
Mais elle est loin de se douter de ce qu'elle va trouver sur le trottoir, comme vous le découvrirez à la lecture de cette histoire courte (en 1 chapitre) au titre curieux..

Poulette et Camionnette [Ch.01]
« Premier vendredi du mois, jour des encombrants. C'est fou ce que les gens jettent comme trucs encore tout à fait potables ! Nous sommes la veille au soir, et je circule avec ma vieille camionnette le long des rues, à la recherche essentiellement de meubles à retaper, même s'il m'arrive de charger d'autres choses, je marche au coup de cœur, comme dernièrement un magnifique boom-box, vous savez, un de ces postes de radio démesurés qui étaient à la mode il y a quelques décennies, juste un pet qu'il a dû prendre en tombant, mais il fonctionne parfaitement.
Je récupère des vieux meubles, armoires, buffets, tables, chaises et fauteuils, je les décape, les modifie parfois, les revernis ou les repeins au gré de mon inspiration, et les revends sur le net, en précisant bien leur provenance, je vends mon travail effectué dessus. Comme cette paire de fauteuils devenus de style Louis XXIX, je rigole, avec leur nouveau matelassage rococo et la peinture chromée de leurs boiseries… Ben si, ça se vend, et même bien, merci Valérie pour ton émission de déco !
Je laisse la ferraille aux ferrailleurs, et les frigos aux gitans, là je viens de charger des pneus quasi neufs, une table basse dont le socle est une paire de bergers couchés, j'aurais préféré une fifille mais dans le ramassage on ne passe pas commande…, et plus étonnant un juke-box encore rempli de vinyles ! Quand je vous disais que les gens jettent n'importe quoi…
J'habite un ancien garage, j'ai une belle surface d'atelier que j'ai divisée en deux, la partie "propre" où je stocke les meubles prêts à la vente, et la partie "crade" où je leur redonne une nouvelle jeunesse en vue de leur vie future. J'ai eu la camionnette avec le garage, elle est vieille, rustique, mais increvable. L'inconvénient, c'est que c'est pas avec ça que j'vais draguer la poulette, quoique c'est pas non plus avec ma salopette comme celle à Valérie ! Hé ouais…
Je m'arrête soudain, y'a un trésor qui m'attend sur le trottoir, un superbe vaisselier vitré, marqueté, ciselé et tout et tout. J'amène la camionnette au plus près, bascule la trappe arrière, sors les rails (c'est une camionnette de garagiste, je vous l'avais dit), et commence à débarrasser le vaisselier de tout ce qui est amovible, que j'emballe dans des couvertures de déménageurs. Mais au moment de manœuvrer le bestiau, j'ai beau avoir une carrure de bûcheronne, p… l'enfoiré qu'il est lourd !! Je parviens, en le faisant passer d'un pied à l'autre, à l'amener contre les rails, mais le charger dans la camionnette, c'est une autre affaire ! Dommage que le garagiste ne m'ait pas laissé le treuil…
Un p'tit coup de main ne serait pas de refus, mais vers dix heures du soir, à part d'un concurrent du ramassage, allez trouver de l'aide. De l'aide, coïncidence, on vient m'en demander. "Excusez-moi, madame, mais je…" "Bonsoir, dîtes toujours, si je peux vous dépanner…" Plutôt mignonne la poulette, elle sortait sa poubelle mais elle a oublié ses clés et avec ces serrures actuelles, la porte ayant claqué avec le courant d'air, elle s'est retrouvée enfermée dehors, en robe de chambre. Je ne suis pas de celles qui laisseraient ça sur le trottoir…
Elle habite au second étage, là où la porte-fenêtre est restée entrouverte, la seule pièce allumée. A cette heure-ci, c'est que les autres occupants sont absents, non endormis, elle a sonné un peu partout mais personne n'était là pour lui ouvrir. Je ne demande qu'à l'aider, mais comment ? Une vieille serrure, je sais l'ouvrir, mais un barillet pareil, je suis décoratrice de vieux meubles, pas cambrioleuse !
Je regarde le balcon… Mais oui ! Je propose un deal à la jolie poulette, si elle m'accompagne le temps de finir ma tournée, et m'aide à pousser ce foutu vaisselier dans la camionnette, je pourrai revenir avec une échelle, et elle, ainsi remonter chez elle depuis son balcon. Elle accepte l'offre, me trouve même "sympathique". Brave poulette…
Elle resserre sa robe de chambre, et nous nous mettons à l'œuvre. Le mastodonte bouge, il avance. Sous le poids, la camionnette s'abaisse un peu, et… Soudain le vaisselier se couche et soulève la poulette, qui pousse un petit cri de surprise. Nous nous regardons, et rigolons de concert. J'l'aime bien, c'te poulette, le courant passe pas mal entre nous, en tout honneur bien sûr, je ne suis pas venue pour ça non plus.
