mais tranchante détruit irrémédiablement les alvéoles, condamnant le Mineur à une longue agonie par étouffement...

C'est dit, rangeons les mouchoirs.
»

La Suite dans le Chapitre 2..
-MyLzz59-

5 commentaires:

zeste de fille a dit…

wahou... y'a pas à dire, tu es douée pour raconter les choses... je m'en vais de ce pas lire le second épisode...

Anonyme a dit…

je suis toute frustrée, je veux la suite :)
karine alias picorette

Mylène (MyLzz59) a dit…

Ravie de te voir par ici, Picorette :*

La suite de ces 4 premiers chapitres, heu.. ben elle n'est toujours pas écrite. Peut-être un jour aurais-je l'envie de m'y recoller ? Je ne sais pas encore..

Mais il y a bien d'autres choses à lire, par ici, et la liste s'allonge régulièrement ;)

Bonne lecture, donc, ma chère Picorette :*
-MyLzz59-

Véronique a dit…

…et les pommiers qui ont poussé sur les terrils parce que les mineurs balançaient les trognons dans les wagons… :) 

Mylène (MyLzz59) a dit…

Mais l'écosystème qui s'est développé sur les terrils est loin de se limiter à un trognon ! ;)

-MyLzz59-