Je referme la trappe, et invite poulette à grimper dans l'habitacle. Jolies gambettes… Je reclaque la portière, et la rejoins. Je tourne la clé deux fois, je sais que la camionnette ne démarrera pas si je ne lui offre pas ses deux préchauffages. Le moteur se lance au quart de tour, en nous secouant. Ca la fait rire. "Elle doit être au moins du même âge que vous…" Elle se tait, réalisant la double interprétation possible de son propos. J'enfonce le clou: "Non mais dis donc, chuis pas si vieille que ça non plus !" Elle rougit, bafouille: "Pardon, c'est pas ce que je voulais dire…" Je rigole: "Je ne t'en veux pas, c'est vrai qu'on se ressemble, elle et moi, un fichu caractère, mais bonnes pâtes. Un brin rustiques, mais c'est du costaud." Elle sourit: "Je suis désolée". Je réponds malicieusement: "Moi c'est Béa, et je ne t'en voudrais pas de me tutoyer…" Marché conclu.
Vu sa tenue, je mets le chauffage, et machinalement rallume l'autoradio. Enfin, le bricolage que j'ai fait, vu que je n'ai pas eu le courage de découper la tôle pour remplacer ce vieux bidule à cassettes avec ses deux gros boutons. Il ne les lit plus, mais accepte un adaptateur en forme de cassette, au bout duquel j'ai scratché un baladeur MP3. M'en fiche, ça marche bien… Je m'arrêterai plusieurs fois, moteur tournant, ramasser quelques bricoles, laissant poulette au chaud avec la musique.
"Qui c'est, cette chanteuse ? C'est bien une femme, je ne me trompe pas ?", me demande-t-elle. "Tu aimes ?" "Oui, c'est agréable, des balades un peu country, jazzies…" "J'aime bien l'écouter dans la camionnette, je trouve que c'est le meilleur lieu pour sa musique, ça me transporte. Elle s'appelle k.d. lang, c'est tout simplement la butch la plus célèbre du monde…" Elle me regarde, étonnée: "La 'butch' ? Ca veut dire quoi ?" Ca m'apprendra… "Ben c'est des femmes qui cultivent un look plutôt masculin, comme moi, et…", dis-je, lâchant le volant pour toucher ma poitrine, dessus la salopette. "Une 'camionneuse', quoi ?" Elle percute vite, la poulette.
Je sens qu'elle me fixe. "Quoi ?" Elle paraît gênée. "Ben, qu'y a-t-il ?" Elle se décide: "C'est que j'écoutais les paroles… Quand je t'ai demandé si c'était bien une chanteuse, c'est que les paroles… Elles parlent de…" Je la coupe: "De son amour pour les femmes, bien vu. Si je ne me trompe, elle vient de se séparer après presque huit ans de vie commune…" "Mais, et toi, est-ce que tu… ?" J'esquive: "Je ne vis avec personne en ce moment." "C'est pas ce que je voulais dire, je te demandais, mais c'est peut-être personnel comme question, tu parlais de 'femmes comme toi'…" Je joue: "Et tu veux savoir si je ?" Elle hésite, je réponds à sa place: "La réponse est oui, moi aussi j'aime les femmes." Elle pousse un "Oh !" et s'en excuse aussitôt. M'amuse, la poulette. "C'est pas contagieux, ne t'en fais pas…" Elle me regarde, je commence à rire, elle me suit.
Alors que la camionnette file en direction de chez moi, elle reste silencieuse plusieurs minutes, sur fond de chanson de k.d. lang. Une de ses jambes sort de sa robe de chambre, elle passe son doigt sur son genou. Je tourne la tête vers elle, elle cesse son activité, et referme sa robe de chambre. Je m'étonne: "Relax poulette, je ne vais pas te sauter dessus, je suis un minimum civilisée !" Elle rougit, se confond en excuses, pour ce geste machinal qu'elle aurait tout autant eu face à un homme. "Je plaisantais", dis-je. "Pardon Béa", répète-t-elle encore. L'incident est clos.
"J'essayais de m'imaginer…" "Oui ?", dis-je. "Ce que tu pouvais bien penser, quand tu regardais ma jambe, tout à l'heure…" Allons bon. "D'après toi, je pensais quoi, alors ?" "J'en sais rien. Pour un homme, j'ai bien une idée assez claire, mais…" Je réponds: "Et si je te dis que je te trouve jolie, agréable à regarder ?" Elle rougit encore, l'éclairage public la trahit. Elle ressort sa jambe, mais tient le pan de sa robe de chambre: "Pas plus, sinon après…" Mmh ?? "Parce qu'après, c'est que je n'ai rien en dessous, je n'avais pas prévu de sortir…", ajoute-t-elle et écartant et refermant rapidement les pans. Taquine, je donne un petit coup de volant: "Tu veux me faire faire un accident, ou quoi ?" Je remarque qu'elle n'a pas compris qu'il s'agissait d'une boutade, aussi je le lui précise. Ca fait longtemps que je n'en suis plus à ma première chatte, même si la sienne est aussi mignonne que le reste d'elle.
Je fais craquer la marche arrière, et braque à fond. A l'approche, le lourd rideau métallique entame sa remontée. J'arrête la camionnette à moitié dehors, et descends. Poulette me rejoint alors que je sors les rails. Elle m'aide à extraire ce fichu âne mort de vaisselier, et tandis qu'elle se penche pour accompagner la descente des pieds, la robe de chambre s'entrouvre. "Jolie vue depuis ici", dis-je. Elle ne s'en offusque pas, cette fois: "Merci, tu es gentille." "Non, juste sincère." Elle me sourit et je finis de mettre debout le meuble. Puis je l'amène dans un coin, en le faisant pencher alternativement d'un pied sur l'autre, et retrouve poulette, grimpée dans la camionnette, qui me fait passer les autres affaires, enfin les plus légères. Je m'occuperai personnellement du juke-box.
Elle flashe sur une vieille radio à lampes, aussi je me dirige vers un des établis, vérifie le réglage de tension, lui fourre un bout de fil en guise d'antenne, et l'allume. Au bout de quelques instants l'œil de chat prend sa couleur verte, et en tournant la molette je tombe sur une station. Je débranche la radio, et la remets dans la camionnette: "Puisqu'elle te plaît, prends-la, elle marche." Elle en est ravie.
Je file chercher mon échelle télescopique. Avec ses quatre segments, elle grimpe à une quinzaine de mètres facilement, ça devrait suffire. J'attrape aussi une grosse corde, que je charge sur l'autre épaule. Poulette visite tranquillement la pièce des meubles finis, j'accroche l'échelle et la rejoins. "Tu as beaucoup de talent, c'est très joli. C'est ton métier, ou simplement un hobby ?" Ben non, j'arrive à en vivre. Pas richement, mais ça me suffit. "J'aimerais savoir bricoler. Pas forcément aussi bien que toi, Béa, mais ça doit être pratique, de savoir faire certains travaux…" Serait-ce une invitation ?
Nous remontons, je redémarre ma brave camionnette, le rideau redescend, et nous filons. Poulette remet en marche le baladeur MP3, afin que k.d. lang nous enchante à nouveau, puis se laisse glisser, déchaussée, les pieds posés sur la planche de bord. Une inquiétude soudaine lui vient: "Je suis désolée, j'aurais dû te demander, peut-être ne veux-tu pas que…" "Aucun souci, poulette, je ne peux rien refuser à une aussi jolie paire de jambes." J'aime quand elle rougit. "Tu as raison, pour la musique, elle accompagne parfaitement un trajet, je m'imagine bien, cheveux au vent, la décapotable filant sur les routes sans fin de là-bas…" C'est plus glamour que ma camionnette, j'admets volontiers. Machinalement, je mets le coude sur la portière. Tiens, poulette s'est endormie. Je resterai silencieuse jusque devant chez elle.
L'arrêt de la musique la réveille. Je positionne la camionnette devant chez poulette, facile, la seule pièce allumée. Je sors l'échelle, la plaque en bas contre la roue arrière, et commence à la déplier. Quand j'atteins le balcon, je sécurise avec le crochet anti redescente. Puis je me saisis de la corde, et monte l'enrouler autour de la rambarde, elle servira à me prémunir de toute chute de poulette, autour de la taille de laquelle je noue l'une des extrémités.
Elle monte sur les premiers barreaux, je me place au pied de l'échelle, enroule soigneusement la corde autour de moi. Elle me demande si je trouve la vue sympa, je lui confirme être aux premières loges, en dessous. Elle tortille du popotin en guise de réponse, tandis que je rembobine au fur et à mesure la corde. Elle enjambe la rambarde, dénoue la corde, et disparaît à l'intérieur. Je replie l'échelle et range mon matériel.
Sa porte d'entrée s'ouvre, elle réapparaît et reclaque derrière elle. "Tu veux refaire un tour d'échelle ?", dis-je. Elle rit, en me montrant ses clés, qu'elle enfourne dans sa poche. "Maintenant que tu sais où j'habite, j'espère que tu n'hésiteras pas à revenir me voir ! Mais pour ce soir…" "Ah oui, ta radio", fais-je, mais elle hoche négativement de la tête: "Attends, j'ai encore plus important." Je la fixe, surprise. "Je ne saurais assez te remercier pour le service que tu m'as rendu. Je te prie d'accepter cette façon…" Elle dénoue sa ceinture, laissant sa robe de chambre s'ouvrir sur son corps nu sans se préoccuper d'être dans la rue, heureusement déserte. Là c'est moi qui ai dû rougir: "Tu es sûre de vouloir ?" "Oui. Je veux te remercier, et au pire ça ne devrait pas être désagréable", me répond-elle en passant ses bras autour de mon cou. "Pardon si elles sont froides", dis-je en posant mes mains sur ses lobes fessiers, et mes lèvres sur les siennes. »
3 commentaires:
Si j'en crois le compteur de visites (et non celui des commentaires :( ) de chaque Histoire, il semblerait que le titre de celle-ci, "Poulette et Camionnette" ne laisse pas indifférent(e) :P
A propos, si les deux premiers sont évidents car nommés, qui parmi vous a trouvé à qui est adressé le troisième clin d’œil ? S'est-elle elle-même reconnue ?
-MyLzz59-
Un titre à la Cy Jung alors voilà on plonge ! jusqu’à la fin !
Bien vu, Véronique, le 3ème clin d’œil est bien Dame Cécyle :)
-MyLzz59-
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